Cheikh Hacène Benchoubane, un des doyens de la musique andalouse, est décédé ce vendredi à l’âge de 87 ans des suites des complications liées à sa contamination au coronavirus, a-t-on appris auprès de ses proches. Né au quartier de Notre-Dame d’Afrique à Alger, Hacène Benchoubane a été nourri dès son enfance aux sources de la musique andalouse et pétri dans le moule d’une lignée de mélomanes.
Le défunt sera initié à la musique andalouse par son père Rachid, lui-même élève de l’association El-Moutribia, créée en 1909, avant d’intégrer, plus tard, des ensembles andalous composés notamment de musiciens comme les regrettés Dahmane Benachour, Hadj Mahfoud Saddek Bejaoui, Mustapha Kechkoul et Mahieddine Lakehal.
Au début des années 1950, Hacène Benchoubane rejoint le conservatoire d’Hussein Dey sous le regard bienveillant du regretté maître Abdelkrim Dali qui lui apprit les rudiments de la Senâa. Embarqué en 1956 par l’armée coloniale pour son militantisme au sein du FLN, Hacène Benchoubane est emprisonné jusqu’à la fin 1961. À sa libération, il entre au conservatoire municipal de musique et de déclamation d’Alger où il poursuit de 1962 à 1968 son apprentissage à l’instrument et au chant avec le regretté professeur Abderrahmane Belhocine.
Obtenant plusieurs prix au conservatoire, il poursuit sa formation musicale au quartier du Ruisseau où il put dénicher entre 1963 et 1964 un local au sein duquel l’association musicale El-Fen ouel adab verra le jour. Poursuivant son cursus, le défunt évolua sous la houlette d’Omar Khodja, alors premier président de l’association et professeur de musique, avec des musiciens qui deviendront de grands maîtres de la musique andalouse, dont les frères Mustapha et Mohamed Boutriche, Boualem Hamroune, Abdelhafid Djenidi, Slimane Loubari et Yahia Guidri. L’association El-Fen ouel adab accueillera dès 1975, grâce à l’impulsion de Mohamed Boutriche, de jeunes artistes promis à de belles carrières, à l’instar de Smaïl Kheddim, de Nasreddine Chaouli, de Hamidou et de Yacine Bouzama.
Le défunt fera ensuite partie de l’orchestre national andalou la Radio nationale, dirigé par le maître Abderrazak Fakhardji, et évoluera aux côtés d’illustres instrumentistes dont les regrettés Abdelkrim Mahamsadji, Boudjemâa Ferguène, Zerrouk Mokdad et les frères Bahar. Virtuose de la mandoline, il intègre l’orchestre du grand Mohamed Kheznadji, avec lequel il animera plusieurs concerts en Algérie et se produira dans nombre de villes du monde, Paris, New York, Washington, Séville et Rome notamment. Dans son volet formateur au Conservatoire de déclamation et de chant d’Alger, Hacène Benchoubane verra transiter par ses classes nombre de jeunes qui connaîtront la célébrité, à l’image, entre autres, de Selma Kouiret, de Radia Manel, de Sid-Ali Driss et de Toufik Aoun.
Depuis 2001, Hacène Benchoubane a rejoint l’orchestre du musicologue Rachid Guerbas qui rassemble les trois écoles du pays (Senâa d’Alger, Gharnati de Tlemcen et Malouf de Constantine) dans le but de donner un souffle nouveau au patrimoine musical andalou.
APS