“ Actuellement, le marché international des compétences, qui bénéficie aux puissances économiques et politiques, profite de la faiblesse et même de la marginalisation caractérisée de la matière grise dans des pays du Sud qui n’ont pas encore réglé politiquement la construction de l’État de droit.”
L’Algérie a saisi officiellement l’ONU, l’UA ainsi que plusieurs instances internationales sur la “gravité” de l’attaque marocaine, le 1er novembre, contre des camionneurs algériens innocents, alors qu'ils faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla.
“Jeudi, le ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger a adressé des messages à plusieurs organisations internationales, dont le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, ou encore le secrétaire général de la Ligue des États arabes, Ahmed Aboul Gheit”, rapporte l’APS, citant le ministère des Affaires étrangères.
Tout en qualifiant d’extrêmement grave l’acte “terroriste” perpétré par la monarchie marocaine, le chef de la diplomatie a fait savoir qu’“aucune circonstance ne saurait justifier cet acte”.
“La gravité extrême de l’acte de terrorisme d’État en question qu’aucune circonstance ne saurait justifier”, a écrit Ramtane Lamamra. Dans sa correspondance officielle, le ministre des Affaires étrangères a souligné que cet acte ignoble, en plus de constituer une fuite en avant du royaume chérifien, ne manque pas de menacer la sécurité et la stabilité de la région.
“L’emploi par l’État occupant d’un armement sophistiqué meurtrier pour entraver la libre circulation de véhicules commerciaux dans un espace territorial, sur lequel il n’a aucun droit, constitue un acte de fuite en avant porteur de risques imminents pour la sécurité et la stabilité au Sahara occidental et dans toute la région”, écrit encore Lamamra, en ajoutant, par ailleurs, le droit de l’Algérie d’assumer ses responsabilités notamment en ce qui concerne la “protection de ses ressortissants”.
Le chef de la diplomatie a fait savoir, dans ce cadre, “la volonté et la capacité de l’Algérie d’assumer ses responsabilités en matière de protection de ses ressortissants et de leurs biens en toutes circonstances”.
La classe politique indignée
Plusieurs partis politiques ont également réagi à l’attaque marocaine, qualifiant cet acte, pour le Front des forces socialistes, “d’atteinte à la sécurité nationale”.
“Le FFS note avec colère et indignation la multiplication des actes de provocation marocains contre notre pays. Car ce lâche assassinat, qui a coûté la vie à trois de nos paisibles compatriotes, intervient après une série de manœuvres visant notre sécurité et notre unité nationales”, indique un communiqué signé par Hakim Belahcel, membre de l’instance présidentielle du parti.
Il insiste sur le fait que “la souveraineté et l’intégrité territoriale de notre pays sont inviolables” et “réclame que toute la lumière soit faite sur ce dramatique incident qui risque d’exacerber les rapports déjà chaotiques entre les deux nations”.
Pour sa part, le parti du Front de libération nationale (FLN) a affirmé dans un communiqué “condamner vivement le lâche assassinat dont ont été victimes trois Algériens par les forces armées marocaines”, estimant que l'Algérie “est ciblée, de manière directe, à travers cette agression terroriste à laquelle se livre le régime du Makhzen sioniste haineux de l'Algérie, État et peuple”.
Le parti a affirmé que “cet acte criminel et les pratiques dangereuses et exécrables, auxquels se livre le régime du Maroc allié de l'entité sioniste, confirment que ce régime s'est bel et bien lancé dans son inimitié à l'égard de notre pays, à travers le soutien aux divisions et le financement des groupes séparatistes et terroristes en Algérie et enfin l'agression éhontée contre des citoyens algériens sans défense”.
La présidente du TAJ, Fatma-Zohra Zerouati, qui a animé, jeudi, un meeting électoral à Hassi El-Gara (El-Meniâa), a exprimé son “indignation” face cette agression et son “inquiétude” quant à l’évolution de la situation aux frontières sud/ouest du pays, rapporte l’APS. “Cette agression — lâche et hostile — doit nous faire oublier nos divergences et nous amener à nous unir autour de notre armée pour sauvegarder notre unité nationale et territoriale des convoitises des forces étrangères”, a soutenu Mme Zerouati.
Pour Jil Jadid, cet attentat, qui a visé trois routiers algériens, est “un acte de guerre”. Cet acte est d’une “extrême gravité, manifestant une agressivité irréfléchie de la part d’un voisin entraîné par sa volonté expansionniste”.
K. BENAMAR