
C’est la première fois depuis plus de 20 ans que l’ensemble des partis de la mouvance démocratique prennent la décision de boycotter un scrutin national.
Après des semaines de suspense, de débats parfois chauds et de tiraillements, le Front des forces socialistes s’est résolu à rejoindre les rangs des partis qui feront l’impasse sur les élections législatives du 12 juin prochain. La décision du FFS de ne pas prendre part au scrutin législatif risque de gêner les plans du pouvoir qui tablait fortement sur une présence du parti cher à Hocine Aït Ahmed à ce rendez-vous électoral.
La première implication de la décision prise par les instances du parti est donc d’abord politique. Surtout venant d’une formation qui a son poids sur la scène nationale. Elle contraindra sans nul doute les promoteurs de la feuille de route actuelle à revoir leurs ambitions à la baisse, ne serait-ce que sur le plan de la participation.
Car dans sa quête de faire adhérer le doyen des partis de l’opposition à son agenda politique, le pouvoir espérait obtenir un taux de participation minimal en Kabylie, où le taux de votation lors des deux derniers scrutins était nul. Le scénario a, visiblement, échoué lamentablement devant l’intransigeance de la base militante du FFS qui a pesé de tout son poids pour infléchir une tendance à la participation qui a commencé à se dessiner au sein de l’appareil du parti.
Les membres du conseil national du FFS ont rejeté ce qui semblait être un compromis trouvé entre une partie de la direction du parti et le pouvoir politique. Ce choix, arraché après d’âpres débats, annihilera tout espoir de porter à la hausse, ne serait-ce que de quelques points, le taux de participation au scrutin législatif. “(…) Ce parti vient de démontrer que le destin du pays est plus important pour lui que des sièges dans le Parlement du régime !”, a commenté le politologue Mohamed Hennad.
Plus direct, l’ancien premier secrétaire national du FFS, Ahmed Betatache, estime, quant à lui, que l’éventualité d’une forte abstention en Kabylie aura des conséquences “incalculables sur l’unité et la cohésion de la nation si le pouvoir s’obstine à imposer ce carnaval électoral”.
En plus du fort taux d’abstention qu’elle provoquera notamment en Kabylie, l’absence du FFS lors des élections de juin prochain créera une situation politique inédite. C’est la première fois depuis plus de 20 ans que l’ensemble des partis de la mouvance démocratique prennent la décision de boycotter un scrutin national.
Le FFS rejoindra ainsi le RCD, l’UCP, le PT, le MDS et d’autres partis politiques de cette mouvance. Seul Jil Jadid participera au scrutin dans lequel les islamistes et les traditionnels alliés du régime vont s’affronter. Sur le plan interne au FFS, cette position a permis au parti d’éviter une nouvelle fracture. “C’est une décision qui prouve qu’il y a une cohérence entre la base militante et la direction”, s’est félicité le nouveau chargé de communication du parti, Chaffaâ Bouaïche.
Le parti a ainsi évité le piège de la division, surtout que l’éventualité de voir le parti fondé par Hocine Aït Ahmed au prochain scrutin commençait à provoquer un vent de colère parmi les militants. “Nous avons choisi d’adopter la motion de boycott à l’unanimité pour éviter un vote qui risquerait de créer des divisions inutiles. Parce que, in fine, les deux tendances ont des prises de positions respectables. Les membres du conseil national ont adopté une décision unanime. Il n’y a ni vainqueur ni perdant”, a-t-il indiqué.
Maintenant qu’il s’est détourné du scrutin législatif, le FFS va se consacrer à la préparation de sa proposition de sortie de crise qui sera rendue publique d’ici à une semaine.
Ali BOUKHLEF