Des Gens et des Faits 49e partie

Les flammes de la passion

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Yasmina HANANE Publié 01 Mars 2021 à 21:34

Résumé Pour voir plus clair dans sa situation, Nedjma décide de consulter une avocate. Cette dernière lui révèle qu’elle pourrait déposer une plainte pour abus de confiance et abandon de foyer. La jeune femme repense à Nassima et à ses enfants. Va-t-elle en faire de même elle aussi ? Elle en doute fort. De retour à la maison, elle reçoit un coup de téléphone de Mustapha.

Je ne le laissai pas placer un mot. À chaque tentative de sa part, je reprenais mes remontrances. Je lui appris que je savais tout et qu’il devrait me rembourser l’intégralité de mes mensualités. Dans le cas contraire, je l’attaquerais en justice sans hésitation aucune.
Mustapha garda le silence.
Je repris mes remontrances et, dans mon élan, je prononçai le nom de Nassima. Au moment où je me rendis compte de ma gaffe, je constatai qu’il avait raccroché.
Que va-t-il se passer ? Mustapha a dû tout comprendre en entendant le nom de sa femme et, tel qu’elle me l’avait certifié, il n’allait pas y passer par quatre chemins pour lui faire passer un mauvais quart d’heure.
Je m’en voulus à cette pensée. 
Nassima allait m’en vouloir aussi et, pour le comble, je ne connaissais même pas son adresse.
Je passai de longues heures à méditer sur mon sort et le sien. Dans l’après-midi, mon téléphone se remit à sonner. C’était encore lui. 
- Elle a eu son compte, me lança-t-il, et avant que je n’aie pu placer un mot, il avait raccroché.
Je sentis une sueur froide suinter le long de mon dos. Cet homme était capable de tout. La phrase me trotta dans la tête.
J’ouvris la fenêtre de mon balcon et me penchai par-dessus la balustrade. Quelque chose me disait que mon mari n’était pas loin. En effet, je constatai qu’il se tenait à l’entrée de l’immeuble. Il leva la tête et me montra un couteau en désignant ses poignets. 
Avais-je saisi le message ? Va-t-il se couper les veines ?
Sans réfléchir, je tentai de l’en empêcher par des gestes apaisants. Je me penchai davantage pour lui faire des signes. Je vis des gens se précipiter vers lui. Quelqu’un demanda une ambulance. Mustapha s’était coupé les veines des deux poignets sans prendre en considération ni mes supplications ni mon affliction.
Une façon de tirer sa révérence sans rendre de compte à qui que ce soit. Je poussai un long cri avant de perdre connaissance, alors que j’étais penchée sur la balustrade. Ma mère accourut. Mais c’était trop tard. Mon corps voltigea un moment, avant d’atterrir sur le toit d’un véhicule, la tête la première. Dans mon élan, j’avais emporté un pot en poterie, dont les débris s’étaient profondément enfoncés dans mon visage. 
L’ambulance arriva à temps pour qu’on puisse me prodiguer les premiers soins. On emporta le corps de Mustapha à la morgue, et le mien au service des soins intensifs.
Je passai plusieurs jours dans un état comateux. Lorsqu’enfin je repris connaissance, on m’apprit que j’avais perdu le bébé dans ma chute et que maintenant que le danger semblait écarté, je pourrais toujours espérer avoir d’autres enfants. Ce qu’on ne m’avait pas appris à ce moment, c’était que mon visage n’avait plus rien d’attrayant. 
On m’installa dans une chambre isolée et durant de longues journées je ne pouvais ni bouger ni même respirer sans masque d’oxygène.
Tous les matins le médecin passait prendre de mes nouvelles et donnait des instructions pour qu’on me change les pansements et qu’on m’aide à reprendre mes réflexes.
Je sentis que les sutures de mon visage tiraient. Un jour, je demandai à une infirmière de me passer un miroir.
Je perçus tout de suite son hésitation. Elle argua qu’elle n’en possédait pas, mais qu’elle allait m’en procurer un à sa prochaine garde..
 

(À SUIVRE)
Y. H.

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