Qu’elle soit à l’eau ou pigmentée à la gouache de nos pupitres d’enfant, l’aquarelle, ni elle se déteint aux caprices du temps ni se décolore par la variation du climat. Elle y reste là scotchée au mur et nous tend la main pour nous faire la courte échelle vers l’univers de l’enfance ou plutôt dans l’âme de l’écolier qui s’ébahissait devant la gravure que le temps n’a pas écorné ni jaunie. C’est le cas de l’“expo” de l’artiste peintre Oudjida Hassane, dont le vernissage a eu lieu le 20 mars et où l’aquarelle gouachée laisse l’agréable impression qu’elle grimpe aux murs tel ce lierre exubérant, voire envahissant, mais ô combien relaxant et qui octroie à la galerie d’art Mustapha-Kateb un décor aquarellé.
À ce propos, l’expo offre sous ses dehors peints d’un panachage de nuances qui dévoilent, s’il en est, les secrets de la peinture à l’eau qui crée la joliesse d’une scénographie qui se veut constellée de couleurs impérissables. D’où le rejet de l’idée irrationnelle que l’aquarelle est injustement hiérarchisée dans l’art mineur. N’est-elle pas décorative ? S’il en est une preuve qu’elle soit d’un trait appliqué, celle-ci est à voir dans le savoir-faire du plasticien Oudjida Hassane. Autrement dit, l’œil du curieux de l’art range le talent de l’aquarelliste à l’échelle du Splendide qui reste à créer. Du reste, l’aquarelle que l’esprit prétendument bien pensant disait “qu’elle n’était qu’un passe-temps” opère aujourd’hui son retour sur la scène de l’esthétique et s’impose ainsi à la même place que la carte postale. Partant donc de la précision de l’adepte du beau, disons qu’il fait bon de déambuler au gré de l’exposition de l’artiste peintre Oudjida Hassane.
Rôder ou flâner (!) est à notre sens le juste mot pour y être dans l’exactitude de l’intitulé de l’expo de cet enfant de Theniet El-Had (Tissemsilt) (ex-Vialar). Et pour cause, l’expo n’est qu’une succession de pérégrinations de ce beauxariste dont le la est donné à partir de la cité El-Bahia, à djenane Ben-Omar de Kouba, puis vers les environs d’Hydra, avant de s’achever dans la cédraie de Tissemsilt et du jardin d’Essai d’El-Hamma, à Belouizdad (ex-Belcourt). C’est qu’il a plein le chevalet d’aquarelles, dont les remparts de Miliana, à côté desquels il est loisible d’admirer l’aspect bucolique de Birkhadem ou le puits de la servante. D’une façon ou d’une autre, l’expo d’Oudjida Hassane est une excursion à bled Sidi-Abderrahmane puis aux confins de l’Algérie profonde, dont Hadjret Ennous (ex-Fontaine-du-Génie), à Tipasa. C’est dire qu’il y a tant à voir sur le chevalet d’Oudjida Hassane, qui est issu de l’École nationale d’architecture et des beaux-arts d’Alger, où il avait satisfait au concours d’entrée en l’an 1961, a-t-on su de cet aquarelliste à l’ancienne. À l’ancienne, du fait que sa première exposition remonte à l’an 1971 dans le hall de la salle Le Mouggar, qui s’appelait encore le Colisée en ce temps-là. C’est qu’il a laissé également son empreinte ou sa touche en 1975 à la galerie d’art de la défunte Union nationale des arts plastiques (Unap) puis à l’Union nationale des arts culturels (Unac) (1984), qui est l’actuelle galerie d’art Mohammed-Racim de l’établissement Arts et Culture.
Toutefois, le mieux est d’y aller pour y déguster le talent de l’exposant qui est en parfaite symbiose avec la professeure d’art britannique Edith Blackwell Holden (1871-1920) lorsqu’elle s’interrogeait : “Mais l’Aquarelle n’était-elle pas perçue comme un prélude à la grande œuvre à l’huile, esquisse préliminaire, premières armes (…) ?” Donc autant y voir de près le talent d’Oudjida Hassane, qui vous attend jusqu’au 2 avril prochain.
Louhal Nourreddine