Dans une lettre rendue publique hier, le militant politique Karim Tabbou a fustigé le président français, Emmanuel Macron, et s’en est pris au pouvoir algérien. Dans ce texte qui intervient après un silence de plusieurs mois auquel il s’est astreint, Karim Tabbou accuse le président français d’avoir “misé sur le bon cheval” pour contrecarrer une révolution populaire porteuse d’un projet authentiquement algérien et démocratique.
“Le calcul d’Emmanuel Macron est que son soutien au pouvoir d’Alger devait lui assurer un retour en matière de participation de l’armée algérienne dans les opérations militaires dans la région du Sahel, ainsi que dans la prise de mesures dissuasives et de lutte contre les flux migratoires”, écrit l’homme politique, une des figures importantes et les plus en vue du Hirak. “C’est ce choix qui aurait provoqué de la déception chez le président français”, précise Karim Tabbou. La déclaration d’Emmanuel Macron à propos de l’Algérie montre “le profond désarroi d’un homme qui, faute de gagner les grandes batailles, espère tout au moins gagner sa bataille électorale”, note encore l’ancien député du FFS, qui précise que “les changements géopolitiques rapides et l’intrusion d’autres puissances dans le Sahel ont provoqué un profond remodelage dans les rapports des États de la région”.
Karim Tabbou, dont c’est la seconde réaction à Macron, après la lettre de novembre 2020 dans laquelle il avait interpellé Emmanuel Macron après ses propos dans Jeune Afrique sur son soutien à Tebboune, fustige le fait que “ni la situation des droits de l’Homme ni les questions relatives aux libertés n’intéressent les autorités algériennes et françaises”. Il relève que “la France officielle continue de privilégier les intérêts économiques et l’Algérie officielle escompte des soutiens politiques”.
Taclant le président français qui s’est interrogé sur le passé de l’Algérie avant l’occupation française, Karim Tabbou rappelle que “l’actuelle Algérie est l’un des berceaux de l’humanité” et que “les Algériens, dans leur culture et leur organisation sociale, sont les héritiers d’une histoire millénaire”. “Malgré toutes les agressions et les spoliations subies, les Algériens ont refusé tous les arrimages occidentalistes et orientalistes, ils sont restés eux-mêmes, des résistants attachés à leur culture, à leur langue et à leur identité”, écrit l’ancien premier secrétaire national du FFS dont le procès en appel dans l’affaire de “l’atteinte au moral de l’armée” aura lieu le 11 octobre prochain.
Ali Boukhlef