“Actuellement, 50% du personnel médical est hors service, en raison de l’infection à la Covid-19”, affirme le Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie.
La pandémie de coronavirus frappe fort. Jamais depuis son apparition, en 2019, le pays n’a fait face à une telle situation explosive, aggravée par une double courbe de contaminations aux variants Delta et Omicron. Si les derniers chiffres officiels font état de plus de 2 500 nouvelles infections en 24 heures, un record historique, la réalité est bien plus préoccupante. Selon les spécialistes de la santé, le nombre d’infections quotidiennes oscille actuellement entre 15 000 et 20 000 cas par jour, alors que le la quatrième vague de la Covid-19 n’a pas encore atteint son pic épidémiologique. Premier exposé à cette pandémie, le personnel médical est frappé de plein fouet. La moitié du personnel soignant des hôpitaux s’en trouve durement affecté. “Actuellement 50% du personnel médical est ‘hors service’ suite à des infections à la Covid-19”, affirme Pr Kamel Djenouhat, président de la Société algérienne d’immunologie. “Nous n’avons jamais connu cette situation”, ajoute-t-il pour Liberté.
Conséquence : les établissements de santé publique sont sous extrême tension, avec un personnel soignant amoindri et une gestion des plus difficiles. “Nous sommes en train de redoubler d’efforts pour assurer la prise en charge des malades. La gestion est très difficile en raison de la réduction des effectifs. Presque tous les services sont affectés par cette situation inédite. Ce n’est pas du tout évident”, déplore le Pr Djenouhat. Heureusement, le nombre d’hospitalisations ne suit pas l’explosion des cas de contamination enregistrés quotidiennement. “Heureusement que beaucoup de cas ne nécessitent pas une hospitalisation. Avec la prédominance du variant Omicron, la majorité des personnes infectées suivent leur traitement à domicile. Celasoulage un tant soit peu les structures hospitalières”, relativise encore le président de la Société algérienne d’immunologie.
En revanche, poursuit-il, l’épuisement des personnels de santé est bien une réalité : “Stress, grosse fatigue, tension, le personnel médical, au premier front dans la lutte contre cette pandémie, est littéralement au bord du burn out.” En début de semaine, c’est le Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP) qui est monté au créneau pour tirer la sonnette d’alarme sur la situation “extrêmement difficile dans les hôpitaux” et attirer l’attention de la tutelle sur l’“épuisement des praticiens de santé public”.
Le président du SNPSP, Lyès Merabet, a poussé un coup de gueule, en alertant sur les conséquences “graves” du recours “intensif” à la mobilisation des praticiens de santé publique depuis le début de la crise sanitaire. “C’en est trop”, a-t-il lâché, en décrivant une situation qui “devient intenable”. “Nous sommes dans une situation d’épuisement professionnel. C’est le burn out. Nous enregistrons des centaines de cas positifs parmi les praticiens de santé publique”, a-t-il déploré, ajoutant ne pas comprendre les décisions de la tutelle de mobiliser, jusqu’à l’épuisement, les praticiens du secteur public.
Une situation qui n’est pas près de s’améliorer avant quelques semaines, eu égard à l’explosion des cas de contamination, avec des records quotidiens. Il faut attendre encore trois semaines pour voir les choses s’améliorer et le personnel médical respirer. Pr Kamel Djenouhat, prédit, à ce propos, un retour à la normale vers la deuxième ou la troisième semaine du mois de février prochain. “Selon les données actuelles, avec la toute prochaine prédominance d’Omicron, un variant qui ne présente pas de sévérité particulière, nous pourrons espérer atteindre l’immunité collective vers la mi-février”, prédit le spécialiste.
Karim B.