Belkacem Zeghmati a fini par quitter l’Exécutif. Durant deux longues années à la tête du très sensible département de la Justice, Belkacem Zeghmati aura marqué de son empreinte cette institution.
Un départ quoiqu’inattendu, tant le personnage est d’abord craint, mais aussi considéré comme l’un des ministres qui obéit à des cercles de décision autres que sa hiérarchie.
La désignation de Zeghmati comme garde des Sceaux en août 2019 par le chef de l’État par intérim Abdelkader Bensalah n’était surtout pas fortuite. Celui qui avait émis un mandat d’arrêt international contre Chakib Khelil, dans l’affaire Sonatrach, avant de se voir “limogé” du poste de procureur général, n’a pas repris du service pour mettre de l’ordre dans une institution tourmentée par l’instrumentalisation et la manipulation sous le règne de Bouteflika.
Chargé de mener la lutte contre la corruption et la “îssaba”, Zeghmati s’était exécuté parfois avec “zèle”, diront ses adversaires. Des centaines de citoyens ont été traduits devant la justice. Jamais une institution n’a été autant sollicitée que durant le règne de Zeghmati. Actionnée à tout-va, la justice ne s’est pas toujours intéressée uniquement aux pentes du régime poursuivis et condamnés pour des faits de corruption.
Cette “lutte” a touché même des militants politiques et des manifestants pacifiques. Ils sont plus de 300 citoyens à croupir dans les prisons pour avoir manifesté dans la rue, exprimé une opinion ou écrit un post sur les réseaux sociaux. Dans sa lancée, le désormais ex-garde des Sceaux a également soulevé l’ire de certains magistrats et des avocats.
Des mouvements de grève ont été enregistrés dans le secteur, notamment les débrayages d’avocats. Vent debout, le Syndicat national des magistrats est régulièrement monté au front pour “dénoncer les pressions de la chancellerie”. Il faut dire qu’entre Zeghmati et l’organisation d’Issad Mabrouk le courant passait mal.
Leur rapports ont été, le plus souvent, conflectuels. de quoi donner du travail pour le nouveau garde des Sceaux pour détendre les relations avec les magistratts. Ainsi, Le nom de Zeghmati restera gravé pour longtemps dans les annales judiciares. Les Algériens s’en souviendront du personnage et de ses “réalisations” durant son passage comme garde des Sceaux. Il a été le ministre du durcissement des lois.
L’article 87 bis en est l’illustration. En somme, le règne de Zeghmati aura fini par asseoir un climat de “frayeur” dans le secteur. L’on se souvient que lors d’une cérémonie à Alger, Zeghmati avait reçu des “instructions”, le moins que l’on puisse dire étonnantes, de la part du défunt chef d’état-major de l’Armée Ahmed Gaïd Salah. “Il faut aller jusqu’au bout et être sans pitié”, avait dit l’ancien vice-ministre de la Défense à Zeghmati.
Un feu vert ! Son départ ouvrira-t-il une nouvelle page pour la Juistice ? Augure-t-il d’un avenir autre que celui qu’il avait choisi pour la Justice ? La nécessité de l’apaisement que recommande la situation générale du pays plaide pour la détente.
M. MOULOUDJ