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Oran, potentielle métropole du futur

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Abderrahmane MEBTOUL Publié 28 Décembre 2021 à 08:38

Par : Abderrahmane MEBTOUL
Professeur des universités, docteur d’État 1974, expert international

L’ambition d’Oran est de figurer au rang des grandes métropoles qui comptent à travers la Méditerranée, une ville attractive et créative. Le rôle d’Oran dans l’économie algérienne et dans la région Ouest est crucial, avec les nouvelles mutations mondiales où la concurrence internationale est vivace.

Les Jeux méditerranéens-2022 se dérouleront à Oran — un grand honneur pour l’Algérie à la veille de la fête de l’indépendance —, jeux qui étaient initialement prévus à l'été 2021 et qui ont été reportés du 25 juin au 5 juillet 2022 en raison de la pandémie de Covid-19. Après un retard avec un organe de suivi au niveau de la présidence de la République, les autorités se sont engagées à livrer la majorité des structures pour cet important événement où le nombre d’établissements hôteliers est évalué à 221 hôtels pour juin 2022. Au total, 26 pays participeront à cette édition des Jeux méditerranéens : l’Albanie, l’Algérie, Andorre, la Bosnie-Herzégovine, Chypre, la Croatie, l’Égypte, l’Espagne, la France, la Grèce, l’Italie, le Kosovo, le Liban,  la Libye, la Macédoine du Nord, Malte, le Maroc, Monaco, le Monténégro, le Portugal, Saint-Marin, la Serbie, la Slovénie, la Syrie, la Tunisie et la Turquie.

1.- Oran, une longue histoire méditerranéenne  
Oran (en arabe Wahrāan), surnommée “la radieuse” (en arabe El-Bahia), est une ville portuaire de la Méditerranée, au nord-ouest de l’Algérie, et le chef-lieu de la wilaya du même nom, en bordure du golfe d’Oran, se trouvant à 432 km à l’ouest de la capitale Alger. Bon nombre d’historiens rappellent que le nom “Wahran” (Oran) vient du mot arabe “wahr” (lion) et de son duel (deux) Wahran (deux lions). La légende dit qu’à l’époque (vers l’an 900), il y avait encore des lions  sur la montagne près d’Oran et qui, d’ailleurs, s’appelle “la Montagne des lions”. Il existe devant la mairie d’Oran deux grandes statues symbolisant les deux lions en question. Oran aurait été créée en 902 par les marins andalous et a connu différentes occupations. D’où les conflits entre Omeyyades d’Espagne et Fatimides de Kairouan. En 1016, la ville devient Omeyyade, et en 1081, c’est l’avènement de l’empire almoravide. Avec le début du XIIIe siècle, c’est la constitution des royaumes de l’Est et de Tlemcen sur le corps de l’empire almohade, tandis qu’au Maroc, les Mérinides commencent à prendre du terrain sur l’autorité de l’empire. Le royaume zyanide de Tlemcen, dont font partie Oran et sa province, est alors pris en étau entre les Hafcides de l’Est et les Mérinides de l’Ouest. Les Mérinides vont, à un certain moment, jusqu’à proposer la paix avec Tlemcen à condition de continuer de garder Oran. Durant toute cette période aussi, la ville d’Oran sera, tour à tour et plusieurs fois de suite, zeyanide, Mérinide, hafcide. Le premier siège Mérinide d’Oran a lieu en 1296, et la dernière tentative des rois de l’Ouest de reprendre Oran a lieu en 1368 sous le roi zeyanide, Abou Hammou Moussa I. S’ensuit alors une longue période tragique marquée par des luttes intestines au sein du royaume de Tlemcen pour la succession au trône jusqu’en 1425, période du sultan hafcide Abou Farès, qui reprend tout le Maghreb central… C’est sans doute à la faveur de ces dissensions et de ces déchirements continus, qui affaiblissent le royaume, que se fait la prise d’Oran par les Espagnols en 1509 après l’occupation de Mers el-Kébir. La première libération d’Oran s’est faite en 1705 par le bey Bouchelagham qui en fit le siège du beylick. Mais cette libération est de courte durée — puisque les Espagnols reprennent la ville — et prend fin le 8 octobre 1792. La ville est assiégée par Mohamed ben Othman, dit Mohamed El-Kébir, mais au cours de la première nuit du siège, un tremblement de terre détruit Oran. Le bey propose un traité au roi Charles IV, et dès 1792, les Espagnols quittent définitivement Oran. En 1831, la ville, comme le reste du pays, devint colonie française. La ville a été préfecture du département d’Oran qui occupait tout l’Ouest. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 3 Juillet 1940, la flotte française du gouvernement de Vichy, basée à Mers el-Kébir, fut bombardée par la flotte anglaise venant de Gibraltar. Le 8 novembre 1942, c’est au tour des Anglais et des Américains de débarquer, prélude au débarquement en Italie. Durant la guerre de Libération nationale, Oran, à l’Instar de toutes les wilayas du pays, a payé un lourd tribut pour que l’Algérie retrouve sa souveraineté.

2.- Oran, une wilaya à fortes potentialités
La wilaya d’Oran compte 9 daïras : Oran ; Aïn el-Turk ; Arzew ; Bethioua ; Es-Senia ; Bir El-Djir ; Boutlélis ; Oued Tlélat et Gdyel. La Population de la wilaya (2018) est de 2 053 204 habitants, et selon la DPSB/PATW, elle est répartie ainsi : Aïn el-Turk 45 183 habitants, Bousfer 26 963, El-Ançor 15 230, Mers el-Kébir 21 545, Arzew 103 787, Sidi Ben Yebka 9 731, Bethioua 21 431, Aïn Bya 38 525, Marsat el-Hadjadj 15 891, Bir el-Djir 331 838, Hassi Ben Okba 18 733, Hassi Bounif 83 424, Boutlelis 30 283, Aïn Kerma 7 950, Misserghin 35 665, Es-Senia 139 310, El-Kerma 41 642, Sis Chahmi 
189 614, Gdyel 47 989, Ben Freha 33 316, Hassi Mefsoukh 19 094, Oran 713 382, Ouled Tlélat 25 908, Boufatis 13 643, El-Braya 9 124 et Tafraoui 14 001. Pour une superficie de 2 114 km2, elle est bordée à l’Est par la wilaya de Mostaganem, au Sud-Est par celle de Mascara, au Sud-Ouest par celle de Sidi Bel-Abbès et à l’Ouest par celle d’Aïn Témouchent. La wilaya a un climat méditerranéen, son relief étant marqué notamment par une façade maritime composée de côtes rocheuses s’étalant des monts d’Arzew jusqu’à Mers el-Kebir à l’Ouest et du Cap Lindles jusqu’à Cap Sigal, limite administrative de la wilaya avec des plages sableuses de la basse plaine de Bousfer, les Andalouses et la baie d’Arzew. Le plateau d’Oran-Gdyel s’étend sur une vaste superficie, des piémonts du Murdjadjo jusqu’au Sahel d’Arzew, et la partie orientale de la plaine de la M’leta entre les piémonts Sud de Tessala, les coteaux de la forêt de Moulay Ismaïl et la bordure immédiate de la grande Sebkha constituée par une dépression située à 80 m d’altitude d’une étendue dépassant les 30 000 ha (près du 6e de la surface de la wilaya). La wilaya recèle une superficie agricole utile de 90 271 ha, la superficie forestière s’étendant sur 41 260 ha et ses potentialités économiques sont l’agriculture, l’industrie, la pêche, les nouvelles technologies et le tourisme. Des campus comme l’USTO Mohamed-Boudiaf d’Oran, le pôle de Belgaïd ou encore l’université Abou-Bakr-Belkaïd peuvent servir de segment dynamisant pour la wilaya pour peu que la qualité l’emporte sur la quantité. C’est que la wilaya d’Oran aspire à se hisser au rang des grandes métropoles ; elle en a les potentialités. Elle est dotée d’infrastructures de base non négligeables (routes, ports, aéroport), abrite les plus grands complexes pétroliers et gaziers du pays, une côte attrayante sur la mer ; ce qui lui permet, sous condition d’une gestion optimale, d’offrir des conditions satisfaisantes à l’activité économique et commerciale.
Les extensions du port d’Arzew, pôle pétrochimique, et de l’aéroport Ahmed-Ben-Bella, où de grands projets sont en cours selon les différents plans directeurs d’aménagement urbain (PDAU), devraient permettre une meilleure fluidité de la circulation des personnes et des marchandises. 
La protection de la grande sebkha d’Oran – une zone humide classée “site mondial” par la convention Ramsar – a bénéficié d’opérations d’aménagement s’étalant sur plusieurs années, dans le cadre d’une vision globale notamment des stations de traitement des eaux usées en contrebas d’El-Kerma. Les eaux traitées devraient être déversées dans ce lac salé, faisant partie du bassin versant de la grande Sebkha qui s’étend sur une superficie de 2 275 m2 comprenant les wilayas d’Oran, de Sidi Bel-Abbès et d’Aïn Témouchent. 
À l’instar d’autres wilayas, Oran enregistre une forte demande de logements, accentuée par la présence d’habitats précaires et de bidonvilles qui viennent se greffer aux centres urbains, à l’image des Planteurs, de Ras el-Aïn, d’El-Hassi, de Chtaïbo, de Sidi el-Bachir. Pourtant, selon les données de la wilaya, un vaste programme de logements a été réalisé ou est en cours de livraison   (LPL, social). 
De manière générale, l’ambition d’Oran est de figurer au rang des grandes métropoles qui comptent à travers la Méditerranée, une ville attractive et créative. Le rôle d’Oran dans l’économie algérienne et dans la région Ouest est crucial, avec les nouvelles mutations mondiales  où la concurrence internationale est vivace. La wilaya peut connaître de grandes perspectives en matière d’investissement afin d’impulser le développement local avec la création de nouvelles zones industrielles, la réhabilitation des zones d’activités existantes et la création d’autres, de petite envergure, au niveau des communes. 
Aussi, avec ses infrastructures portuaires, aéroportuaires, ferroviaires et routières, Oran peut attirer de nombreux investissements, sous réserve d’une nouvelle gouvernance. Son attractivité peut lui faire jouer le rôle de pôle d’excellence et de compétitivité sur lequel s’appuient les villes-relais du Tell telles que Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Mascara et Relizane.

3 - Émergence d’une métropole en fonction de l’aménagement du territoire
Ce n’est pas propre à Oran, mais à toutes les grandes agglomérations, ce qui implique une réelle décentralisation autour de six à sept grands pôles régionaux économiques (Est, Centre, Ouest, Sud-Est, Sud-Ouest...). L’objectif stratégique à l’horizon 2022/2025 est d’avoir une autre vision de l’aménagement de l’espace afin de rapprocher l’État du citoyen pour sa participation à la gestion de la cité, ce qui suppose une profonde réforme de l’État et une démocratisation de la société tenant compte de son anthropologie culturelle. 
En tant que responsable de la politique économique et animateur-régulateur, l’État aura vraisemblablement à se dessaisir des charges d’administration en rapport avec la gestion des territoires des communes, pour permettre à ces dernières d’assumer pleinement leurs missions de managers de leurs espaces respectifs. Les transferts de compétences de l’État vers les collectivités territoriales doivent être accompagnés d’un abandon effectif de la mission correspondante par les services de l’État et du redéploiement de l’intégralité des agents de l’État concernés pour éviter les doublons entre les actions de l’État et des collectivités territoriales. L’on pourrait imaginer de grands pôles régionaux. C’est pourquoi la fonction de wali – dont le rôle essentiel est l’animation et la coordination des communes – ne doit plus répondre aux critères actuels où l’administratif prime, mais à des hommes managers d’un niveau intellectuel élevé et d’une haute moralité. Les expériences nous enseignent que les technopoles sont de véritables moteurs de croissance pour les pays, si tant est que les décideurs réalisent le bon choix de modèle en fonction du contexte du pays. 
La réussite implique plusieurs actions coordonnées. 
- Premièrement, impliquer les acteurs-clés. Pour créer les conditions qui permettront à la fois d’attirer les investissements, de créer de l’emploi et de stimuler les innovations, la métropole doit être assise sur les technopoles. Elle doit être soutenue à la fois par les acteurs publics, notamment dans le domaine des incitations fiscales, des subventions temporaires, du foncier avec toutes les utilités et commodités (État, banques publiques, universités…) et privés (entreprises, banques privées, chambre de commerce, syndicats patronaux..). 
- Deuxièmement, l’efficacité doit reposer sur un modèle opérationnel performant. En matière de gouvernance, la pérennité de la technopole repose sur une autonomie de gestion et une autonomie financière qui lui permettent de dynamiser la recherche de clients entreprises et pour des partenariats avec des entreprises externes. Pour contribuer durablement à la création d’emplois dans le pays, la technopole doit s’inscrire dans le cadre d’une politique d’innovation nationale définissant les secteurs prioritaires (industrie, énergie, agroalimentaire, services, etc.). 
- Troisièmement, le modèle de financement et d’exploitation de la technopole doit être construit en y associant plusieurs partenaires dans le cadre d’un partenariat public-privé. Un cadre réglementaire incitatif doit être mis en place afin de faciliter le financement des jeunes entreprises. 
- Quatrièmement, les technopoles doivent s’insérer dans le cadre de la concurrence internationale. Il s’agit de faire le marketing de l’offre en matière de prestations offertes aux entreprises (centres de conférences, bibliothèque, salles de réunions, helpdesk…). 
Ces quatre actions nécessitent une nouvelle politique de l’aménagement du territoire, l’Algérie en face de l’Europe, côtoyant la Tunisie, l’Atlantique (Maroc, Mauritanie), la Libye, le Mali et le Niger comme point d’appui de l’Afrique subsaharienne s’étendant sur 2 380 000 km2 dont 
2 100 000 km2 d’espace saharien. La densité paraît faible, mais les 9/10e de la population sont concentrés sur les terres du Nord. 
Après la “commune providence” du tout-État, l’heure est au partenariat entre les acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toutes formes de synergie et à l’ingénierie territoriale. L’image de la commune-manager repose sur la nécessité de faire plus et mieux avec des ressources restreintes, en évitant le gaspillage, ce qui exclut obligatoirement le pilotage à vue par des perspectives de long terme d’une part, et les arbitrages cohérents, d’autre part, qu’implique la rigueur de l’acte de gestion.
En résumé, le rôle du CIJM est de promouvoir le sport et l’olympisme ainsi que les idéaux et les valeurs dont ils sont porteurs dans les pays du Bassin méditerranéen, s’engageant à promouvoir l'esprit de paix, d'amitié, d'excellence, d'ouverture d'esprit et d'unité entre les pays du pourtour méditerranéen, une mer qui, depuis 3000 ans, a vu la naissance de grandes civilisations, religions, cultures et traditions, ainsi que les valeurs et l'esprit de l'olympisme. C’est que l'ère des confrontations n'a eu cours que parce que les extrémismes ont prévalu dans un environnement fait de suspicion et d'exclusion.
Connaître l'autre, c'est aller vers lui, c'est le comprendre, mieux le connaître. L'Algérie a toujours été au carrefour des échanges en Méditerranée. De Saint-Augustin à l'Émir Abdelkader, les apports de l’Algérie à la spiritualité, à la tolérance et à la culture universelle ne peuvent que nous prédisposer à être attentifs aux fractures contemporaines. 
Bienvenue en Algérie et à Oran à nos amis des deux  rives de la Méditerranée.

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