La particularité du variant Omicron, circulant dans le pays depuis début janvier, est que ses symptômes sont similaires à ceux de la grippe saisonnière, ce qui provoque une fausse sécurité, voire une banalisation.
La montée inquiétante du variant Omicron à Oran, à l'instar du reste pays, place les autorités locales et le secteur de la santé dans une situation complexe, pour ne pas dire extrêmement dure : saturation des services Covid, complications de l’état des malades, nombre croissant de soignants infectés, non-respect des mesures de précaution et des gestes barrières, contaminations en hausse constante. Et pour cause, la particularité de ce variant Omicron, circulant dans le pays depuis début janvier, avec des symptômes similaires à ceux de la grippe saisonnière, provoque une fausse sécurité, voire une banalisation, ajouté au fait que la vaccination reste toujours aussi faible.
En plus du constat sur le terrain, c'est le professeur S. Lellou de l'EHU 1er-Novembre, qui appréhende cette situation épidémiologique qui “ne va pas en rester là”. "Les personnes ont tendance à sous-estimer la survenue de ce variant Omicron parce qu'ils ont reçu des informations disant qu'il est moins dangereux et moins virulent que le Delta.” Pour le professeur de pneumologie, le fait que ce variant soit localisé au niveau des voix aériennes supérieurs comme pour un rhum, amènent à minimiser la gravité de la situation dans le contexte d'une vaccination très faible dans notre pays : "Si l'on croit que c'est une banale grippe, malheureusement l'on constate qu'Omicron évolue en 4 à 5 jours, avec des complications pour les sujets ayant des comorbidités, des patients âgés, non vaccinés…"
D'ailleurs, explique t-il, "on le voit dans les services que le variant Omicron est plus fréquent que le Delta, plus contagieux et dangereux chez nous. On a toujours des formes graves dans les hôpitaux qui sont saturés, les lits sont pratiquement tous occupés, la demande en soins intensifs est toujours importante. Donc cela n'a pas changé". Cette mise en garde émane de nombre de médecins. Si l'on évoque la question des moyens et l'organisation des soins et de de la prise en charge, beaucoup s'accordent à dénoncer le faible taux de vaccination, comme constaté dans une polyclinique d'Es-Senia.
Si les consultations "explosent", l'aile réservée à la vaccination n’enregistre que les patients ayant déjà eu 2 doses de vaccin. "Les primo-vaccinés ne sont pratiquement pas là", nous confie une employée, qui propose trois types de vaccinsdisponibles actuellement. A la DSP d'Oran, le Dr Boukhari, chef du service prévention, relevait également cette réticence à la vaccination en dépit des campagnes lancées par les pouvoirs publics, à l'image de celle pour les personnels administratifs de l'éducation nationale.
Plus grave, y compris dans le secteur de la santé, le personnel vacciné n'est pas du tout majoritaire, à peine s'ils dépassent les 20% nous dit-on. Pour appuyer ce constat, notre interlocuteur de la DSP, précise qu'avec les seuls tests PCR, il y a "jusqu'à 170 nouveaux cas de contamination par jour, mais si vous tenez compte des examens par scanners, les tests antigéniques dans les pharmacies, les laboratoires privés… Cela ne serait pas étonnant qu'il ait jusqu'à 500 cas positifs par jour".
Cachant difficilement son épuisement et celui du corps médical, devant l'absence du respect des mesures de précautions que ce soit dans les bus, les lieux publics, les administrations . Ainsi, dans ce contexte global, le Pr Lellou ne cache pas la gravité de la situation et pense que le variant Omicron va "probablement entraîner beaucoup de cas graves, puisque la majorité de la population n'est pas vaccinée. Et si l'on ne prend pas en considération cela, l'on arrivera à une immunité collective de la population, mais à quel prix ?”
D. L.