Par : LOUISA HANOUNE, SG DU PT
C’est un immense militant qui s’en va, une partie de notre histoire combattante qui s’en va avec lui. Me Ali Yahia aura été jusqu’au bout un grand militant. C’est un pan de la lutte pour l’indépendance algérienne et pour la démocratie et la dignité humaine. Ali Yahia était une vie de combat. Je l’ai connu du temps de la clandestinité. Il comptait parmi les combattants de la libération nationale qui ont compris qu’il fallait poursuivre la lutte pour le parachèvement des objectifs de la révolution de Novembre, c’est-à-dire la démocratie, les libertés et les respects des droits de l’Homme dans leur intégralité. Pour lui, il s’agissait de l’intangible principe qui donne au peuple le droit de décider de la souveraineté nationale. Le peuple est souverain, ne cessait-il pas de défendre. Ensemble et avec d’autres militants, nous étions cofondateurs de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme en 1985 dans un contexte politique extrêmement difficile. Il y a eu la vague d’arrestations qui touchait les militants de toutes les sensibilités politiques. C’est à ce moment là que nous avions réfléchi à la façon de mettre en place une Ligue des droits de l’Homme pour défendre la démocratie, les libertés, l’égalité entre les hommes et les femmes. Il y avait lui, Saïd Sadi, Aït Larbi, Noureddine Aït Hamouda, Omar Menaouar, Saïd Dahleb et beaucoup d’autres militants. Depuis, nos liens se sont renforcés, et ensemble, nous avons mené beaucoup de combats. Quand le pays a sombré dans la décennie noire, nous avons aussi, ensemble, milité pour trouver une solution politique, pacifique à la crise algérienne, une solution algérienne. Il n’a jamais dévié de la ligne patriotique depuis son engagement pour la libération algérienne. Il est resté fidèle à son combat de toujours et en a lourdement payé le prix. C’était aussi un militant qui s’est impliqué dans le combat des peuples pour leur émancipation et leur souveraineté. Je me souviens qu’en 1989, il avait coprésidé un tribunal international à Lima (Pérou) contre le travail des enfants. Il a toujours été au rendez-vous des grands meetings internationaux pour la défense des droits des peuples, la Palestine, l’Iraq, il a milité aussi pour l’annulation de la dette des pays pauvres. C’était un militant et un patriote authentique. Lorsque j’ai été emprisonnée en mai 2019, il fut parmi les premiers leaders à s’être déplacé au siège du parti et dénoncé mon arrestation. Il faut dire aussi, que malgré son âge, il n’a jamais cessé de se battre pour la dignité humaine. Il a vécu avec dignité, fidèle à ses principes. L’Algérie perd aujourd’hui un immense militant.