Culture Bonnes feuilles

Mammeri dans la guerre

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Rubrique Culturelle Publié 22 Février 2021 à 21:10

© D.R
© D.R

L’épisode de la Guerre de libération constitue ce nœud (chedda) difficilement déliable pour toute une génération d’Algériens. Mammeri a été au centre de cette guerre, cette “révolution”, comme homme mais aussi comme romancier. Comme homme, il milita comme tout Algérien impliqué dans une lutte qui est celle de son peuple, de sa terre.

Profitant de sa position de romancier reconnu, il fit entendre la voix des Algériens opprimés au travers de lettres adressées à la délégation du FLN à l’ONU, dans lesquelles il dénonçait les pratiques des colonialistes français, lettres qu’il signait Kaddour. Dans le même temps, Mammeri mettait aussi sa plume au service de la révolution algérienne dans un des journaux de l’époque : “L’Espoir”.

Il travaillait alors pour le compte du FLN et signait les éditoriaux du pseudonyme Brahim Bouakkaz. Et là, Bouakkaz parlait de Kaddour en termes élogieux ! Ces documents sont publiés ici ainsi que le dossier que lui a consacré Les Lettres françaises et le texte envoyé à son ami Jean Sénac pour la revue Entretiens.

Mammeri écrivit un roman sur la guerre d’Algérie (L’Opium et le Bâton) dans lequel il se révèle lui-même en révélant des aspects, le plus souvent cachés, des événements. La guerre en exacerbant les tensions tant internes qu’externes montre l’absurdité des hommes. Mais par-delà la lutte de l’Algérie en guerre, Mammeri s’en va à la quête d’un autre paradis perdu. Comme Bachir Lazrak, il quitte El Biar pour Rabat, il quitte les Berbères de Kabylie, des camps de regroupement, pour rejoindre les Berbères libres du Moyen Atlas.

Il découvre les derniers chants d’espoir là où des tribus entières vivaient encore dans l’ancien système... Cette retraite pouvait certes panser les blessures encore fraîches de la guerre... mais elle redonna de la fraîcheur à l’auteur qui, aussitôt la guerre d’Algérie finie, resta sur le pied de guerre. Le nœud de la guerre était encore là, plus que jamais. La liberté avait seulement changé de main, elle lui était nouveau redistribuée parcimonieusement, cette fois par des frères.

Le désenchantement était incommensurable pour celui qui avait cru arracher une indépendance en alliant “la raison et la beauté”. Pour lui éviter de s’exprimer, d’énoncer seulement des faits, on dit de lui qu’il était de ceux qui avaient collaboré avec l’ennemi, que, comme Soustelle, il s’intéressait aussi aux Aztèques, voire aux Berbères, faisant mine d’oublier qu’il était lui-même aztèque, berbère, kurde... Mouloud Mammeri, l’amoureux de la justice, serait devenu partisan des faux-semblants, du mensonge, voire de la traîtrise.

 

(Pages 34-35). 

 

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