Baroudeur durant la guerre de Libération nationale et historien et chroniqueur des années une fois l’indépendance acquise, Djoudi Attoumi, qui fut le secrétaire particulier du colonel Amirouche, est décédé, hier, à l’âge de 83 ans des suites de complications pulmonaires dues à la Covid-19.
Avec sa disparition, c’est un immense chapitre de la mémoire révolutionnaire de la Wilaya III historique qui se referme. Contrairement à beaucoup, Djoudi Attoumi n’emporte pas avec lui les secrets d’une guerre atroce, ce natif de Sidi Aïch s’est consacré à raconter ce que fut la guerre de Libération nationale à travers de nombreux ouvrages qu’il a consacrés tout particulièrement à la Wilaya III.
Il a surtout consacré une partie de sa vie à raconter aux jeunes générations le combat héroïque de la jeunesse de Novembre. “Je ne pense pas qu’il ait fêté ses 18 ans en cette année 1956”, se souvient encore le capitaine de l’ALN, Si Meziane Asselate en se confiant à Liberté. Il avait été affecté directement au PC de la Wilaya III dans l’administration “pas dans les unités combattantes bien qu’il ait été un véritable maquisard du début jusqu’à la fin de la Révolution”, témoigne son compagnon de lutte.
C’est à ce titre qu’il a eu à travailler avec les responsables de la Wilaya III, dont son chef, le colonel Amirouche. Et c’est avec eux et en leur compagnie que le secrétaire de zone, sa fonction d’alors, se formera et se forgera une personnalité au niveau de la zone 2 dans la Wilaya III. Il est affecté dans la foulée à la région 4, qui va de la commune de Béjaïa jusqu’à l’Akfadou en passant par Aït Ouaghlis dont il est originaire.
En 1959, il sera muté dans la zone 4, à l’ouest de Tizi Ouzou, précisément à Draâ El-Mizan, à Bordj Menaïel, enchaîne Si Meziane. En 1961, promu officier par le colonel Mohand Oulhadj, il est affecté dans la vallée de la Soummam dévastée par l'opération Jumelles. Si Meziane confirme qu’El-Djoudi revient dans la zone 2 avec le grade d’aspirant, mais aussi de membre de la région 3 dans la Wilaya III. La région va d’El-Kseur jusqu’à Akbou en passant par Ighzer Amokrane.
Les membres de région, ajoute l’ancien capitaine de l’ALN dans la Wilaya III, avaient à leur tête Si Boualem Zane, assistés de deux aspirants dont Djoudi Attoumi. Selon d’autres témoignages, avec des officiers de l'ALN comme Aïssat Meziane, Zane Boualem, Benseghir Belkacem et Mezaoui Larbi, le défunt avai pour mission “de réorganiser la zone 3 durement éprouvée par les opérations Challe, d’'organiser des actions contre l'ennemi, de restructurer les maquis et la population, et surtout de remonter le moral des moudjahidine et des civils”, durement éprouvés.
En avril 1962, Attoumi est désigné membre de la commission compétente locale du cessez-le-feu pour veiller à l'application des Accords d'Évian pour les régions de Béjaïa, de Bordj Bou-Arréridj, de M’sila et de Bouira, a expliqué Si Meziane. Et comme le vaillant maquisard figurait parmi les rares révolutionnaires qui avaient fait des études, Djoudi Attoumi était tout naturellement désigné à cette tâche. “Ceux qui avaient fait des études n’étaient pas nombreux.
C’est à ce titre que Djoudi Attoumi avait été désigné à cette tâche - avec Larbi Mezaoui, Rachid Adjaoud, Amar Abassi et Boualem Hadj-Ali -, à savoir être les vis-à-vis des représentants français. Ainsi, lorsque des conflits survenaient, ils les réglaient”, se souvient encore Meziane Asselate.
Une fois l’indépendance acquise, Djoudi Attoumi poursuit le combat, celui de construction du pays. Il est nommé directeur de l'hôpital de Bouira et ensuite dans d'autres wilayas, puis élu président de l'APW de Béjaïa. En juin 1986, il prend sa retraite pour se consacrer à l'écriture de livres sur la Révolution algérienne.
C’est avec Le colonel Amirouche entre légende et histoire qu’il entame, en 2004, sa série d’ouvrages sur la Révolution et la Wilaya III. Il en écrit une douzaine au total, dont un qui fera date, puisqu'il rend hommage aux justes qui avaient servi, malgré eux, l’armée coloniale, sorti en 2002.
Il s’agit, en l’occurrence, de Les appelés du contingent, ces soldats qui ont dit non à la guerre, publié aux éditions L'Harmattan. Il aura été jusqu’au bout un maquisard sans dévier aucunement d’un engagement patriotique qu’il a pris, alors qu’il avait à peine 18 ans.
M. OUYOUGOUTE