La présidente de la Fahm exprime des craintes sur des effets indésirables graves du vaccin anticovid sur la santé, déjà fragile, des personnes atteintes d’un handicap moteur. Le professeur Belmihoub, médecin rééducateur, recommande, sans réserve, la vaccination.
“Je n’ai pas pu prendre la responsabilité d’initier une opération de vaccination en direction des personnes atteintes d’un handicap moteur”, reconnaît Mme Atika El-Mammeri, présidente de la Fédération algérienne des handicapés moteurs. Elle fonde son argumentation sur l’existence de complications courantes liées aux traumatismes médullaires (paraplégiques et tétraplégiques, à la poliomyélite, la sclérose en plaques et la myopathie).
Elle cite particulièrement un système respiratoire vulnérable. “Nous n’avons aucun renseignement fiable sur l’innocuité du vaccin anti-Covid sur cette population. Il y a peut-être des risques de complications non prévus”, relève-t-elle sceptique. Elle-même souffre d’une tétraplégie, depuis l’âge de 25 ans, après avoir été victime d’un grave accident de la circulation.
De santé fragile, elle prend des mesures drastiques pour ne point s’exposer au Sars-CoV-2. Elle ne se résigne, néanmoins, pas à s’inoculer le vaccin dont elle ne connaît pas clairement les effets sur des cas comme elle et aux adhérents de son organisation. Grand dilemme.
“ Il faut absolument agir en fonction des recommandations du médecin traitant”, suggère-t-elle. À ce propos, le professeur A. Belmihoub, chef de service de rééducation fonctionnelle à l’EHS Tixeraïne, est catégorique : il n’y a aucune contre-indication à la vaccination contre la Covid-19 de la population aux besoins spécifiques, qui n’est pas catégorisée, selon lui, dans une case particulière.
“Nous sommes à l’affût de la moindre étude publiée dans le monde. À ce jour, il n’y a eu aucune alerte ou recommandation spécifique aux paraplégiques et tétraplégiques. Les appréhensions des patients sont compréhensibles. Mais il faut prendre en compte l’avis des experts”, souligne-t-il.
Il affirme que le virus pourrait être fatal pour cette catégorie de citoyens, dont le pronostic vital est souvent engagé à cause des complications habituelles à leur état de santé. Pour mieux appuyer ses certitudes, il affirme que la vaccination contre le coronavirus est systématiquement proposée aux patients hospitalisés dans le service. Ceux qui y consentent sont soumis à un interrogatoire classique : recherche de contamination actuelle ou antérieure, contact potentiel avec des personnes infectées, mesure de la température et de la tension artérielle…
“Nous réfléchissons sérieusement à exiger, dans les mois à venir, un pass sanitaire avant toute hospitalisation, afin de protéger les malades déjà admis et le personnel soignant. Actuellement, un test antigénique ou un test PCR sont requis”, rapporte-t-il.
Le professeur Belmihoub et son équipe sont échaudés par une expérience récente. Le jour de son hospitalisation, un patient a présenté une PCR négative. Quelques jours plus tard, il a manifesté les symptômes courants d’une contamination par le coronavirus. Il a été confirmé positif. Puis il lui a été administré le traitement adapté et a été soumis à une claustration obligatoire à domicile. Les médecins, les auxiliaires de santé et les malades ayant été en contact avec lui sont sous surveillance.
Souhila H.