Contribution

“LIBERTÉ” incarnait l’Algérie moderne

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Dr Mahmoud BOUDARENE Publié 12 Avril 2022 à 12:00

La disparition du paysage médiatique algérien du quotidien Liberté est une secousse sismique qui remet en cause mon (notre) sentiment intérieur de sécurité. L’inquiétude est revenue et toutes sortes de craintes envahissent les esprits. Et pour cause, ce journal n’est pas seulement un quotidien d’information, il est aussi – surtout, devrais-je dire –, un espace d’expression démocratique, le bastion de l’exercice de la citoyenneté. La liberté de ton et le courage qui ont animé, trente années durant, les journalistes qui y ont travaillé, contribuant à ériger en chacun de nous l’idée qu’une Algérie de justice et de liberté était possible, qu’elle n’était, certes, pas achevée, mais qu’elle était dans la bonne voie, dans la bonne direction.
La citoyenneté était enfin à portée d’opinion(s) pour chaque Algérien. N’était-ce pas l’objectif principal du journal ? Défendre les idées, ouvrir le débat, inciter à l’échange dans la tolérance et livrer le combat contre toute forme d’idée reçue et de répression du discours. Défendre la République n’est rien d’autre que cela, et c’était le crédo du quotidien Liberté dès sa première parution, crédo auquel le collectif de journalistes et les nombreux lecteurs ont adhéré sans réserve. Nous y avons tous cru et avons oublié que rien n’est jamais définitivement acquis. Nous avons baissé la garde et avons laissé le journal et ses journalistes seuls face à toutes les menaces auxquelles faisait face l’Algérie.
Oui, Liberté incarnait l’Algérie moderne, résolument tournée vers l’avenir, juste et soucieuse du destin de tous ses enfants. De toute évidence, la défense de l’altérité et de la pluralité de l’opinion n’ont pas suffi à préserver ni l’expression démocratique ni la liberté des idées. Le journal est forcé à la fermeture.
La République est de nouveau en hypothèque durable. Avec l’extinction de la voix de Liberté, elle le sera davantage. Le pire est à craindre. D’autres quotidiens qui inscrivent leur ligne éditoriale dans la défense de la souveraineté du peuple sont en danger imminent. Ce séisme ébranle donc les certitudes des uns et des autres, en tout cas les miennes sont aujourd’hui chancelantes. Il faudra désormais faire sans compter avec ce solide étai qu’était notre Liberté.
Pour avoir indirectement participé à la vie du quotidien, par des contributions ou des entretiens auxquels j’ai souvent été convié par mes amis journalistes, je peux affirmer, sans me tromper, qu’avec cette disparition, le paysage médiatique algérien perd un de ses indispensables repères. La vie politique et sociale dans notre pays sera désormais orpheline d’un de ses meilleurs inspirateurs et l’opinion différente ou contraire naviguera dorénavant sans une des importantes boussoles pour la guider. Le quotidien Liberté, comme ses confrères libres, ne pouvaient pas, à eux seuls, créer le climat favorable à une vie démocratique pérenne. Ils y ont contribué, sans doute, et je crois que le journal Liberté a honorablement rempli sa part du “contrat”.
Aujourd’hui qu’il est forcé à disparaître – d’autres disparitions risquent de survenir, ne nous y trompons pas –, il faut se poser la question de savoir si les élites intellectuelles et politiques algériennes ont résolument participé à mettre en place cet environnement indispensable à la survie de la liberté. Il est peut-être arrivé le moment de faire le point et de se poser la question de savoir si chacun a fait ce qu’il fallait, de la place qu’il occupe.
Le temps n’est pas aux lamentations, aux larmes ou encore à la colère et à la recherche de coupables, même si tout cela est légitime.
L’affectation ne doit pas jeter le voile sur notre lucidité et nous faire perdre le sens des réalités. Le temps est au réveil. Le KO doit prendre fin, chacun doit recouvrer ses esprits et se rendre à l’évidence. Trente années d’existence ne doivent pas être effacées d’un coup de gomme, c’est le temps d’une génération de luttes pour les libertés et la justice sociale, pour construire une Algérie heureuse et fière de tous ses enfants ; ces années de lutte ne doivent pas disparaître avec l’arrêt du journal qui les a portées.
La fin de vie du quotidien Liberté doit interpeller les consciences car elle n’est pas anodine.
Elle ne siffle pas la fin d’une récréation démocratique, elle signe la fin d’une époque et met un coup d’arrêt aux espérances de tout un peuple. C’est pourquoi il faut une révolution des mentalités avec l’idée que chacun de nous doit abandonner ses propres privilèges et, par ses actions, aider à construire le bonheur commun, parce que celui-ci participe à faire le sien propre.
La citoyenneté, c’est cela, et elle doit continuer à s’exprimer avec détermination. C’est ainsi que chacun de nous manifestera sa solidarité avec le quotidien Liberté et les journalistes qui lui ont donné vie. Notre pays pourra alors espérer poursuivre, avec chacun de ses enfants, son chemin vers la liberté et la démocratie.

  • Editorial Un air de "LIBERTÉ" s’en va

    Aujourd’hui, vous avez entre les mains le numéro 9050 de votre quotidien Liberté. C’est, malheureusement, le dernier. Après trente ans, Liberté disparaît du paysage médiatique algérien. Des milliers de foyers en seront privés, ainsi que les institutions dont les responsables avouent commencer la lecture par notre titre pour une simple raison ; c’est qu’il est différent des autres.

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    Abrous OUTOUDERT Publié 14 Avril 2022 à 12:00

  • Chroniques DROIT DE REGARD Trajectoire d’un chroniqueur en… Liberté

    Pour cette édition de clôture, il m’a été demandé de revenir sur ma carrière de chroniqueur dans ce quotidien.

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    Mustapha HAMMOUCHE Publié 14 Avril 2022 à 12:00