Le Hirak a entamé sa troisième année avec force et vigueur comme l'attestent les grandes mobilisations populaires d'hier. Dans les principales villes du pays, à commencer par la capitale, les Algériens sont sortis par dizaines de milliers en brandissant l'étendard du changement.
Il est 13h45. Bab El-Oued. Un vieil homme brandit une pancarte sur laquelle on peut lire “Hirak, acte 106 : la confirmation”. Le mot d’ordre est ainsi donné, et la procession qui se forme peut avancer vers la citadelle du Hirak, la Grande-Poste d’Alger. Le mouvement populaire aura passé le dur test de la reprise.
Les milliers de personnes qui ont battu le pavé, hier, dans la capitale ont redonné vie au mouvement, né il y a un peu plus de deux ans. Il confirme son existence et son maintien, même si le topo a été donné lors de la célébration du second anniversaire du mouvement, quelques jours seulement avant ce 106e vendredi de manifestation populaire.
De Bab El-Oued, la procession humaine se dirige vers la rue Asselah-Hocine en empruntant le boulevard Abane-Ramdane. Sur l’autre côté, un autre groupe de jeunes bifurquait par la rue Zighoud-Youcef pour se retrouver à proximité de l’ex-hôtel Aletti à la rue Asselah-Hocine.
Face au dispositif policier renforcé qui a tenté d’empêcher la jonction entre les deux groupes, la tentative s’est avérée un échec. Les deux groupes de manifestants se sont retrouvés pour continuer à scander leurs slogans habituels. “État civil et non militaire”, “Casbah-Bab El-Oued, Imazighen”, “Indépendance”…
Du côté de la rue Didouche-Mourad et de la place Audin, en passant par la Grande-Poste qui a été complétement quadrillée par la police, une autre marée humaine avançait au fur et à mesure que les carrés se formaient à l’arrivée des manifestants venus de la rue Hassiba-Ben Bouali.
Sur place, d’autres slogans sont scandés. “Algérie libre et démocratique”, “À bas la presse du système”, “Nous sommes les enfants d’Amirouche, nous ne reculerons jamais”, ou alors “Nous sommes de retour”.
Une heure à peine après le début de la manifestation, les rues de la capitale sont submergées de monde. Il était même difficile de se déplacer tant l’affluence était importante rappelant celle des premières semaines du soulèvement.
“Ils ont fermé tous les accès à la ville, et malgré cela, nous sommes au rendez-vous”, a lâché une vieille femme qui a préféré rester à l’entrée d’un bâtiment à la rue Didouche-Mourad.
Moins de pancartes, moins de drapeaux, y compris le drapeau national, la crainte d’une répression s’était vite dissipée devant la détermination de milliers de personnes à marquer le premier vendredi de l’acte III du mouvement.
Au milieu de la foule, l’on apprenait que plusieurs jeunes, connus pour leur adhésion au mouvement, ont été arrêtés. Difficile de confirmer ou d’infirmer l’information. Contrairement aux manifestations habituelles, celle d’hier a duré jusqu’à 18h. les rues de la capitale n’ont pas désempli. Après 18h, des centaines de personnes occupaient encore la rue.
“N’oubliez surtout pas que nous avons rendez-vous vendredi prochain !”, criait une jeune fille à la place Audin, insistant sur la nécessité d’être muni, en plus de ce qu’elle a appelé “l’endurance” pour maintenir les marches, “d’un masque de protection”.
Mohamed MOULOUDJ