Un mois après l’appel des historiens adressé au chef de l’Etat, dénonçant le verrouillage des archives, d’anciens cadres de la Direction générale des Archives nationales sortent de leur silence et témoignent d’une situation, pour le moins chaotique, prévalant au sein de la même structure.
Des archivistes en retraite, des universitaires et des professeurs d’archivistique ont appelé, hier, le président de la République à se pencher sur la situation “préoccupante” et “chaotique” qui prévaut au Centre des archives nationales lequel, décidément, ne cesse plus de faire parler de lui.
Dans une lettre ouverte parvenue à notre rédaction, les signataires de cet appel décrivent une gestion pour le moins dramatique de ce Centre “qui a perdu son identité et s’est détourné de ses missions”, écrivent les auteurs du document, dont Soufi Fouad, cadre de la Direction générale des Archives nationales, en retraite ; Rahal Abdelmadjid, cadre Dgan, retraité, documentaliste archiviste principal ; Ogbi Daouïa, cadre Dgan, retraitée, administrateur principal ; Krika Siham, retraitée, documentaliste archiviste principale ; et Chaïb Draâ Bentenbi, Terrar Abdelkrim, Amrani Lakhdar, Kadi Abdelkader, tous professeurs d’archivistique.
En plus de dénoncer le “verrouillage” relevé déjà par des historiens de renom, il y a tout juste un mois, les auteurs du document s’inquiètent de voir le Centre des Archives nationales se détourner complétement de ses missions. “Aujourd’hui, force est de constater qu’il existe un écart manifeste entre l’intérêt porté par les pouvoirs publics aux questions d’archives et de mémoire et la réalité de la situation des archives dans le pays”, déplorent-ils.Recul, dérives sans précédent, fractures, absence de politique archivistique, les signataires du document ne lésinent pas sur les mots pour décrire une situation qui, au final, “n’honore pas l’Algérie”, aussi bien sur la scène nationale qu’internationale.
Au cœur de cette situation désastreuse, un homme : Abdelmadjid Chikhi, à la tête du Centre national des Archives et également conseiller du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Un homme déjà sous les coups de la critique et désigné par plusieurs chercheurs et universitaires comme étant le premier responsable de cette situation. Sans le citer, les rédacteurs du document soutiennent que la situation des Archives nationales s’est “gravement détériorée” avec “l’actuel” responsable.
“En optant pour une politique de marginalisation, voire de purge des compétences, tant à la Dgan qu’au Centre, l’actuel responsable des Archives nationales a aggravé la fracture cognitive et fonctionnelle dans tous les domaines”, lit-on dans la lettre qui ajoute que “la Direction générale des Archives nationales (Dgan) poursuit de manière dramatique sa Grande Reculade”. “Nous témoignons que tout ce que les responsables des Archives nationales ont eu à réaliser, construire et gérer depuis 1963, dans des conditions autrement plus difficiles et avec des moyens humains, financiers et matériels beaucoup moins importants, a été méthodiquement démonté depuis 19 ans.”
Karim Benamar