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Pour ces raisons il ne faut pas mentir aux Algériennes et aux Algériens !

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Amin ZAOUI Publié 02 Février 2022 à 22:30

© D. R.
© D. R.

Pourquoi il ne faut pas mentir aux Algériennes et aux Algériens. Il ne faut pas mentir aux Algériens sur la Révolution algérienne. Elle est sacrée, incontestablement. Noble et éternelle. Mais, il faut leur dire, à ces Algériennes et à ces Algériens, que nous avons fait une guerre noble et juste et nous l’avons gagnée, certes, mais gagner une guerre ne signifie pas gagner la belle vie. Ne signifie pas gagner l’avenir. Gagner une guerre juste est une fierté nationale, certes, mais elle ne peut en au aucun cas remplacer une autre guerre, qui est celle de la modernité et du développement. Nous avons fait une guerre de libération exemplaire, mais la guerre de libération n’est pas synonyme de liberté sociale, liberté d’opinion, liberté religieuse. La guerre de libération nous a donné l’indépendance, cette indépendance nous a autorisés à hisser le drapeau national qui est une fierté, mais le drapeau aussi sacré soit-il n’offre pas le pain, la santé, le transport public, l’école et la justice. 
Certes, nous avons fait cette guerre de libération, et nous l’avons remportée grâce à la participation de la femme, mais il ne faut pas mentir aux Algériennes et aux Algériens. Il faut leur dire qu’après la guerre, ces mêmes femmes héroïnes et braves de la guerre de libération ont été renvoyées à la cuisine. Que nous les avons ensevelies dans le silence en les mettant dans l’arrière-boutique de la politique ou presque. 
Certes, la guerre de libération est gagnée mais cela ne signifie, en aucun cas que la guerre pour l’égalité femme-homme, elle aussi, est gagnée. Un long chemin reste encore à parcourir. 
Certes, la guerre de libération nationale est gagnée, grâce à la participation de toutes les forces vives nationales, toutes idéologies confondues, les nationalistes, les libéraux, les communistes, les musulmans, les laïcs, les juifs, les chrétiens, les Kabyles, les Chaouis, les Arabes, les Mozabites, les Touareg… une diversité rayonnante et édifiante. Mais cette diversité qui a gagné la guerre de libération nationale ne peut en aucun cas cacher cette ambiguïté politique que nous vivons. Toute nation faite par/dans la diversité, qui respecte la pluralité positive est aux rendez-vous des grandes victoires.
Certes, cette guerre de libération a été gagnée, cette nation a été majestueusement élevée, grâce aussi, aux hommes et femmes de lettres, qui l’ont portée, l’ont célébrée, l’ont défendue dans leurs textes poétique ou narratifs, en arabe, en tamazight, en français, en darija, sans aucune discrimination. Mais les noces de la diversité, de la tolérance et de la différence se sont vues étouffées ou détournées en funérailles, en polémique ou en accusation dès que les dernières déflagrations du baroud de la guerre de libération se sont tues. Ce pays a besoin des voix multiples artistiques, littéraires, culturelles et philosophiques. Certes, nos belles terres agricoles, fertiles, ne sont pas parties dans les valises des colons chassés en 1962. nous en avons bel et bien toutes héritées, récupérées au centimètre près, et c’est une fierté et un droit en même temps, mais ces terres magiques qui jadis nourrissaient toutes les bouches françaises et Européennes ou presque, en blé, en maïs, en raisins, en figues, en grenadiers, en vin, en viandes rouge et blanche, se sont métamorphosées en bitume ou en terrains vagues et tristes ! Et je suis triste !
Pourquoi il ne faut pas mentir aux Algériennes et aux Algériens. 
Certes, avec fierté et bravoure nous avons récupéré un littoral méditerranéen de 1200 kilomètres de longueur, peut-être un peu plus, les colons abominables et racistes n’ont pas pris dans leurs bagages notre mer ni le sel de notre mer, ni les poissons qui vivaient dans cette eau bénie par la nature. Mais, après soixante ans d’indépendance, la mer est toujours là, elle n’a pas changé de nom ni de lieu, elle s’appelle la Méditerranée, elle se trouve toujours au nord, mais, hélas, les poissons, même les sardines, ont abandonné l’eau. La mer est devenue un espace pour les embarcations de fortune des harraga ! 
Les belles plages qui jadis accueillaient les Européennes et les Européens, excluant les autochtones, aujourd’hui, ces mêmes plages, ont disparu ou ont trahi leur sable doré. Et je suis triste !
Le jour où le pouvoir populiste a fait comprendre aux Algériennes et les Algériens que la nationalisation du gaz et du pétrole est un festin national, ce jour-là a commencé la culture de la fainéantise. On pense à la distribution des richesses naturelles et non pas au travail créatif des nouvelles richesses. 
C’est pour toutes ces raisons qu’ il ne faut pas mentir aux Algériennes et aux Algériens, à l’école, à l’université, dans la culture et en politique. 
 

Par Amin ZAOUI

 

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