◗ Le ministre de la Santé mise sur la vaccination et exclut un retour au confinement.
La situation épidémiologique devient inquiétante avec la progression exponentielle des cas de contamination. Plus que jamais, la vigilance doit être de rigueur.
Branle-bas de combat en milieu hospitalier qui renoue avec les va-et-vient incessants, et de plus en plus nombreux, de malades atteints de la Covid-19. Les professionnels de la santé sont, d’ailleurs, les premiers à tirer la sonnette d’alarme et à appeler à “réadopter les gestes barrières”.
Dans son dernier bilan datant de ce jeudi, le ministère de la Santé a annoncé 620 nouveaux cas et 12 décès enregistrés en 24h. Le bilan de mercredi fait état, quant à lui, de 585 nouveaux cas et 10 décès, alors que celui du 6 juillet donnait 481 nouveaux cas.
En somme, on compte 1 686 nouvelles contaminations en à peine trois jours. Des données qui révèlent une propagation rapide et inquiétante du virus que les spécialistes imputent à la baisse de vigilance et à l’apparition du nouveau variant Delta, considéré comme “dangereux et très contagieux”, voire “le plus dévastateur au monde”.
“Il faut qu’on cesse de parler de guérison parce qu’on s’aperçoit maintenant qu’il y a des manifestations tardives, ne seraient-ce que la fatigue et l’asthénie qui retentissent lourdement sur la santé de nos concitoyens infectés par la Covid”, a affirmé, il y a quelques jours, le Pr Kamel Bouzid, chef du service d’oncologie au CPMC d’Alger.
“Nous faisons face à une troisième vague de Covid”, a-t-il dit et n’hésitant pas à la qualifier d’ailleurs de “désastreuse”. “Il y a eu plusieurs cas de contamination de familles entières à cause des mariages et des enterrements. Il faut dire aussi que la campagne pour les législatives (12 juin) a réuni des centaines de personnes dans des salles fermées, sans mesure de distanciation sociale. Je pense que c’est en partie l’origine de la flambée actuelle”, a-t-il argumenté.
Le relâchement est, en effet, à tous les niveaux : dans les commerces, les lieux de loisirs, les marchés et autres grandes surfaces, les centres commerciaux et les mosquées.
Par lassitude, inconscience ou incivisme, de nombreux citoyens ont abandonné l’observation des gestes barrières adoptés jusque-là et malgré les mises en garde des spécialistes, des autorités et la campagne de sensibilisation.
Force est d’admettre que les autorités ont également une part de responsabilité puisqu’elles ont été les premières à baisser la garde, en autorisant certaines manifestations politiques et en accusant du retard dans la vaccination.
Vaccination : nouvelle stratégie de communication pour mieux convaincre
Plus de cinq mois après son lancement fin janvier dernier, la campagne de vaccination contre la Covid-19 en Algérie peine à s’accélérer. “Elle a atteint le taux de 10% seulement, alors qu’il faut atteindre un taux de vaccination de 80% des citoyens pour briser la chaîne de propagation du virus”, selon les dernières déclarations du directeur général de l’Institut Pasteur d’Algérie (IPA), le Dr Fawzi Derrar.
“La vaccination reste le seul moyen efficace contre le virus et les variants, notamment ‘Delta’, devenu une menace pour la population en raison de sa vitesse de propagation, où une seule personne atteinte du variant peut contaminer 8 personnes, contrairement aux autres variants”, a fait savoir, jeudi, le Dr Derrar lors d'un point de presse coanimé avec le ministre de la Santé en compagnie de cadres de son département.
Dans ce contexte, le Pr Abderrahmane Benbouzid, ministre de la Santé, qui ne semble pas favorable à un retour au confinement, a dévoilé une nouvelle stratégie de communication pour mieux convaincre les récalcitrants, en tablant sur une cadence de vaccination beaucoup plus soutenue dans les prochains jours. Il a expliqué, à ce titre, que “le plan vise, en premier lieu, à inciter les citoyens à se faire vacciner, afin de briser la chaîne de contamination à travers le recours aux différents médias et l'organisation de conférences et de tables rondes par des spécialistes et des personnalités influentes dans la société”.
Il s'agit également du “lancement de caravanes mobiles vers les zones enclavées et de l'élargissement du nombre des espaces publics, des centres commerciaux, des mosquées, des institutions et des cliniques relevant du secteur privé”. Cette nouvelle stratégie, poursuit le Pr Benbouzid, “vise à cibler au moins un million de personnes par mois, afin d'endiguer la propagation du virus et de ses nouveaux variants”. Deux millions et demi de citoyens ont bénéficié jusque-là du vaccin.
Un chiffre que les experts qualifient de “très faible”. Le ministre a précisé de son côté que “1,6 million de doses seront réceptionnées le 11 juillet en cours et 400 000 autres le 18 du même mois, ainsi qu'un million de doses à la fin de ce mois, portant le nombre des doses à près de 4 millions, ce qui élargira la campagne de vaccination à tous les citoyens”.
Nabila SAÏDOUN