Culture Fruit d’une dizaine d’années de travail

L’artiste peintre Seraa Nejoua expose le “Signe n Ajjer”

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Nourreddine LOUHAL Publié 17 Mars 2022 à 09:42

L’une des œuvres de Seraa Nejoua. © Liberté
L’une des œuvres de Seraa Nejoua. © Liberté

Les murs des trois “ghorfat” (chambres) qui s’alignent à l’orée de la s’qifa (seuil) de Dar Abdeltif et qui d’habitude sont chaulés de blanc reflètent les nuances de l’univers des Touaregs de notre Sahara. S’il en est un miracle, c’est grâce à l’art rupestre du Sahara que l’artiste peintre et plasticienne Seraa Nejoua a réussi l’alliage de couleurs d’où la plasticienne a extrait le Signe n Ajjer. D’ailleurs, c’est aussi l’intitulé de l’exposition qui enjolive l’intérieur de ce fleuron architectural de ness el fahs avec les joyaux du Tassili. “Mon expo est le fruit d’une dizaine d’années de labeur quand j’allais sur les pas de la première civilisation humaine à Sefar (la ville des pierres) que j’interrogeais à l’aide du signe qui était le mode expressif du Tassilien”, a-t-on su de l’exposante. Et au seuil du Royaume (technique sur toile 1,20 m/1 m) sur lequel veillent nos ancêtres, Les Maîtres du silence (1,20 m/1,20 m) offrent au visiteur le signe des Maîtres du temps (1,20 m/1,20 m).

D’où il est aisé d’épiloguer qu’en ce lieu, c’est l’esthétique du vaste plateau du Sahara central qui s’offre à l’esthète et à l’adepte du beau. Et dans l’ordre de l’alignement d’une vingtaine de toiles environ, il est aisé de se mêler au silence légendaire de notre Sahara. Sur ce point et en plus qu’elle soit halée aux nuances jaunâtres et de noyer qu’est le brun, l’immensité saharienne recèle d’autres tons dont le doucereux châtaigne du marron à l’aide duquel le Sahara s’enjolive. Seulement et dans la réalité d’une pause sur le fil d’une dune, le désert du Sahara dédie à l’évidence un torrent de couleurs au visiteur qui se nuance ainsi l’esprit du réalisme du désert. 

C’était le cas pour l’explorateur anthropologue allemand Heinrich Barth (1821-1865) qui est l’auteur du livre Explorations des côtes de la Méditerranée (Berlin, 1849). En vérité, dans ce havre de Paix n Ajjer (1 m/1,50 m), le Sahara s’irise des couleurs que reflète la roche et à sa corrosion due aux affronts du temps. Mieux, la pigmentation qui s’exhale d’une poignée de grains minéraux s’ajoute à l’assiette au-dessus de laquelle s’amoncelle le fer qui tournoie dans un nuage tantôt à l’ocre rouge, tantôt au cuivré qui dessine à son tour le crépuscule au rouge orangé du corail. 

Et en ce qui a trait à l’art s’exhibe de toute sa splendeur dans cette ghorfa qui nous renvoie au souvenir de notre séculaire Casbah d’Alger, lorsque les Casbadjiate habillaient les darbouz (rampes) de vert mais aussi du “zbidi” (beige) et de bleu qui s’unissent d’agréable alliance au Trésor (75 cm/65 cm) du Tassili n Ajjer. Autant de Chemins (1 m/2 m) où le blanc du turban du caravanier s’amalgame au doré de l’astre qui octroie aux dunes les formes qu’elles n’avaient pas durant la nuit.

Et en liaison avec le Secret enfoui (75 cm/65 cm), c’est dans le choix des couleurs de Seraa Nejoua qu’il nous faut éluder L’Énigme (1,20 m/1 m). Alors, et pour atteindre le résultat de percer un jour le secret du désert, l’expo de Seraa Nejoua a tout l’air d’une excursion dans les grottes de Sefar (75 cm/65 cm) ou d’un safari dans l’étendue des pistes transsahariennes qui invitent au bivouac. “Je n’ai eu de cesse d’interroger les grottes pour qu’elles m’accueillent dans le secret qu’elles gardent depuis la nuit du temps”, a ajouté cet enfant de bled Sidi El-Khier, à Sétif. 

Et dans la perspective d’une divine excursion, le curieux de l’art se doit de se préparer à la féerie d’un voyage que vantent nos excursionnistes de tour-operators. Bien sûr qu’elle y doit tant à son papa architecte et qui l’a poussée à l’intérieur de ces grottes étant petite, a déclaré notre interlocutrice, qui a profité de l’aubaine du confinement pour signer du Nej, le final de ses œuvres qu’il vous est loisible de visiter jusqu’au 20 mars prochain. Quoi qu’il en soit, “Dar Abdeltif s’enrichit cette fois-ci de l’art de Seraa Nejoua, après qu’elle a offert le gîte de 1907 à 1962 à d’illustres peintres d’horizons divers, comme ce fut le cas de la villa Médicis à Rome et de la Casa Vélasquez à Madrid”, a conclu Abdelkader Bendameche, le directeur de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc).

 


Louhal Nourreddine

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