Les Algériens de France ne se sentent pas du tout concernés par les élections législatives. Le vote qui a débuté jeudi dernier dans les consulats, n’a pas drainé grand monde. Au consulat de Créteil, dans la région parisienne, les barrières mises en place à l’entrée des locaux se sont avérées inutiles car il n’y avait pas foule. Des appels à l’abstention ont été lancés tous ces derniers jours par des organisations de soutien au Hirak.
Le Collectif Debout l’Algérie — qui avait inauguré les rassemblements sur la place de la République en 2019 — a rendu public un communiqué pour demander aux Algériens de la diaspora de se mobiliser contre les élections. “Faisons barrage à cette comédie électorale et frauduleuse qui pourrait mener notre pays droit dans le mur”, a-t-il préconisé.
Le 6 juillet dernier, le Collectif Debout l’Algérie et d’autres associations avaient réinvesti la place de la République à Paris, pour dénoncer, au cours d’un rassemblement, l’organisation d’élections dans un climat de répression généralisée. Les participants se sont notamment élevés contre les arrestations massives de manifestants, de militants et de journalistes.
“Pour imposer son agenda électoral, le pouvoir a opté pour l’escalade de la répression qui se poursuit et s’intensifie au fur et à mesure que nous nous approchons de la date du 12 juin. Elle n’épargne personne et touche toutes les wilayas du pays.
Elle cible toutes les voix discordantes et toutes les organisations, des partis politiques de l’opposition démocratique et des associations de la société civile”, ont déploré les organisateurs du rassemblement. La veille, une autre manifestation se tenait également à Paris pour revendiquer cette fois, l’ouverture totale des frontières et l’abrogation des mesures sanitaires de confinement obligatoire.
Certains manifestants avaient déploré le traitement paradoxal réservé aux émigrés. “Nous sommes des Algériens lorsqu’il s’agit de nous rendre dans les bureaux de vote et des étrangers au moment de retourner chez nous”, explique Abdelkarim qui administre la page Facebook des Algériens bloqués dans le monde.
Sur le groupe, il évite néanmoins d’évoquer les législatives. “Qui ira voter de toute façon et pour qui ? Depuis la fermeture des frontières, nous nous démenons seuls. Les députés de l’immigration se contentent de relayer des informations déjà connues de tous mais ils n’ont jamais porté notre voix”, déplore notre interlocuteur.
En France, les candidats à l’APN sont peu connus. Il n’y a quasiment pas eu de campagne électorale, sauf sur les réseaux sociaux. Jil Jadid a notamment diffusé les listes de ses postulants pour les deux circonscriptions nord et sud de la France. Il est à noter que les consulats pour les besoins de l’opération électorale ont fermé leurs portes depuis mercredi dernier.
Cette fermeture intervient alors que ces représentations sont mises à contribution pour recevoir les dossiers des compatriotes concernés par l’exemption des frais de confinement (personnes âgées à faible revenu et étudiants). En cette période de l’année, les consulats sont également très sollicités pour le renouvellement de passeports.
Samia LOKMANE-KHELIL