A cinq semaines des éléctions locales, des partis politiques s’inquiètent du traitement réservé aux listes de candidature qui subissent un “nettoyage” en règle. Ils dénoncent un “traitement sécuritaire” et s’interrogent sur le silence assordissant de l’Inastance nationale indépendante des élections.
Alors que des partis s’élèvent énergiquement contre le traitement réservé - rejets en cascade - à leurs listes de candidature pour les élections locales, l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) brille par son silence.
À cinq semaines de la tenue du scrutin, les listes des candidatures de plusieurs formations politiques sont soumises à un “nettoyage” inédit. Certains leaders politiques n’hésitent pas à dénoncer un “traitement sécuritaire” de l’opération.
Depuis son installation à la tête de l’Anie, Mohamed Charfi a fait de la “protection des voix” des électeurs un sacerdoce. Pour prouver sa bonne foi, il clamait que l’Anie était indépendante du pouvoir exécutif.
Pour convaincre du bien-fondé de sa démarche, il s’est souvent appuyé sur les promesses du chef de l’État qui a promis l’organisation d’élections qui répondent aux critères démocratiques.
Charfi rappelle dans ses sorties médiatiques que contrairement à ce qui se faisait avant, le processus d’organisation des élections était totalement indépendant de l’administration et du pouvoir politique. Pourtant, ce discours est souvent remis en cause.
Si les candidats à l’élection présidentielle de décembre 2019 ont tous accepté les résultats, les dénonciations de l’Anie ont commencé avec la campagne pour le référendum de novembre 2020. Beaucoup de partis politiques, notamment ceux de la tendance islamiste qui avaient décidé d’appeler à voter contre le texte proposé par le pouvoir, avaient été privés de salles et des médias officiels.
Leurs demandes d’organiser des meetings ont été systématiquement rejetées par l’administration. Interrogés, des responsables de l’Anie avaient promis que ces irrégularités allaient figurer “dans le rapport final” qui allait être transmis au chef de l’État, donc bien après la tenue du scrutin.
Même durant les législatives de juin dernier, beaucoup de partis politiques et des listes indépendantes avaient dénoncé des irrégularités et même des actes de fraude au niveau local. L’Anie n’avait pas donné suite, tout comme elle a renvoyé tout le monde à la loi électorale lorsqu’il s’agissait de dénoncer les critères du refus des candidats au scrutin législatif.
Beaucoup d’acteurs avaient, en effet, mis en cause un article de la loi qui permet aux démembrements locaux de l’Anie d’exclure un prétendant sur la base de simples présomptions d’appartenir à “la îssaba”.
Les témoignages qui proviennent de certains partis politiques engagés dans la course aux élections locales confirment ces soupçons : sur de simples rapports sécuritaires, des candidats sont retirés de certaines listes.
Et les recours introduits devant le Conseil d’État ne changent pas grand-chose, puisque les juges ne disposent pas de suffisamment d’informations leur permettant de contredire la sentence des services de sécurité.
Face à ces attaques, l’Anie est pour l’instant aux abonnés absents. Nos tentatives de contacter ses dirigeants sont vaines.
Un silence troublant qui valide les accusations de certains partis politiques qui dénoncent publiquement la thèse du manque d’indépendance de l’instance que préside Mohamed Charfi. Le MSP évoquait, par exemple, clairement “l’existence de pratiques autoritaires venues d’en haut, qui n’existent dans aucun texte de loi”.
Ali BOUKHLEF