Le cinéma algérien sera à l’honneur à Montréal, à l’occasion de la 22e édition du Festival du monde arabe (FMA) qui aura lieu du 29 octobre au 13 novembre.
Deux réalisations du monstre du cinéma Merzak Allouache seront présentées lors de ce rendez-vous culturel automnal. Le film Vent divin, sorti en 2018, raconte la rencontre d’un homme oisif végétant dans un village isolé du Sud algérien avec une jeune femme. L’homme taciturne s’immerge dans la lecture du Coran, son activité quotidienne.
Un beau matin, il reçoit un message crypté accompagné d’une photo d’une femme, prénommée Nour. Cette dernière le rejoint plus tard, mais la rencontre est pour le moins glaciale, sans enthousiasme, qui sied habituellement à ce genre de rendez-vous.
La présence du couple dans cette maison isolée n’est pas du tout un hasard ; même s’ils ne se connaissent pas, ils ont un objectif commun à atteindre. Le réalisateur maintient le suspense de l’intrigue sciemment. Le long-métrage sera projeté vendredi au Cinéma du Musée, à Montréal.
L’autre projection d’Allouache est un documentaire qui met le focus sur l’implication des femmes dans le mouvement citoyen de contestation le Hirak, mais aussi le long combat féministe depuis les événements d’Octobre 1988 et leur lutte épique contre l’idéologie rétrograde de l’islamisme.
Le doc raconte l’engagement des femmes entre deux époques, entre les premières organisations féminines et l’insurrection citoyenne de Février 2019 qui a propulsé les femmes à l’avant-garde de la contestation de rue. Les militantes racontent leur engagement et la condition de la femme algérienne dans un contexte de répression et de déni des droits, symbolisé par le code de la famille qui n’a plus sa place dans l’époque d’aujourd’hui.
Devant la caméra, les intervenantes relativisent avec le recul les acquis arrachés de haute lutte, sans cesse remis en cause avec le phénomène de la violence conjugale et la chronique des féminicides.
Allouache donne la parole à des femmes emblématiques du combat démocratique, à l’image de Fatima Oussedik et de Wassyla Tamzali, qui témoignent du combat féminin à l’aune de ces deux séquences historiques.
De jeunes militantes impliquées dans le Hirak et issues de milieux culturel et artistique prennent également la parole pour dire dans leurs mots que la question de la femme est entièrement posée dans l’Algérie d’aujourd’hui.
Le film-documentaire sera projeté et suivi d’un débat le 3 novembre à l’Université de Québec à Montréal (Uqam). Des Femmes a déjà été projeté dans le cadre du Festival de cinéma Vues d’Afrique de Montréal en avril dernier.
Par ailleurs, l’avocate et militante Wassyla Tamzali et la professeure Michelle Perrot de l’Université Paris-Diderot donneront une conférence le 13 novembre, dernier jour du festival, sous le thème “La tristesse est un mur entre deux jardins”, où s’entrecroisent notamment les questions de la mémoire, de l’oubli et du combat des femmes.
De Montréal : Yahia ARKAT