À travers l’hommage que leur a rendu la Société algérienne de médecine générale, c’est toute la nation qui est reconnaissante au personnel médical qui s’est donné corps et âme pour sauver des vies humaines menacées par le coronavirus.
C’est dans une ambiance empreinte de tristesse et d’émotion qu’un hommage a été rendu, hier, à l’hôtel El-Djazaïr aux membres du corps médical décédés des suites de leur contamination par la Covid-19.
Organisée par la Société algérienne de médecine générale, la journée commémorative est déclinée comme une halte et une tribune à la fois, pour se rappeler ces médecins et autres professionnels de la santé qui traquaient la Covid-19 en en payant le prix fort.
En effet ils ont perdu la vie sur le champ de bataille menée contre la maladie virale émergente. Dans la salle qui a accueilli la rencontre, l'ambiance était au recueillement.
C’était un silence de cimetierre ponctué par des sanglots. L’émotion a envahi toute l’assistance présente à cette journée commémorative exceptionnelle.
Des professionnels de la santé, des femmes, des enfants et autres proches de victimes de la Covid étaient unanimes pour le rappeler haut et fort : “L’Algérie a perdu durant cette guerre sanitaire des monuments de la médecine algérienne. On ne doit jamais les oublier. Ce sont des martyrs qui ont sacrifié leur vie pour en sauver d’autres. Suprême sacrifice.”
C’est le président de la Société algérienne de médecine générale, le Dr Tafat, qui a ouvert cette journée en rappelant que le pays déplore la perte de 186 professionnels du corps médical “durant cette guerre sanitaire que nous poursuivons aujourd’hui”.
“Nous avons perdu pas moins de 172 professionnels parmi le corps de la santé : 144 médecins, 17 pharmaciens, 11 chirurgiens-dentistes. Ils ont été victimes de la passion de leur métier”, regrettera le Dr Tafat, avant d’enchaîner sur le sacrifice consenti par ces soldats en blouse blanche “durant toute cette année de lutte implacable contre le coronavirus. Nous déplorons quasiment chaque jour des décès dans la corporation médicale. Ces décès témoignent de leur dévouement pour le métier”.
Avant de clore son intervention inaugurale, le président de Samg a demandé au gouvernement de penser à la construction d’un mémorial dans le CHU et au siège du ministère de tutelle, et de rebaptiser les établissements de santé du nom des martyrs de cette guerre sanitaire.
Présent à la cérémonie, le ministre de la Santé, Abderrahmane Benbouzid, était très ému. Lui aussi a pris la parole pour s’incliner devant la mémoire de tous les Algériens dont les professionnels emportés par ce virus.
“Il est de mon devoir aujourd’hui d’évoquer la mémoire des amis et des collègues perdus sur le front et de tous les défunts de la corporation. La disparition de confrères est un moment chargé d’émotion. Ces amis qu’on a perdus ont prouvé encore de leur compétence et leur amour pour la patrie. Ils vénéraient leur métier”, lancera, les yeux larmoyants, le ministre.
Pour lui, “cette cérémonie commémorative aura un effet positif sur le mental des soldats en blouse blanche qui poursuivent inlassablement la lutte contre la Covid-19 qui a tué plus de 3 000 Algériens dont 186 professionnels de la santé et plus de 13 700 soignants contaminés”.
Plus loin, Benbouzid ne manquera pas d’exprimer son adhésion aux propositions émises par les représentants des syndicats de la corporation : “Je m’associe à vous par rapport à ce que vous avez demandé.” En guise de clôture de cette journée d’évocation, les organisateurs ont tenu à remettre des attestations d’hommage aux proches et aux enfants des premières victimes de la crise sanitaire.
L’ambiance de consternation a repris le dessus lorsque les parents de victimes se sont succédé à la tribune pour se voir décerner la carte hommage nominative. L’épouse du Dr Tilmatine Abdenour, médecin généraliste mort sur le front de lutte, était la première, en larmes, à recevoir l’attestation de reconnaissance.
“Ce moment est très difficile pour moi. Je ne peux m’arrêter de pleurer, c’était mon époux, c’est plus fort que moi”, lâchera la veuve du Dr Tilmatine en sanglots.
Puis, ce fut au tour du fils du Pr Si Ahmed El-Mahdi de rejoindre la tribune avant que le ministre délégué à la Réforme hospitalière, Mesbah Smaïl, ne lui remette l’attestation d’hommage à son défunt père, professeur, qui avait contracté le virus dans l’accomplissement de sa mission.
Rappelons enfin que la première victime de la Covid-19 n’était autre que le Dr Tilmatine Abdenour qui exerçait à l’EPSP de Bouchenafa à Sidi M’hamed, Alger, décédé le 27 mars 2020.
Hanafi HATTOU