“On veut une institution spécialisée et composée de compétences”, a déclaré le SG du HCA, qui ne s’est pas empêché d’émettre des réserves sur la composante actuelle de cette académie.
Le président du Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), Si El-Hachemi Assad, a trouvé à redire, hier, à l’occasion du Forum du journal El Moudjahid, sur la composante de l’Académie algérienne de langue amazighe, mais aussi sur son action, la qualifiant d’institution “en jachère” depuis sa création.
“Cette académie est en jachère, et 2 ans après sa création, elle n’a ni vision ni action. Il est temps de la relancer”, a-t-il soutenu, en préconisant de renforcer cette académie, forte de 40 membres, en procédant à la nomination des 10 membres restants, mais, a-t-il conditionné, sur la base de critères rigoureux et scientifiques.
“On veut une institution spécialisée et composée de compétences”, a réclamé M. Assad, qui ne s’est pas empêché d’émettre des réserves sur la composante actuelle de cette académie. De son point de vue, le temps est venu de dresser le bilan du travail fait par cette institution, mais aussi d’autres, à l’image des 5 instituts de langue et de culture amazighes, du Centre national pédagogique et linguistique pour l'enseignement de tamazight (CNPLET), estimant qu’il y a un “dysfonctionnement” dans la gestion de certaines de ces institutions.
Concernant l’alphabet retenu pour l’écriture de la langue amazighe, le président du HCA n’y est pas allé par quatre chemins, assurant que son institution a décidé d’adopter les caractères latins pour des considérations “techniques” et dit “assumer ce choix éditorial stratégique”.
Pour autant, il n’est pas opposé à l’utilisation des autres graphies, à savoir le tifinagh et l’arabe “Pas d’exclusion dans notre vision.” “Il faut dépassionner cette question et mettre de côté l’idéologie. C’est une question éminemment technique. Il y a une production et un lectorat. Laissons les choses évoluer naturellement, et c’est le terrain qui va trancher”, a-t-il soutenu.
Concernant l’enseignement de tamazight à l’école, M. Assad voit d’un mauvais œil le fait qu’elle ait un aspect facultatif. “Toutes les matières sont obligatoires sauf tamazight. Jusqu’à quand ? On doit faire un effort pour trouver une formule à même d’aider au développement de tamazight qui n’est pas une langue de quelques régions seulement, mais de tout le monde”, a-t-il asséné, assurant qu’il y a une demande en Algérie pour l’apprentissage de cette langue.
Aussi, il a plaidé pour la révision de la loi sur l’orientation scolaire adoptée en 2008 et dont certaines dispositions sont, à ses yeux, “non conformes à certaines dispositions de la nouvelle Constitution”. “Nous avons saisi le Premier ministre sur cette question”, a-t-il dit.
Et une réunion de concertation a été tenue entre le HCA et le ministère de l’Éducation nationale pour la réactivation de la commission mixte qui serait installée fin octobre ou début novembre prochain. “Cet instrument existe depuis 2014. Il est temps qu’il y ait des passerelles car il est inadmissible qu’un secteur travaille en solo”, a-t-il soutenu.
Cela dit, M. Assad a salué les efforts consentis pour le développement de tamazight, notamment dans la formation des enseignants dont le nombre est passé de 233 en 1995 à 3 250 aujourd’hui, non sans concéder qu’“il y a des retards qu’on doit rattraper”.
Parlant des actions du HCA, M. Assad s’est longuement attardé sur le Carrefour national du livre amazigh qui se tiendra du 11 au 14 octobre à l’université de Béjaïa, sur la participation du HCA au prochain Sila avec 27 livres édités cette année, sur les festivités de Yennayer qui se tiendront à Tamanrasset et au cours desquelles sera décerné le prix du président de la République pour la littérature et la langue amazighes...
Arab C.