Le réalisateur et scénariste Brahim Tsaki est décédé le week-end dernier à Paris à l’âge de 74 ans, rapportent ses proches. Réalisateur phare des années 1980-1990, Tsaki est né le 27 décembre 1946 à Sidi Bel-Abbès. Il a entamé des études artistiques dans les années 1960 d’abord à l’Ecole d’art dramatique de Bordj El-Kiffan, à Alger, puis à l’Institut des arts de diffusion (IAD) de Louvain-la-Neuve, en Belgique, où il obtient un diplôme en 1972. Au début des années 1980, il sort un court-métrage, La Boîte dans le désert, et, une année après, son premier long-métrage, Les Enfants du vent (1981).
Le film qui obtiendra le prix de la Critique à Venise en 1981 est “un triptyque ayant pour dénominateur commun l’enfance évoquée à travers trois petits films. Tsaki filme avec une violente tendresse ces enfants du vent de l’Algérie contemporaine”. À propos de ses œuvres, le scénariste et critique Djamel Mohamedi dira qu’il était un réalisateur qui sortait des sentiers battus de par les thèmes présents dans ses œuvres. “Il était une école à lui seul, poursuit-il. Il accordait par exemple beaucoup d’attention à l’enfance maltraitée.” Le critique poursuit en rappelant que Tsaki exhortait les autres réalisateurs à sortir du cinéma de circonstance, à innover et à développer des expressions artistiques sincères et fidèles à leur vision du 7e art.
En 1983 sort Histoire d’une rencontre, qui sera lui aussi primé dans plusieurs rendez-vous cinématographiques, notamment le Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), où il a reçu l’Étalon de la Yenenga en 1985, au Festival du film de Damas (Épée d’or), et le Prix de la critique à la Mostra de Venise. En 1990, c’est avec Les Enfants des néons qu’il revient à la réalisation. Ce troisième long-métrage explore la relation amicale entre Djamel et son ami sourd-muet Karim. “Tous deux Maghrébins d’origine, ils vivent au milieu des matériaux qu’ils récupèrent dans leur banlieue. Un soir, Djamel secourt Claude, jeune étudiante victime d’un viol, et s’éprend d’elle.”
En 2007 sort son dernier long-métrage, Ayrouwen, qui narre l’histoire d’amour entre Amayas, un Targui, et Claude, une jeune adolescente native d’une ville européenne qu’il a rencontrée dans le grand désert de Djanet, en Algérie. À l’annonce de sa disparition, nombreux étaient les hommages de ses collaborateurs, de réalisateurs et de critiques qui l’ont connu directement ou à travers ses œuvres. Beaucoup ont salué la mémoire de l’homme et du cinéaste qu’il était. Avec son décès, c’est un pan important de l’histoire de la cinématographie qui disparaît, ont-il estimé.
Le réalisateur Malek Bensmaïl s’est dit “profondément attristé par la disparition d’un immense cinéaste : Brahim Tsaki. Qu’il repose en paix. C’est un immense cinéaste que nous perdons. Ses films furent les plus poétiques et sincères, toutes générations confondues. Un homme exceptionnel. Sincères condoléances à ses enfants, à Catherine et à ses proches”. Merzak Allouache, pour sa part, écrit : “Immense tristesse. Je viens d’apprendre le décès à Paris de notre collègue le cinéaste Brahim Tsaki”, avant de rappeler le parcours du défunt. Enfin, son ex-épouse, journaliste et critique Catherine Ruelle, a fait savoir que le défunt “désirait tourner au moins encore une dernière fois” avec son fils Habib.
Yasmine Azzouz