La mise sous mandat de dépôt de notre correspondant à Tamanrasset, Rabah Karèche, lundi 19 avril, a fait réagir plusieurs organisations de défense des journalistes qui ont appelé à sa libération immédiate. Le Comité pour la protection des journalistes (Committee to protect journalists) a estimé, dans un communiqué rendu public mardi 20 avril, que “les autorités algériennes ne devraient pas emprisonner des journalistes pour avoir couvert les communautés minoritaires, au contraire, elles doivent donner la priorité à l’accès du public à l’information”. Justin Shilla, chercheur principal au CPJ pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, qui s’exprimait au nom du CPJ, a ajouté que “les autorités doivent immédiatement libérer Rabah Karèche, abandonner toutes les charges retenues contre lui et permettre aux journalistes de faire des reportages librement dans le pays”.
Le CPJ a rappelé dans son communiqué qu’“en avril 2020, le gouvernement algérien a criminalisé la diffusion de fausses nouvelles” qui “nuisent à l'unité national”, annonçant qu’un “courriel a été envoyé au ministère algérien de la Communication pour commentaires mais n'a reçu aucune réponse”. “Le 18 avril, la police judiciaire de la ville de Tamanrasset a arrêté Karèche, correspondant du quotidien Liberté, après avoir répondu à une convocation pour interrogatoire”, a rappelé le CPJ, avant d’ajouter : “Lors d'une audience devant le tribunal de Tamanrasset, les autorités ont accusé le journaliste de diffuser de fausses nouvelles nuisibles à l'ordre public, de porter atteinte à la sécurité et à l'unité nationales, et d'utiliser un compte électronique pour diffuser des informations susceptibles de provoquer la ségrégation et la haine dans la société”.
La Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH) a appelé, via sa page Facebook, à la libération du journaliste détenu. Dans son texte, la LADDH a estimé que “le journalisme n’est pas un crime”. Même réaction de la presse tant nationale qu’internationale. En effet, l’arrestation du journaliste Rabah Karèche a été dénoncée par plusieurs titres de presse internationale. La presse nationale a fait écho de l’arrestation du journaliste et a appelé à sa libération. La presse française, américaine et même de l’Amérique du Sud, dont des titres ont repris une dépêche de l’AFP, ont appelé, à l’unanimité, à la libération du journaliste. Au sein de la corporation, un comité de soutien au journaliste détenu sera bientôt mis sur pied. Ce comité sera composé de journalistes issus de divers titres de la presse nationale, d’avocats, de militants et de responsables politiques. Des avocats se sont constitués en collectif pour assurer la défense du journaliste.
A préciser que le journaliste Rabah Karèche passera, ce soir, sa 4e nuit derrière les barreaux, pour avoir assuré la couverture médiatique d’une manifestation publique de citoyens de la wilaya de Tamanrasset. Avant son incarcération, Rabah Karèche a été convoqué plusieurs fois par les services de sécurité pour l’interroger sur ses sources d’information. Une demande de remise en liberté du prévenu a été déposée, pour rappel, mardi 20 avril.
Mohamed Mouloudj