
L’Algérie occupe la 146e place, parmi 180 pays, dans le classement annuel mondial de la liberté de la presse publié, hier, par l’ONG Reporters sans frontières (RSF).
Pour l’ONG, l’exercice du métier de journaliste en Algérie demeure soumis à des conditions très contraignantes comme l’“instrumentalisation de la justice” qui contribue, selon RSF, à réduire les journalistes critiques au silence.
La même situation prévaut dans les pays voisins et du Moyen-Orient qui font partie des 73% des 180 pays évalués et qui se caractérisent par des situations jugées “très graves”, “difficiles” ou “problématiques” pour la profession.
Hasard du calendrier, ce classement tombe, dans le cas de notre pays, un jour après la mise sous mandat de dépôt, lundi, du journaliste Rabah Karèche, correspondant de Liberté à Tamanrasset.
Avant Rabah Karèche, le journaliste Khaled Drareni (Casbah Tribune) a, lui aussi, fait les frais de ce qui semble exprimer, in fine, une tentation totalitaire du pouvoir en place. Il passera 11 moins derrière les barreaux, après avoir été arrêté, le 7 mars 2020, alors qu’il ne faisait que son travail, en assurant la couverture médiatique des manifestations du Hirak, à Alger.
Le journaliste avait été condamné en appel, le 15 septembre 2020, à 2 ans de prison ferme pour “incitation à attroupement non armé” et “atteinte à l’unité nationale”. Il sera libéré, le 19 février dernier.
C’est dire à quel point la menace pèse sur cette profession pour laquelle se sont sacrifiés, en payant de leur vie, des dizaines de journalistes en Algérie. Le contexte algérien décrit par RSF n’est pas totalement différent de la situation prévalant dans plusieurs pays de la région Maghreb et Moyen-Orient.
“Aucun changement majeur n’a été constaté dans la région du Moyen-Orient/Afrique du Nord (Mena), qui conserve la dernière place au classement.
En Algérie (146e) et au Maroc (136e, -3), une justice instrumentalisée contribue à réduire les journalistes critiques au silence, tandis qu’au Moyen-Orient, les pays les plus autoritaires, à savoir l’Arabie saoudite (170e), l’Egypte (166e) et la Syrie (173e, +1), ont renforcé leurs pratiques de musellement de la presse et réaffirmé leur monopole de l’information à la faveur de la crise sanitaire”, écrit l’ONG de défense des droits de l’Homme qui précise que dans cette région du monde, qui reste la plus dure et la plus dangereuse pour les journalistes, “la pandémie de Covid-19 n’aura fait qu’exacerber les maux d’une presse déjà à l’agonie”.
Dans le monde, les pays nordiques arrivent en tête du classement de RSF. La Norvège, la Finlande, la Suède sont respectivement les trois premiers pays où les conditions sont très bonnes pour l’exercice de la fonction de journaliste. Elles sont suivies du Danemark (4e) du Costa Rica (5e) place.
En Afrique, la Namibie (24e mondial) occupe la première place, suivie du Cap-Vert (2e, 27e mondial) et le Ghana (3e, 30e mondial). Dans le monde arabe, la Tunisie (73e mondial) occupe la première place, alors que les autres pays sont tous classés dans la zone rouge. Le Turkménistan (178e), la Corée du Nord (179e) et l’Érythrée (180e) ferment le classement.
Karim BENAMAR