Ce processus électoral bouclera ainsi un processus lancé depuis décembre 2019 et qui tendait à reconstruire les institutions voulues par le président Tebboune.
Les élections locales auront lieu le 27 novembre prochain. Le chef de l’État, Abdelmadjid Tebboune, a signé, ce début de semaine, le décret présidentiel portant convocation du corps électoral en vue des élections anticipées des Assemblées populaires communales (APC) et de wilayas (APW) pour cette date. Une opération de révision des listes électorales est aussi prévue entre le 5 et le 15 du mois en cours.
La tenue des élections locales bouclera ainsi un processus lancé depuis décembre 2019 et qui tendait à reconstruire les institutions voulues par le président Tebboune. Entamé par une élection présidentielle qui avait porté Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême jusqu’aux élections législatives, en passant par une révision de la Constitution, ce processus se veut un rétablissement institutionnel et politique qui devait donner naissance à une “Nouvelle Algérie”, telle que promise par l’actuel chef de l’État lors de sa campagne électorale. Un processus, faut-il le rappeler, qui s’est heurté à une succession d’abstentions record. La grève des urnes a caractérisé le référendum constitutionnel du 1er novembre 2020 confirmée lors des élections législatives du 12 juin passé.
À cet écueil politique s’était greffée la pandémie de Covid-19 qui a ralenti toutes les activités politiques et économiques mondiales. Les prochaines élections sont à la fois majeures et incertaines. Le vote concerne des Assemblées aux prises directes avec les citoyens. Cet aspect pourra ainsi influer sur le taux de participation, lequel, compte tenu des dernières consultations, risque d’être encore plus bas, à moins que la classe politique, dans sa totalité, ne fasse le choix d’y prendre part. Concernant justement les partis politiques - et c’est exactement sur cet aspect que l’incertitude plane sur les élections -, quel rôle et quelle marge de manœuvre pour une classe politique qui semble de plus en plus mise en difficulté ? Ce sera encore une fois une épreuve pour les formations politiques dont le rôle dans les institutions élues ne reflète en aucun cas leur présence au sein de la société. Preuve en est, les milliers de candidats qui se sont portés sur des listes indépendantes lors des dernières législatives.
Ce choix, même s’il est aléatoire parce qu’il remet en question l’organisation de la société au sein des partis, pose, néanmoins, la lancinante question des perspectives pour les politiques. Ces derniers sauront-ils engager les institutions élues dans une démarche de renouveau, ou se contenteront-ils d’occuper des strapontins le temps d’un mandat, sans en tirer les enseignements nécessaires ? Les partis politiques, notamment ceux gravitant autour du pouvoir, ont contribué, parfois avec zèle, à cette entreprise.
Or, depuis la naissance du mouvement populaire, la donne a invariablement changé. La participation comme le boycott de l’échéance de novembre ne sera pas un choix facile. Il est d’autant plus cornélien qu’il met en évidence à la fois la nécessaire mobilisation des troupes des partis, mais aussi l’obligation de résultats au sein des municipalités, lesquelles, de par leur proximité directe avec le citoyen, rendent plus visibles les formations politiques, maintenant que la présence dans les autres institutions élues, l’Assemblée nationale notamment, ne confère pas autant de visibilité.
Au-delà de ces aspects qui restent du domaine strictement interne de tout parti politique, la situation générale du pays est peu propice, surtout avec la persistance de la pandémie de Covid-19 et d’un mouvement contestataire qui n’a pas dit son dernier mot. Même si les hautes autorités ont clairement affiché que le taux de participation ne saurait être un paramètre déterminant pour la validation d’un quelconque scrutin, il n’en demeure pas moins qu’une élection boudée est synonyme de manque de légitimité. Cela l’est encore plus pour des Assemblées locales dépourvues de prérogatives, alors que les maires sont les plus confrontés aux problèmes quotidiens.
La proportion des difficultés qu’ils doivent résoudre est inversement proportionnelle aux compétences extrêmement réduites dont ils disposent. La réforme du code communal et de wilaya est une vieille revendication de la classe politique et des élus qui peine à se matérialiser, malgré les engagements des hautes autorités.
Mohamed Mouloudj