■ Une faible mobilisation a caractérisé la 126e marche du Hirak à Béjaïa. Pour certains, cela est dû au nouveau pic de coronavirus. Et sans doute à la chaleur qui sévit ces dernières 48 heures. Ils étaient néanmoins des centaines, jeunes et moins jeunes, dont des seniors, à battre le pavé depuis l’esplanade de la Maison de la culture jusqu’au quartier d’El-Qods sur la route de la gare.
Le carré des femmes est toujours au rendez-vous ; elles restent fidèles au mouvement populaire du 22 Février 2019. Munis de chapeaux, de casquettes, de drapeaux et de pancartes – beaucoup portaient des bavettes –, les manifestants ont commencé à converger par petits groupes vers l’esplanade de la maison de la culture Taos-Amrouche, point de rendez-vous des marches du vendredi, avant d’entamer la marche à la sortie des fidèles de la mosquée d’Amriou.
La marée humaine entame son défilé sous un soleil de plomb et en scandant des slogans hostiles au pouvoir : “Pouvoir assassin”, “Wallah mana habsin, nennad atsrouhem” (par Dieu, on ne s’arrêtera pas, on a dit que vous allez partir), “Liberté pour les détenus d’opinion”, “Dawla madania, machi âaskaria” (État civil et non militaire) et “Naaya di lbatel” (on en a marre de l’injustice) ont été les principaux slogans scandés par les manifestants. Les manifestants, visiblement très déterminés à poursuivre les marches bien qu’elles ne se déroulent qu’en Kabylie, n’ont pas omis les détenus.
“Ce sont eux qui nous donnent la force et pour lesquels nous devons rester mobilisés jusqu’à leur élargissement”, explique Saïd, un inconditionnel du Hirak. Occasion pour les protestataires de scander leur nouveau slogan aussi bien en arabe dialectal qu’en français : “Talgou mesdjounine” (Libérez les détenus). C’est d’ailleurs le principal slogan scandé lors de cette 126e marche du Hirak, tout au long de l’itinéraire.
Ils observeront, en outre, des haltes significatives aussi bien au niveau de la rue de la Liberté, longue de plus d’un kilomètre, du boulevard Amirouche, de La Casbah dans l’ancienne ville et le port, la gare, avant de se disperser dans le calme avec le sentiment du devoir accompli. Certains ayant marché alors qu’ils étaient avec des béquilles ou avec des cannes pour signifier leur détermination.
M. OUYOUGOUTE