“L’affaire” du mineur Saïd Chetouane qui a abouti, dimanche dernier, à l’arrestation de cinq activistes du mouvement populaire, dont Mohamed Tadjadit, surnommé le poète du Hirak, a suscité l’indignation et la colère de nombreux activistes et avocats du Hirak.
La détention de Mohamed Tadjadit, Malik Riahi, Soheib et Tarik Debaghi, ainsi que de Noureddine Khimoud, accusés de “manipulation”, avait, en effet, provoqué un véritable tollé au sein de l’opinion publique.
Le Collectif de défense des détenus du Hirak a, pour sa part, dénoncé la “violation du secret de l’instruction et l’instrumentalisation de la justice” par le pouvoir dans le but “d’étouffer la voix de la contestation populaire et d’orienter l'opinion publique”. Il réagit ainsi à la sortie de ceux, dont le procureur général de la cour d’Alger, qui ont évoqué quelques facettes de l’affaire, alors qu’elle est en cours d’instruction.
“Ces informations fallacieuses visent à discréditer l’image et la réputation des activistes du Hirak”, dénonce Me Nassima Rezazgui, membre du Collectif de défense, qui souligne que les détenus “se réservent le droit de poursuites judiciaires à l’encontre des auteurs de ces informations”.
Elle explique que la diffusion des informations d’une enquête préliminaire “contredit l'article 11 du code de procédure pénale”. Cela, ajoute-t-elle, est considéré comme “une violation” de la confidentialité de l'enquête, de la présomption d'innocence, ainsi que du droit des militants à un procès équitable.
Me Yamina Alili, qui revient sur l’arrestation et la présentation des 5 accusés de l’affaire Saïd Chetouane, considère, de son côté, que “le rôle du procureur de la République est de maintenir la confidentialité de l'enquête et de protéger le citoyen de toute forme de discrimination en préservant sa réputation”. Tout en fustigeant le pouvoir en place, Me Alili affirme que “la fabrication des accusations et l'emprisonnement d'innocents ne peuvent pas être des solutions pour sortir le pays de la crise qu’il traverse”.
Dans un entretien accordé au journal El Khabar, Me Abdelghani Badi estime, pour sa part, que “cette affaire a été exploitée à des fins politiques”. Il demande, par ailleurs, l’“arrêt immédiat des violations de la loi et des arrestations arbitraires” tout en rappelant que “le problème est politique et non juridique ou sécuritaire”.
Pour rappel, les cinq activistes ont été arrêtés dimanche et lundi derniers, et placés sous mandant de dépôt, jeudi, après leur présentation — sans la présence de leurs avocats — devant le juge d’instruction près le tribunal de Sidi M’hamed d’Alger.
Kenza SIFI