D’autres mécanismes plus efficaces doivent être réfléchis pour espérer trouver des solutions aux difficultés des travailleurs de l’éducation.
“Les rencontres avec le ministère de l’Éducation n’ont que trop duré, nous avons besoin de concret. Il faut absolument que nous avancions pour éviter que la situation ne pourrisse davantage.” C’est, en substance, le souhait exprimé par les syndicats autonomes de l’éducation nationale que nous avons pu joindre, hier, quant à l’évolution des rencontres bilatérales entamées en octobre dernier par le département d’Abdelhakim Belabed.
“Cela fait déjà quatre mois que le ministre reçoit les formations syndicales, mais rien de tangible n’est venu tempérer les attentes des travailleurs de l’éducation”, déplorent des syndicalistes très circonspects qui relèvent qu’aucun procès-verbal n’a sanctionné les réunions bilatérales.
“Le ministère préfère achever les rencontres avec l’ensemble des 33 formations avant d’établir le document”, expliquent encore les responsables des syndicats.
Pour le président du Syndicat autonome des travailleurs de l'éducation et de la formation (Satef), Boualem Amoura, la tâche traîne en longueur et pourrait compromettre la prochaine année, que l’on veut pourtant “normale” après l’amélioration de la situation sanitaire.
“Le ministre a annoncé un retour à la normale dès l’année 2022-2023, mais je ne suis pas sûr que nous en ayons les moyens”, relève le responsable en avertissant, notamment, contre le problème de la surcharge des classes qui risque de s’aggraver : “Avec le système de groupes adopté pour lutter contre la pandémie, certaines classes fonctionnent quand même avec 40 élèves. Un retour à la normale, en l’état actuel des choses, équivaut à des cours de… 80 apprenants. Le gouvernement n’a pas d’autre choix que de construire de nouveaux établissements scolaires et d’accélérer la cadence des travaux des équipements scolaires en cours de réalisation.”
Nouveaux établissements pour lesquels il faudra affecter le personnel nécessaire, dont le corps enseignant qui compte quelque 30 000 vacataires, ajoute Boualem Amoura, pour souligner l’urgence des réponses que le gouvernement devra apporter.
Meziane Meriane, coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Snapest) — qui partage le constat sur la lenteur des rencontres bilatérales et, par conséquent, de l’étude des solutions à apporter aux multiples revendications des travailleurs de l’éducation – appelle à l’installation d’une commission de suivi de ces rencontres qui pourrait accélérer le processus de résolution des problèmes de l’éducation nationale.
Une commission qui, si elle avait été installée lors des rencontres de mai 2021 à l’époque de l’ancien ministre, Mohamed Ouadjaout, aurait peut-être pu assurer la continuité avec les actuelles réunions et éviter une perte de temps certaine. “Pour le moment, nous n’avons rien de concret et nous n’avons aucune indication sur la durée du processus”, continue Meziane Meriane.
Le même constat est établi par le porte-parole d’Abdelouahab Lamri Zegar, porte-parole de l'Unpef, qui estime que des solutions aux difficultés des travailleurs de l’éducation doivent être trouvées en urgence : “De nombreux problèmes entravent les enseignants dans l’exercice de leur mission. Il y a la dégradation inédite du pouvoir d’achat, la révision de la grille des salaires, la hausse du point indiciaire, le statut… et d’autres revendications qui doivent être satisfaites” pour permettre à l’enseignant de retrouver le statut qui est le sien dans la société.
Abdelouahab Lamri Zegar, qui rappelle que la révision des programmes scolaires pour les mettre en adéquation avec le développement cognitif de l’élève fait également partie des revendications, alerte sur l’urgence de réactualiser le calcul des indemnités des enseignants des régions du Sud, des Aurès et des Hauts-Plateaux, afin de mettre fin aux grèves cycliques qui secouent le secteur de l’éducation dans ces régions éloignées.
Zoubir Rouina, du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) déplore, lui aussi, les lenteurs du processus des rencontres bilatérales et pense que d’autres mécanismes plus efficaces doivent être réfléchis pour espérer trouver des solutions aux difficultés des travailleurs de l’éducation.
“Il y a un véritable souci de gestion et les enseignants continuent de baigner dans les mêmes problèmes”, constate-t-il en déplorant que les revendications – qui font l’unanimité au sein des travailleurs de l’éducation – ne soient toujours pas satisfaites.
S. OULD ALI