L’avocat et militant des droits de l’Homme, Mokrane Aït Larbi, a appelé, hier, les autorités du pays à libérer, sans condition, les militants et activistes politiques arrêtés et jetés en prison pour avoir exprimé leurs opinions. Dans un communiqué posté hier sur sa page facebook, le célèbre avocat s’étonne que les militants Hamou Boumedine, Aït Chebib Bouaziz, Amar Khodja Belaïd, Bacha Boussaâd et Azam Houcine n’aient pas été auditionnés, plus de quatre mois après l’ouverture de l’enquête préliminaire.
Après leur arrestation, sur ordre du juge d’instruction près le tribunal de Draâ El-Mizan, le 27 juin 2021, il a été décidé de transférer leurs dossiers au tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, et d’ouvrir une enquête préliminaire le 8 août 2021. “Le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed n’a pas auditionné les accusés, quatre mois après leur transfert à la prison d’El-Harrach”, s’étonne l’avocat. Les chefs d’inculpation retenus contre les mis en cause sont, rappelle Me Aït Larbi, “incitation à la haine entre citoyens avec appel à la violence”, “atteinte à l’unité nationale”, “atteinte au bon fonctionnement des institutions à travers la création d’un climat d’insécurité en milieu populaire”, “constitution et appartenance à une organisation qui tombe sous l’article 87 bis du code pénal”, “incitation et usage de tous les moyens pour arriver au pouvoir, à travers des moyens non constitutionnels” et enfin “usage de moyens technologiques pour des objectifs de propagande d’une organisation terroriste d’une manière directe ou indirecte”. Autant d’“accusations infondées”, estime l’avocat, qui se demande comment ces personnes pouvaient, réellement, préparer toutes ces actions sans que les autorités s’en rendent compte. “Est-il possible que ces personnes s’adonnent à toutes ces actions, et depuis longtemps, sans que cela suscite la réaction des autorités”, s’interroge-t-il dans son communiqué.
Et de préciser que toutes ces affaires et ces accusations “sont, dans les faits, liées à la seule appartenance des personnes citées à un mouvement d’autodétermination de la Kabylie”. Mais, rappelle l’avocat, “quand ce mouvement avait mué vers une organisation indépendantiste, toutes ces personnes se sont aussitôt retirées, en dénonçant publiquement cette organisation, avec la conviction que l’Algérie, pour laquelle des milliers de martyrs de la région ont sacrifié leur vie, ne peut être qu’unie et indivisible”, lit-on encore dans le communiqué. Me Mokrane Aït Larbi a appelé ainsi les autorités à libérer immédiatement et sans condition les personnes accusées, mais également tous les détenus d’opinion.
K. Benamar