La population de la wilaya de Béjaïa demeure toujours mobilisée derrière le mouvement populaire du 22 Février 2019. Hier, elle était à sa 125e marche du vendredi. Elle continue, vaille que vaille, à investir la rue chaque vendredi, avec une forte mobilisation, comme toutes les marches populaires précédentes.
Ni les arrestations ni la chaleur ne semblent avoir raison de la détermination des Béjaouis à poursuivre la mobilisation jusqu’au départ du système, comme l’ont si bien exprimé les milliers de manifestants à la marche d’hier dans la capitale des Hammadites.
Malgré un temps lourd et humide, ce sont des milliers de citoyens de tous âges qui ont battu le pavé dans les rues principales du chef-lieu de wilaya. Vers midi, les premiers manifestants affluaient déjà par groupes vers l’esplanade de la maison de la culture Taos Amrouche, point habituel de départ des marches du vendredi.
Certains arboraient le drapeau national et l’emblème amazigh, d’autres des pancartes sur lesquelles on pouvait lire les slogans traditionnels du mouvement et hostiles au pouvoir.
À 13h, la procession s’est ébranlée sous une chaleur torride et suffocante. “Pouvoir assassin”, “Nenad atsrouhem”, “Tilelli iy mehbas nerray” (liberté pour les détenus d’opinion), “Abane mouhendes taoura khela wsaya, mafiche hedra” (Abane architecte de la Révolution a laissé un message indiscutable), “Kabylie, zéro vote”, “Wiraki yal âadala, wirak yalqanoun” (Où es-tu justice, où es-tu loi), “Naâya si lbatel, système dégage” et “Y en a marre du pouvoir, système dégage” ont été les slogans les plus scandés par les manifestants sans répit.
Tout au long de l’itinéraire de la marche, les irréductibles du Hirak n’ont cessé de scander haut et fort les slogans hostiles au pouvoir. Après avoir, comme toutes les marches du vendredi, traversé la rue de la Liberté, arpenté le boulevard Amirouche, en passant par les rues du port et de la gare ferroviaire, les manifestants se sont dispersés au niveau d’El-Qods.
Cette nouvelle manifestation intervient alors que depuis quelque temps de nombreux manifestants commencent à s’interroger sur le devenir de leur mouvement.
De l’avis de nombre d’entre eux, le mouvement est appelé à se réinventer d’autres formes de lutte, d’autant que depuis près de deux mois, les marches ne se déroulent qu’en Kabylie où la population locale continue de les imposer chaque vendredi.
L. OUBIRA