L’écrivain et chroniqueur, Kamel Daoud, est le grand lauréat du Prix international de la laïcité. Lors de la 15e cérémonie de remise des Prix de la laïcité, organisée mercredi dernier, dans les salons de l’Hôtel de ville de Paris, l’auteur de Meursault, contre-enquête est revenu dans son discours sur le “sens d’un mot”. “Le sens d’un mot n’est jamais arrêté pour toujours. On le sait par les dictionnaires, mais aussi par nos vies, par nos savoirs et par nos enquêtes sur le pouvoir si mystérieux de la langue”, a-t-il précisé.
Ainsi, pour le mot laïcité, le journaliste explique qu’il “ne s’agit pas de séparer seulement l’Église de l’État, mais la liberté de la mort, la croyance de la vérité, le marchandage de la foi, la violence de l’acceptation, la tolérance de la ruse et le vivre du survivre”. “C’est que désormais, il nous faut redéfinir, vite, pour parer aux catastrophes, réapprendre le sens du mot et l’ouvrir à la conséquence de nos engagements et certitudes.” Tout en regrettant, à ce propos, qu’“on oublie, peut-être, que ce mot, ‘laïcité’, si simple, est aujourd’hui si chargé d’accaparations et de falsifications qu’on en néglige la vertu vigoureuse et la nécessité qui est la sienne, désormais universelle”. Selon le lauréat, “dans le monde dit ‘arabe’, ‘laïcité’ a mauvais sens. Voulu par l’adversité intolérante, les radicalités traîtres. Ce sont les intégrismes et les terrorismes qui le définissent, accaparent ce mot, dans leur sournoise conquête du réel”.
À cet effet, il estime que ce mot est à “défendre”, car “dans son sens essentiel, partagé, vécu, prouvé. Il dépend de l’histoire, mais aussi de chaque jour. (…) J’aime y mettre mon espoir de voir chacun poursuivre son chemin intime, dans sa liberté, sans imposer à l’autre la vérité qui n’est jamais humaine”.
Pour rappel, ce prix annuel organisé par le Comité Laïcité République depuis 2003 “vise à récompenser des personnalités qui, par leurs engagements en faveur de la laïcité, ont contribué activement à la défense et à la promotion de ce principe universel”, peut-on lire dans la présentation.
H. M.