L’artiste peintre Bachir Yellès a célébré cette semaine son centième anniversaire. Il est l’un des fondateurs de l’art contemporain en Algérie, le concepteur de la maquette du Mémorial du martyr et le premier directeur de l’École nationale d’architecture et des beaux-arts d’Alger au sortir de la guerre de Libération. Son ami et compagnon de route Mohammed Dib disait à son sujet : “Tout ce qu’il fait se caractérise par une grande probité. Probité qui en arrive même parfois à prendre trop de précautions pour rester inentamée.”
L’artiste plasticien Bachir Yellès vient de fêter son 100e anniversaire. Le 12 septembre dernier, le monde de l’art célébrait la carrière de ce fondateur de la peinture algérienne contemporaine. Plusieurs hommages mais aussi une exposition, tenue du 8 juin au 12 septembre au Musée national public des beaux-arts à Alger et regroupant une cinquantaine d’artistes et d’anciens élèves, ont célébré le parcours du plasticien, dont les œuvres sont exposées aux quatre coins du pays et dans plusieurs ambassades d’Algérie (Paris, Beyrouth, Londres…). Le doyen des arts plastiques en Algérie est né en 1921 à Tlemcen. Après des études au collège de Slane, dans sa ville natale, entre 1932 et 1942, il rejoint Alger et son école des Beaux-Arts de 1943 jusqu’à 1947.
Il y suit des cours de peinture, de décoration et de gravure chez les professeurs Du Pac et Louis Fernez. Dès sa première année au sein de cette institution, il obtient le 1er prix Ronde bosse pour l’année universitaire 1943-1944, modèle vivant (esquisse) en 1944-1945, ou encore le 1er prix d’honneur pour l’année 1946-1947. Il est, en cette année 1944 , l’un des artistes participant à la “Première exposition de peintres et miniaturistes musulmans d’Algérie” au Cercle franco-musulman d’Alger, aux côtés de Ali-Khodja, de Hemche, de Ranem et de Temmam. Entre 1947 et 1950, il est admis à l’École des beaux-arts de Paris et fait ses classes dans les ateliers d’Eugène Narbonne et de Nicolas Untersteller. Son ami et natif de la même ville que lui, l’écrivain et romancier Mohammed Dib, a écrit à propos de son art : “Tout ce qu’il fait se caractérise par une grande probité. Probité qui en arrive même parfois à prendre trop de précautions pour rester inentamée.” Maître de l’art figuratif, Bachir Yellès met en avant, dans sa peinture ou dans le domaine de la philatélie, le patrimoine et les coutumes ancestrales.
Une odalisque en habit traditionnel, des paysages des montagnes kabyles, un Targui arborant fièrement sa tenue, les tapis du Nememcha, de Guergour ou de Djebel Amour. Par ailleurs, il est le concepteur de la maquette du Mémorial du martyr construit en 1982, mais aussi de la crypte du Musée du moudjahid, l’auteur du portrait de Georges Marçais, la miniature de Ben Badis, la fresque qui orne l’ambassade d’Algérie à Paris, ainsi que de nombreux timbres-poste. Premier directeur de l’École nationale d’architecture et des beaux-arts d’Alger, il a, durant son parcours professionnel, plus particulièrement après l’indépendance, œuvré à promouvoir les jeunes artistes et architectes, l’art algérien, dans toute son authenticité et sa singularité. Une école à lui seule qui continue d’inspirer des générations de peintres et de plasticiens.
Yasmine Azzouz