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Les maux de l’après-Covid

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Samir OULD ALI Publié 21 Mars 2022 à 22:33

De nombreuses personnes sont atteintes des symptômes prolongés de la Covid-19. © D. R.
De nombreuses personnes sont atteintes des symptômes prolongés de la Covid-19. © D. R.

Des médecins constatent de plus en plus que le coronavirus laisse des séquelles insoupçonnables chez beaucoup de malades. Palpitations, troubles de la mémoire, insomnie, douleurs thoraciques, essoufflement,  fatigue musculaire…, plus de 100 symptômes du Covid long ont déjà été répertoriés dans le monde.

Même déclarés guéris, des malades ayant été infectés par le coronavirus ne sont pas complètement remis, plusieurs mois après l’épisode aigu, et continuent de souffrir d’un certain nombre de séquelles.

Si aucune statistique officielle sur l’ampleur de ce que les spécialistes appellent le “Covid long” n’a été établie jusqu’ici – probablement en raison du manque de recul –, le ministère de la Santé a tout de même élaboré, en 2021, un guide de prise en charge post-Covid-19 destiné aux personnels de santé intervenant dans la prise en charge des patients présentant des symptômes prolongés.

Le département d’Abderrahmane Benbouzid y a répertorié une série de séquelles pouvant apparaître après la rémission du malade et souligné l’importance de procéder à des examens médicaux sur les personnes présentant des symptômes de maladies après leur rétablissement et de les orienter vers les services spécialisés.

Le ministère, qui a insisté sur la nécessité d’accorder une attention particulière aux enfants et aux personnes âgées, a également appelé à des examens médicaux complémentaires avant la reprise de l’activité professionnelle des personnes touchées par le coronavirus et au contrôle régulier de leur santé physique et mentale.

Dans la wilaya d’Oran, le Covid long ne semble pas inquiéter, même si des cas ont été constatés par les spécialistes. “Nous n’avons pas encore de chiffres exacts sur le nombre de ces malades, mais nous savons que des patients présentent des fibroses pulmonaires, du diabète dû à la prise de corticoïdes lors du traitement, de l’asthénie (sensation de faiblesse), des problèmes cardiovasculaires, des troubles de la mémoire ou encore une dépression. Mais, en l’absence de données, nous ne pouvons pas nous prononcer sur l’importance de ce qu’on appelle le Covid long”, a confié à Liberté le Pr Salah Lellou, pneumologue et chef de service à l’EHU d’Oran.

L’homme, qui est aux avant-postes de la lutte contre le coronavirus depuis son apparition au printemps 2020, préconise, toutefois, la désignation de l’hôpital de Chtaïbo, établissement hospitalier dédié au coronavirus, comme centre de prise en charge du Covid long.

“Mais pour le moment, il n’y a pas d’inquiétude à avoir sur son ampleur”, rassure-t-il. Plus de 100 symptômes de Covid long ont déjà été répertoriés dans le monde, dont les plus importants touchent le cœur (palpitations), le cerveau (troubles de la mémoire, insomnie…), les poumons (douleurs thoraciques, essoufflement) et les muscles (douleurs et fatigue musculaire). Hasna, sexagénaire infectée par le virus en juillet 2021, continue d’endurer les séquelles du Covid-19 qui l’a maintenue au lit pendant un mois.

“Je souffre beaucoup de faiblesse et de douleurs thoraciques. Je me fatigue très vite et je dois m’allonger pour reprendre mon souffle après le plus petit effort”, confie-t-elle.

Déclarée positive au virus au plus fort de la troisième vague qui a frappé l’Algérie l’été dernier, Hasna n’a pas pu bénéficier d’un lit dans l’une des structures hospitalières de la wilaya d’Oran.

“Tout était saturé et j’ai dû me soigner chez moi. Grâce à des proches et des amis, j’ai pu me débrouiller un concentrateur d’oxygène et tous les médicaments que mon état exigeait”, continue-t-elle, en affirmant avoir eu recours à l’oxygénothérapie un jour sur deux pendant un mois, avant de pouvoir se relever.

Après son rétablissement, en août, elle a constaté que des changements s’opéraient en elle : chute de cheveux, troubles de la vision, éruptions cutanées, troubles de l’humeur… “De plus, je suis très anxieuse. Chaque fois que je sors de chez moi, j’ai peur d’avoir un malaise et de rechuter”, dit-elle encore.

Contaminé à peu près à la même période, Mohamed, 42 ans, doit, lui, faire face aux essoufflements et aux troubles de la mémoire. “Dans une discussion, il m’arrive d’oublier le sujet dont je parlais à peine après en avoir abordé un autre. Et j’ai toujours du mal à enchaîner deux étages : dès que j’arrive au deuxième, je dois me reposer. Et cela dure depuis septembre dernier”, rappelle-t-il.

Il faut dire que Mohamed a frôlé le pire : il s’est fait vacciner en ignorant qu’il portait le virus, ce qui lui a valu d’être transféré en urgence à l’hôpital d’Aïn El-Turck une semaine plus tard pour une dépression respiratoire (saturation à 45%).

Il y est resté sous assistance respiratoire pendant neuf jours avant de rentrer à la maison. “Je n’étais pas rétabli pour autant. J’ai dû encore affronter une dépression, des troubles de l’humeur et des difficultés à trouver le sommeil. Cela a été très dur pour moi et les miens”, dit-il encore, en confiant que cet épisode l’a amené à “revoir les priorités” de la vie.

Hasna et Mohamed ne sont pas les seuls à se plaindre de séquelles dues au coronavirus, notamment la fatigue chronique et les troubles de la mémoire. D’autres “covidés”, malades chroniques et/ou personnes âgées, ont vu leur état s’aggraver ou ont développé d’autres pathologies.

Pour le moment, pourtant, aucune donnée n’a été recueillie par la Direction de la santé de la wilaya d’Oran, alors même qu’une commission multisectorielle de suivi des séquelles post-Covid-19 avait été annoncée l’année dernière par le ministère de tutelle.

Le chargé de communication, le Dr Youcef Boukhari, annonce, cependant, qu’un travail va être diligenté dans ce sens : “Nous nous apprêtons à prendre contact avec les établissements hospitaliers pour déterminer l’ampleur du Covid long.” 
 

S. OULD ALI

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