Résumé : Un matin, alors qu’elle était sur son balcon, Nedjma remarque au bas de l’immeuble une femme qui semblait s’intéresser à elle. Elle ne comprend rien à son manège, mais cette dernière finit par monter jusqu’à elle et à débiter des choses que Nedjma n’arrivait pas à assimiler. Elle demande à la femme les causes de ses provocations.
La femme me regarde droit dans les yeux :
- Je ne suis pas venue vous provoquer. Mais la réalité des choses impose parfois des réactions imprévues.
Je ne comprenais toujours pas. Ou est-ce mon cerveau qui refusait d’assimiler une réalité qui sautait aux yeux ?
Je me retourne vers ma mère, qui resserra son étreinte :
- Maman… Maman…
Ma mère s’interposa entre nous deux et demanda à la jeune femme :
- Qui êtes-vous donc, ma fille ?
La femme ébauche encore un sourire ironique :
- Bonne question. Qui je suis ? Vous ne le savez donc pas ? Ou bien avez-vous préféré jouer la comédie pour me dire que vous ignorez la vérité ?
- Non, ma fille, nous ne jouons pas la comédie. J’ai plutôt l’impression que c’est vous qui jouez cette comédie. Ni moi ni Nedjma ne comprenons ce que vous êtes en train de débiter.
La femme garde le silence une seconde, et ses yeux se mouillent. Elle titube et ma mère la retient de justesse :
- Doucement. Pourquoi vous mettez-vous dans cet état ?
La femme se mit à pleurer à chaudes larmes puis à sangloter. Ma mère la fit asseoir et alla lui chercher un grand verre d’eau.
Elle se mit à boire à petites gorgées, avant de prendre une longue aspiration. Elle paraissait plus calme, mais la tension qui régnait dans l’air était presque palpable.
Je m’approchai d’elle et demandai :
- Qui êtes vous donc ?
Elle soupira :
- Je vous l’ai déjà dit, ou presque. Enfin, je crois que vous avez compris que Mustapha et moi sommes mari et femme, et nous attendons notre troisième enfant.
C’était à mon tour de tituber.
Ma mère, qui ne m’avait pas quittée, me serra contre elle avant de
demander :
- Qui nous garantit que vous nous racontez la vérité ? Et puis, êtes-vous sûre qu’il s’agit de la même personne ? Ne serait-ce pas une simple erreur ? De nos jours, il y a tant d’homonymes.
La jeune femme lève une main
lasse :
- J’aurais voulu que ce soit le cas, croyez-moi. Hélas ! Non.
Mustapha T. C’est bel et bien de lui qu’il s’agit. Il est professeur de mathématiques dans un lycée, et ces derniers temps il s’absente fréquemment.
- Il travaille au Sud, lançais-je,
naïvement, comme si cette information pouvait mettre le holà à toutes mes appréhensions.
Elle se mit à rire :
- Il a travaillé au Sud effectivement durant quelques mois. Mais cela remonte à plus de deux années. Il avait juste remplacé un enseignant. Cela n’a pas duré longtemps.
- Mais non. Il... Il est au Sud en ce moment. Il prépare la prochaine rentrée.
La jeune femme me prit en pitié :
- Tout comme moi, il t’a raconté des bobards, ma chère amie.
Elle secoue la tête :
- Mustapha n’a plus remis les pieds au Sud depuis sa dernière mission qui remonte à plus de deux années. Mon Dieu ! Comme cet homme est perfide !
Elle passe une main sur son visage puis sur son ventre.
- Il est aussi d’un égoïsme incroyable. Il n’a pas pensé à cet enfant qui va naître…
(À SUIVRE)
Y. H.
[email protected]
Vos réactions et vos témoignages sont les bienvenus.