“Ce comité sera ouvert à toute personne désireuse d’apporter son soutien à notre collègue”, a indiqué la journaliste Lynda Abbou, modératrice de la conférence de presse. Sans s’étaler sur le dossier, compte tenu du secret de l’instruction, Me Bakouri, l’un des avocats de Rabah Karèche, a assuré qu’“il a été arrêté pour ses écrits”.
Il a, par ailleurs, dénoncé le fait qu’aujourd’hui, les journalistes algériens ne sont plus jugés conformément au code de l’information qui les protège, mais plutôt sur la base du code pénal. Pire, “ils ne peuvent même pas se défendre devant le juge en tant que journaliste !”, s’indigne Me Bakouri, qui révèle, au passage, qu’une demande de liberté provisoire sera introduite la semaine prochaine.
De son côté, Me Badi a indiqué que “ces dépassements reflètent la situation actuelle de la presse algérienne, notamment après le soulèvement populaire du 22 Février 2019”. Il rappelle ainsi que plus de 10 journalistes ont été arrêtés et pour certains emprisonnés. Pour Me Mustapha Bouchachi, “le but de cet acharnement contre les journalistes et, notamment, l’emprisonnement de Rabah Karèche n’est autre que de terroriser et de faire peur aux médias, à la presse et aux journalistes, ainsi qu’à la société”.
Il a appelé à la multiplication des initiatives à même, selon lui, d’éclairer l’opinion publique : “Nous avons besoin de ce genre de conférence pour éveiller la conscience de la société algérienne, pour préserver la flamme du Hirak et pour faire face à un système qui n’hésite pas à user de son pouvoir, afin de restreindre les libertés individuelles.”
Quant au journaliste, Ali Boukhlef, il a rappelé qu’“outre la consœur du quotidien El Watan, Rabah Karèche est le seul qui rapporte librement les cris des régions oubliées du Sud”. Il a également appelé tous les journalistes à se mobiliser et à se solidariser avec notre confrère. “Ce qui est arrivé à Rabah Karèche peut arriver à n’importe quel journaliste”, a-t-il conclu.
Peu avant cette conférence, plusieurs journalistes ont pris part à un sit-in de soutien et de solidarité avec Rabah Karèche, organisé à la place de La liberté de presse, à Alger. Initié à l’appel de confrères, à l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les présents ont appelé à la libération immédiate du journaliste.
Sur place, et malgré la forte présence policière, les manifestants ont rappelé que “Rabah Karèche est détenu pour ses écrits”, d’où, ont-ils estimé, “l’urgence de le libérer”. “Le journalisme n’est pas un crime”, “Libérez la presse”, “Libérez Rabah Karèche”, “Presse libre, justice indépendante”, “Algérie libre et démocratique”, tels sont, entre autres, les slogans scandés par les manifestants qui ont choisi de marquer cette date par cette action, afin de dénoncer “les emprisonnements”, mais aussi “les pressions” que subissent les journalistes.
Durant plus d’une heure, les journalistes et les citoyens qui se sont joints à l’action ont appelé au respect de la liberté de la presse, l’un des fondements de la démocratie.
Une journée célébrée, en l’absence d’officiels, pour marquer la journée du 3 mai, par les professionnels de la presse qui ont pris l’initiative de défendre Rabah Karèche et les autres journalistes poursuivis par la justice.
Imène AMOKRANE/M. M.