Quelques jours après avoir été visé par une seconde affaire, Rachid Nekaz, en prison depuis plus d’une année, a été transféré du pénitencier de Koléa à celui d’El-Bayadh.
À certains égards cela ressemble à une aggravation de la sanction, mais qui ne dit pas son nom. L’activiste et homme politique, Rachid Nekkaz, a été transféré, hier, à la prison de Labiad Sid Cheikh, dans la wilaya d’El-Bayadh, à l’insu de ses avocats et de sa famille, a appris Liberté auprès son avocat Me Abdelkadir Chohra.
“C’est en allant lui rendre visite ce matin à la prison de Koléa que j’ai appris, après une heure d’attente, qu’il a été transféré”, nous a affirmé le frère du détenu, Abdellah Nekkaz. Un transfert autant curieux qu’énigmatique. En réaction à cette décision de l'administration pénitentiaire de Koléa, Me Abdelkadir Chohra estime qu’“elle est purement politique”. “Rien ne peut justifier ce transfert”, soutient-il.
“L’usage exige de garder l’accusé dans l'établissement pénitentiaire de la juridiction à laquelle il est soumis”, souligne, de son côté, Me Karim Sadeg, membre du collectif de la défense de Rachid Nekkaz.
Me Fetta Sadat évoque, pour sa part, “une décision arbitraire” qui privera, estime-t-elle, le détenu d’un procès équitable. “Ce transfert est un indice que le procès se déroulera à distance par visioconférence”, explique-elle encore.
Le comité de défense des avocats du militant politique Rachid Nekkaz — en prison depuis décembre 2019 — avait déposé, le 14 janvier dernier, une plainte auprès de la Fédération nationale des associations des avocats pour “violation de la loi relative au renouvellement de la détention provisoire” de leur client. Mais une semaine après, Rachid Nekkaz a vu sa demande de liberté provisoire rejetée, pour la énième fois.
Le 19 janvier dernier, il avait été extrait de sa cellule de la prison de Koléa pour être présenté devant le juge instructeur auprès du tribunal de Sidi M’hamed, à l’insu de son collectif de défense. Un de ses avocats avait alors évoqué une “altercation” que Rachid Nekkaz aurait eue avec un gardien de la prison. Il avait comparu sans mandat de dépôt dans cette affaire.
En détention provisoire depuis le 4 décembre 2019, à la prison de Koléa, dans la wilaya de Tipasa, l'ancien candidat à la candidature à la présidentielle avortée d’avril 2019, devenu célèbre à la faveur de ses vidéos montrant les résidences cossues de certaines pontes du régime, particulièrement à Paris, avait dénoncé, à plusieurs reprises, les mauvaises conditions d'incarcération à la prison de Koléa, qu'il a qualifiée de “Guantanamo algérien”.
Une stratégie qui, selon lui, vise à “inspirer la peur à un double niveau aux prisonniers de Hirak qui sont tous des prisonniers d’opinion pacifiques”. Celui dont la popularité a pris un sérieux coup, après que l’opinion a découvert qu’il n’avait pas déposé son dossier de candidature à la présidentielle avortée, est poursuivi par la chambre criminelle près la cour d’Alger pour “incitation au meurtre” et “appel à attroupement non armé”.
Des accusations liées à ses appels à la population, sur les réseaux sociaux, pour s’en prendre aux députés qui s’apprêtaient à adopter la loi sur les hydrocarbures peu avant l’élection présidentielle du 12 décembre 2019.
Et malgré son incarcération, Rachid Nekkaz continue d’être actif derrière les barreaux et de faire parler de lui en adressant des messages réguliers dénonçant le système en place.
Récemment, il a même écrit au ministre de la Justice et a proposé d’apporter sa contribution financière pour améliorer les conditions carcérales des détenus, notamment concernant l’alimentation.
Kenza SIFI