La situation sanitaire induite par la Covid-19 dans le pays n’est pas alarmante, mais suscite tout de même des inquiétudes.
Les derniers tableaux épidémiologiques communiqués par le ministère de la Santé affichent des chiffres de contagion, durant ces 15 derniers jours, frôlant les 400 nouveaux cas en 24 heures. Ce constat plus ou moins inquiétant est largement partagé aussi bien par les soignants en première ligne, que nous avons pu joindre hier au téléphone, que par les experts de l’Institut national de santé publique.
Pour le Pr Salah Lellou, chef du service de pneumologie à l’établissement hospitalo- universitaire d’Oran, la 3e vague de l’épidémie de coronavirus n’est pas encore passée, mais la recrudescence enregistrée ces derniers jours n’est pas aussi exponentielle. “Les courbes des contaminations évoluent ces derniers jours en dents de scie. Elles montent et descendent. Ce qu’il faut retenir, c’est que l’Algérie est à présent en pleine 3e vague de pandémie. Cette vague est arrivée en décalage par rapport à plusieurs pays qui s’apprêtent à s’en sortir et, du coup, alléger les mesures sanitaires restrictives”, soutiendra le pneumologue, qui préfère nuancer ses propos quand il aborde l’intensité d’atteinte de la 3e vague.
“Cette présente vague ne s’annonce pas aussi agressive ou aussi grave que la précédente. Elle croît et décroît, mais le nombre de nouvelles contaminations déclarées par PCR oscille entre 300 et 400 cas en 24 heures. Il faudra par conséquent rester prudent et vigilant.” Ce constat reste singulièrement plausible si l’on se fie aux derniers échos qui parviennent des structures sanitaires dont certaines affichent complet en termes d’hospitalisation ou de prise en charge en soins intensifs. D’ailleurs, les experts de l’INSP l’ont relevé dans leur dernière enquête publiée hier dimanche, en donnant une nouvelle alerte. Les spécialistes de l’établissement d’analyse du ministère de la Santé observent une tendance à la hausse des hospitalisations qui durent depuis trois semaines.
“Pour les hospitalisations en réanimation, la hausse est également observée depuis début juin. On peut toutefois noter que le nombre de patients hospitalisés et en unité de soins intensifs est resté à un niveau relativement élevé au cours de toute la période étudiée, c’est-à-dire entre le 1er novembre 2020 et le 14 juin 2021”, peut-on lire dans le bulletin de l’INSP n°220 rendu public hier. Allant dans le détail et chiffres à l’appui, les analystes ont indiqué qu’au cours des quatre dernières semaines, la moyenne quotidienne du nombre des hospitalisations, qui était entre le 25 et le 31 mai de 112,1, est passée à 220, entre le 8 et le 14 juin, alors que le nombre moyen de malades pris en charge quotidiennement en réanimation, qui était durant la même période de 7,4, est passé à 9 la semaine allant du 8 au 14 juin. Selon la même source, une tendance à la hausse a aussi été constatée au cours des trois dernières semaines, aussi bien des cas confirmés par test PCR que ceux identifiés par le scanner et déclarés probables.
Concernant les cas confirmés par PCR, il importe de relever que le nombre enregistré, durant la semaine du 18 au 24 mai, de 157 cas est passé à 269 cas positifs entre le 8 et le 14 juin. Alors que pour les cas probables, le nombre de nouveaux cas augmente progressivement. Il a été recensé, entre le 18 et le 24 mai, 74 nouveaux cas avant de passer à 137 nouveaux cas probables, identifiés après un examen radiologique.
Cependant, il est nécessaire de rappeler que les nouveaux porteurs de virus confirmés par test PCR dans les laboratoires privés ne sont pas comptabilisés dans le décompte officiel des contaminations communiqué quotidiennement par le ministère de la Santé. D’où l’urgence, aujourd’hui, de réfléchir à un système de déclaration qui intégrera les contaminations qui ne sont pas passées par les structures de santé publique.
Hanafi H.