Par : Arezki AÏT-LARBI
JOURNALISTE
Après deux années d'une mobilisation sans précédent, la révolution citoyenne est dans l'impasse. Il est temps de clarifier les objectifs par un débat sans exclusive, mais sans concessions sur les droits et les libertés.”
C'est l'heure de vérité ! Trente ans après les législatives avortées du 26 décembre 1991, le citoyen est, de nouveau, sommé de choisir son camp, avec ses camisoles, ses barbelés et ses miradors. Avec les islamistes, qui auraient, dit-on, “évolué”. Ou derrière le pouvoir, qui déroule sa feuille de route contre la volonté populaire.
Par la mise à jour d'un logiciel du siècle dernier, avec les mêmes injonctions, les mêmes techniques, et parfois les mêmes acteurs, les manipulateurs de l'ombre tentent de piéger, une fois encore, la révolution en cours par un choix cornélien : se soumettre au statu quo d'une alternance clanique, ou subir les foudres d'un chaos programmé. Au nom de l'unité du mouvement, les islamistes en embuscade et leurs alliés objectifs parmi les “figures de proue du Hirak” ont empêché tout débat de clarification, pour imposer une hégémonie idéologique de fait accompli. Depuis deux ans, leur discours récurrent revient comme une litanie : “Ce n'est pas le moment ! Il faut d'abord démanteler le système, après, les urnes trancheront les questions idéologiques !”
Une lecture lucide de la débâcle de décembre 1991 et de la “décennie noire” avec ses 200 000 morts, ses milliers de disparus et la torture à grande échelle s'impose. Dans la sérénité, mais sans concession. Dans ce jeu biaisé au départ, les premières élections pluralistes de l'Algérie indépendante ne pouvaient qu'accoucher d'un monstre. A la volonté des “décideurs militaires” de ne pas céder la place au nom de l'ordre républicain, s'est superposé l'assaut des islamistes pour imposer, au nom de Dieu, un désordre liberticide, révélé par ses porte-parole les plus attitrés. “Par les urnes ou par les armes”, scandaient-ils dans les rues d'Alger pendant la grève insurrectionnelle de mai/juin 1991. Bien avant le verdict de l'urne fatale, le profil des futures victimes était déjà dressé. Les agressions se sont multipliées. Contre les femmes. Contre les laïcs. Contre les intellectuels libres. Contre les francophones. Contre les journalistes... Bref, contre tout ce qui ne faisait pas allégeance au “parti de Dieu” et à ses délégués autoproclamés. Quiconque osait résister à leurs injonctions était un “taghout”, candidat à l'éradication.
La démocratie, une stupide arithmétique ?
Au lieu de sortir le carton rouge et d'appliquer les lois de la République, le pouvoir militaro-FLN encourageait ces dérives fascisantes comme un repoussoir. Une stratégie de la terreur qui allait, pariaient-ils, jeter les électeurs dans les bras grabataires mais sécurisants de l'ex-parti unique. Sans règles du jeu préétablies, sans consolidation des droits et des libertés arrachés par des décennies de luttes ininterrompues, la démocratie était réduite à une stupide arithmétique. En gagnant le pays comme un trophée, le vainqueur pouvait disposer à sa guise du citoyen, réduit au statut de sujet, dont les droits étaient soumis à la volonté des maîtres, bénis par des effluves sacrées. Autant jouer à la roulette afghane, avec 6 balles dans le barillet…
Avec le recul, la question de l'arrêt – ou de la poursuite – du processus électoral qui agite aujourd'hui encore les élites médiatiques apparaît comme une diversion secondaire. “Quand je délibère, les jeux sont faits !” aurait constaté Jean-Paul Sartre. Sans consensus préalablement négocié autour d'un contrat de cohabitation pacifique entre les divers courants de la société, quelle règle pouvait bien présider à la confrontation entre une équipe de rugby, dont les supporters avaient déjà envahi le terrain, et des clubs de bridge dont les membres postulaient majoritairement au partage du festin, en pariant sur un coup de main de l'arbitre ?
Dans le sérail, déstabilisé par le soulèvement d'octobre 1988, la cause était entendue. Après la surprise et quelques concessions démocratiques, les “décideurs” étaient déterminés à reprendre les choses en mains. Quel qu'en soit le prix. Par un compromis avec les islamistes, ou en passant sur leurs cadavres. En janvier 1992, les “faucons”, partisans de la manière forte, avaient pris le dessus. Les dérives de la répression légale qui n'a pas toujours fait dans le détail (tortures, exécutions sommaires et disparitions forcées) terniront la légitimité de la lutte antiterroriste, et conforteront les islamistes dans une posture victimaire qui alimente, aujourd'hui encore, la diversion révisionniste.
Concubinage de raison
Avec le retour, en 1999, d'Abdelaziz Bouteflika, le pouvoir change son fusil d'épaule. Le désir de revanche du flamboyant ministre des Affaires étrangères des années 70 sur ce “peuple de médiocres” entre en résonnance avec la frustration des islamistes, “spoliés d'une victoire”. Parlant des terroristes, le nouveau chef de l'Etat justifiait, sentencieux, la barbarie : “L'arrêt du processus électoral a été la première violence. Si j'avais leur âge, j'aurais pris le maquis !”. La loi sur la réconciliation nationale viendra sceller ce concubinage de raison qui réhabilite les criminels de tous bords et impose le silence à leurs victimes. “M. Hattab” est célébré comme un humaniste incompris, et on déroule le tapis rouge sous les ors de la république à “l'émir” Madani Mezrag, “personnalité nationale” dont on écoute les conseils avisés avec respect.
Aux cris de douleur des familles des victimes du terrorisme et celles des disparus, on oppose le mépris et parfois la matraque. Ceux qui, par conviction, avaient soutenu l'arrêt du processus électoral avant de prendre les armes avec courage pour défendre leurs familles, leurs villages, leur dignité, et, pour les plus politisés, pour “sauver la République”, découvrent avec effroi les relations cordiales entre la police politique et les chefs terroristes. Au-delà de la propagande révisionniste qui présente les GIA comme une enseigne du DRS, cette troublante proximité sera révélée au grand jour lors des funérailles, en août 2007, du général Smaïn Lamari, chargé de la lutte antiterroriste, lorsque le gotha des “émirs” bombant le torse se recueillait avec émotion sur la dépouille de celui qu'ils appelaient affectueusement “El hadj”. Dans la guerre par procuration qui agite encore la scène médiatique entre “éradicateurs” et “réconciliateurs”, les plus lucides parmi les démocrates des deux camps finiront par comprendre qu'ils ont été roulés dans la farine.
Trois décennies et 200 000 morts après la débâcle, une nouvelle bipolarisation pousse le pays vers l'impasse, et somme le bon peuple “hirakiste” de “choisir son camp”. Qui n'étreint pas les islamistes et leur hégémonie révisionniste est une taupe du DRS ! Qui critique les dérives criminelles des services de sécurité, notamment la pratique de la torture, passe pour un idiot utile de l'islamisme...
Ne pas balayer les divergences sous un tapis de prières
Dans cette équation à deux variables, la police politique continue de distribuer les cartes, avec plusieurs jokers dans la manche. Après avoir dressé les “Frères musulmans” contre les “Berbéro-gauchistes” dans les années 80, après avoir acculé les “démocrates-républicains” à la résistance contre les “hordes intégristes” dans les années 90, les manipulateurs de l'ombre tentent de faire un croche-pied à la révolution citoyenne en lâchant les islamistes domestiqués contre les démocrates et les laïcs, et singulièrement contre la Kabylie, désignée une fois encore comme abcès de fixation du malaise national.
Jusque-là, le pire a été évité grâce à la maturité de la jeunesse insurgée, qui a exprimé parfois avec humour, et souvent avec détermination, sa soif de vivre dans une Algérie réconciliée avec elle-même, en harmonie avec son temps, pour construire un avenir de libertés. Une jeunesse qui veut jouir de ses droits sans entraves, pour ne plus mourir dans des combats douteux. Malgré les prévisions alarmistes des cassandres de laboratoire, les Algériens ont montré leur volonté de vivre ensemble, dans le respect de leurs différences, avec cette fraternelle communion dont ils sont capables dans les tournants décisifs de leur histoire.
L'image de cet islamiste quinquagénaire, avec barbe et qamis, marchant côte à côte avec une jeune fille en Jean's et cheveux dans le vent est sans doute le symbole le plus emblématique de cette Algérie plurielle, fraternelle, tolérante et conviviale du vendredi, mais qui peine encore à se copier/coller dans les autres jours de la semaine…
Pour mener la révolution citoyenne à bon port, le moment est venu
d'assumer loyalement nos différences. Balayer aujourd'hui les divergences sous un tapis de prières, c'est occulter les tragiques surprises de lendemains qui déchantent. Cette diversité impose des règles consensuelles pour une cohabitation pacifique dans une société plurielle. Comme au Canada, en Belgique, en Suisse et en Allemagne. Ces règles sont universelles. Elles portent le nom de citoyenneté, de libertés et de droits humains. En jouant sans garde-fous avec ceux dont l'unique projet est de leur tordre le cou au nom d'une majorité arithmétique, on risque de déclencher le chaos d'une confrontation sanglante comme en Syrie, en Libye, en Somalie et en Irak, réduits en cendres par la folie de la “purification” ethnique, idéologique ou religieuse.
La révolution pacifique minée par les négociations de l'ombre
Malgré les assauts des forces de l'ombre, le peuple en lutte a déjoué les pièges de la confrontation programmée. Lorsque le général Gaïd Salah lançait sa terrible fatwa contre l'emblème amazigh, et encourageait “l'opération zéro Kabyle” de ses nervis à gages, les jeunes Algérois étaient en première ligne de la désobéissance civique. Drapeau-cible déployé comme un étendard de la résistance, ils ont défié le chef d'état-major en chantant “Casbah Bab El Oued, Imazighen !”. Un peu partout dans le pays, les manifestants avaient dénoncé ce crime contre l'unité nationale avec un émouvant hymne à la fraternité, scandé à l'unisson par des milliers de poitrines : “Qbayli Aarbi, khawa khawa (Kabyles, Arabes, frères…)”.
Que de chemin parcouru depuis les années 80 ! Face au Printemps berbère, les kasmas du parti unique mobilisaient leurs clientèles contre cette “agression impérialiste, dernier soubresaut du colonialisme…” Au-delà de la revendication culturelle et identitaire, le mouvement posait déjà la question du pluralisme politique, des libertés démocratiques et des droits de l'Homme. Ce saut qualitatif de la société vers son émancipation est freiné par la contre-révolution qui tente de reprendre la main. A coup de manipulations multiformes et de répression tous azimuts, elle réussit à imposer sa “feuille de route” contre la volonté populaire. Sans légitimité démocratique, sourd aux messages de la rue qui gronde, le pouvoir se jette dans les bras des islamistes.
De conciliabules de l'ombre contre “l'ennemi commun”, on est passé à l'allégeance assumée au grand jour. Dès son élection chahutée, Abdelmadjid Tebboune inaugurait son mandat par un symbole fort qui révèlait ses intentions : une visite à Taleb Ibrahimi, inamovible baron du régime pendant un quart de siècle. Lors de la grève insurrectionnelle de mai/juin 1991, le FIS avait proposé ce parrain des islamo-conservateurs comme Premier ministre d'un gouvernement de transition. Cette inflexion, que le nouveau chef de l'Etat promettait de donner à la “nouvelle Algérie”, trouvera un écho parmi des “figures de prou du Hirak” qui rendront une ziara similaire à Ali Belhadj, le plus médiatique des chefs du FIS. Dans l'allégeance à l'islamisme, la convergence est consommée entre le président mal élu, et des activistes-Facebook que l'on tente de greffer dans le dos de la révolution citoyenne comme ses représentants de fait accompli. Seule varie la position du curseur.
Pour un débat sans exclusive ni concession
Malgré ces manœuvres, la révolution citoyenne tente de se frayer un chemin, dans une jungle d'incompréhensions, d'intolérances, de manipulations et d'exclusions pour consolider une Algérie apaisée, conviviale et fraternelle. En mettant un mouvement crypto-islamiste au centre des débats – pour exclure ses membres ou pour les installer ès qualité aux premiers rangs de la révolution – des militants au long cours ont commis une erreur politique, aux antipodes de l'objectif recherché. Cette irruption d'une organisation politique dans un mouvement citoyen risque de conforter ses dirigeants dans le rôle d'interlocuteur privilégié du pouvoir, dans des négociations qui auraient, selon toute vraisemblance, déjà commencé derrière le rideau.
Si la répression a été tenue en échec par la Silmya-talwit malgré des arrestations en cascade, et des procès burlesques qui ont révélé jusqu'à la caricature l'indigne soumission de la justice au pouvoir politique, ces négociations occultes dans le dos de la révolution citoyenne appellent à une extrême vigilance. Pour éviter d'aller dans le mur, c'est par le débat public, sans exclusion a priori, mais sans concession sur l'essentiel, que le peuple en lutte pourra neutraliser les diversions du statu quo, et prévenir les tentations fascisantes d'un changement sans boussole. Hormis les appels à la violence, au racisme et à la discrimination sous toutes leurs formes, qui doivent disqualifier leurs partisans, la liberté d'expression, d'opinion, de conscience et de manifestation est un droit pour tous les citoyens.
Les islamistes ne sont ni des boys scouts ni des enfants de chœur ; il serait, par conséquent, naïf de leur accorder le bon Dieu sans confession pour “préserver l'unité du mouvement” au nom d'un “khawa khawa” toxique. Et puisque les années terreur se sont invitées dans le “Hirak” pour les dédouaner de toute responsabilité, quelques rappels s'imposent. Si le FIS n'était qu'une victime de “généraux criminels” et le GIA une tenue de camouflage du DRS, pourquoi les chefs du “parti de Dieu”confortablement installés dans une résidence d'Etat, en 1997, avaient-ils refusé de condamner le terrorisme ? Pourquoi leur représentant, qui avait signé, en 1995, le Contrat de Rome pour la paix avec d'autres leaders de l'opposition, avait-il revendiqué, quelques jours plus tard au nom du GIA, l'attentat du boulevard Amirouche qui avait fait des dizaines de morts parmi les civils ?
Neutraliser les diversions par le libre débat
Pour sortir de l'impasse, le moment est venu d'exorciser les fantômes du passé qui hantent la révolution citoyenne. Loin de tout esprit de vengeance, ce passé doit être exposé sur la place public, afin de tirer les leçons des erreurs et éviter ainsi de les reproduire. Mais surtout pour établir la vérité des faits et panser les plaies encore vives des victimes. Toutes les victimes.
En stigmatisant pour leur passé les islamistes d'opposition les plus médiatiques, les forces de l'ombre veulent piéger l'avenir en agitant les islamistes domestiqués, engraissés dans la cantine nationale, comme gage de leur conformité religieuse. Bâillonner Ali Belhadj, dont les positions rejoignent parfois celles de la révolution, notamment dans la solidarité avec les détenus d'opinion et la condamnation de la torture, pour mieux encourager les éructations agressives de Mokri, Djaballah et Bengrina contre les femmes, contre les laïcs, contre “les zouaves et la dechra”…. Intimider le journaliste Ihsen El Kadi et menacer ses médias de fermeture, pour ne pas parasiter la propagande des télés-poubelles, porte-voix de la médiocrité, de la propagande, de la régression et de la haine.
Ces islamistes d'opposition ont proclamé, même timidement, leur “respect du pluralisme et des libertés politiques, pendant cette phase révolutionnaire, en attendant le verdict du peuple qui va trancher”. Une concession tactique imposée par le rapport des forces ? Sans doute. Mais il faut en prendre acte et oser le débat public contradictoire avec eux, interpeller leur position sur les droits et les libertés des citoyens, faire tomber les masques et pousser le loup totalitaire à sortir du bois. Un débat sans exclusion a priori, mais qui devra clarifier les objectifs de chacun, loin des formules alambiquées qui se prêtent à toutes les interprétations et à leur exact contraire.
Au moment où l'on convoque le spectre islamiste et ses dérives criminelles du passé, l'avenir est déjà hypothéqué par “l'Algérie nouvelle”, sous produit frelaté de celle que le peuple insurgé a rejeté massivement depuis le 16 février 2019. Les droits humains – notamment la liberté de conscience – ne sont plus garantis dans les textes, même s'ils n'ont jamais été respectés dans les faits. Les libertés du citoyen sont conditionnées par leur conformité aux “valeurs nationales et religieuses”. Et c'est le très officiel ministre des Affaires religieuses qui ordonne “l'obéissance aux gouvernants comme un acte de foi” et décrète “impies les manifestations du Hirak”.
Une nouvelle dérive qui appelle, aujourd'hui plus que jamais, à dépolitiser la religion pour désacraliser la politique. Pour peser sur le cours des événements, les partisans du combat citoyen doivent sortir de cette posture de seconds rôles dans laquelle on continue à les enfermer. Ni sentinelles des casernes, ni chaouchs des mosquées. Sans la mobilisation autonome de citoyens libres, la querelle de famille entre le pouvoir et les islamistes, qui ont un socle idéologique en partage, finiront, une fois encore, par se “réconcilier” sur le dos de leurs victimes.
Contre l'imposture du “Hirak béni et authentique”, le “Hirak canal historique” a déjà tracé la voie. Malgré la répression qui se durcit à mesure qu'approche la date fatidique du 12 juin, exerçons, ici et maintenant, nos libertés sans entrave ni licence. Reprenons, consolidons et élargissons les espaces de libres débats. Comme l'agora du TNA, les rencontres de la Grande-Poste et des jardins publics, la musique et les spectacles de rue, les Révolt'Arts, et tant d'autres initiatives, expressions autonomes et spontanées de la citoyenneté en marche. En un mot : de la vie. Le carré féministe a donné l'exemple. En brandissant avec courage leurs revendications pour des lois civiles égalitaires et contre le Code de la famille, les militantes ont réussi à s'imposer dans l'espace public malgré les agressions et les quolibets.
Partageons nos rêves avec ceux qui veulent les partager et résistons avec détermination aux velléités totalitaires de tous ceux dont l'unique projet est de les censurer. Car, nos droits et nos libertés nous ont été légués par le sacrifice de plusieurs générations de combattantes et de combattants, contre la longue nuit coloniale d'abord, puis contre la dictature qui avait pris le relais. Au nom de nos principes, exigeons la réouverture de l'église du pasteur Salah Chala mise sous scellés par l'arbitraire administratif, et condamnons sans réserve les procès en sorcellerie et l'emprisonnement de chrétiens, coupables de “pratiquer un culte non musulman sans autorisation préalable” des gardiens du temple. Au nom de ces mêmes principes, protégeons les déjeuneurs du Ramadan réduits à la clandestinité et pourchassés comme des criminels.
Au nom de ces mêmes principes, exigeons la libération de tous les détenus d'opinion, sans exclusive, y compris ceux du MAK soumis à la double peine d'une justice aux ordres et de l'exclusion consensuelle des parrains autoproclamés du “Hirak”. Dès lors qu'il rejette la violence, tout projet politique relève du débat démocratique et non de la justice pénale et de l'arbitraire policier. Car, ce sont ces principes qui dresseront un rempart infranchissable contre les incursions liberticides — d'où qu'elles viennent — qui menacent nos droits et nos libertés.
Dans l'Algérie plurielle qui s'est révélée dans la rue, chaque citoyen, chaque citoyenne, a le droit de vivre sa vie librement, à sa manière. Il est du devoir de tous les parias de la “nouvelle Algérie”, démocrates, laïcs, berbéristes, francophones, féministes, chrétiens, agnostiques, athées… d'empêcher les réducteurs de têtes, les prophètes de l'apocalypse et les commissaires politiques de tous bords d'empoisonner la nôtre.