Les mélomanes et amoureux d’Amar Ezzahi ont eu l’opportunité de découvrir le beau livre “Amar Ezzahi ou l’éclat juvénile de la chanson chaâbi” aux éditions Enag, qu’a écrit de sa plume l’écrivain Abdelkader Bendamèche et qu’il a présenté au stand de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) dont il est le directeur général.
Outre qu’il se refusait de se lover dans le nombrilisme, l’homme n’était pas non plus l’adorateur féru de sa propre image que lui renvoyait la source dans le reflet des ronds dans l’eau du narcissisme. Ni qu’il logeait dans l’isolement de l’ermitage du star-système ou du vedettariat. À ce propos, la bulle de la solitude ne lui réussissait pas, puisqu’il était adulé où qu’il allait, au café de l’Étoile de l’ancienne Rampe Valée ou aux environs de Bab El-Oued. S’il en est une preuve de sa popularité, celle-ci s’évalue à la foule compacte qui l’a accompagné à sa dernière demeure au cimetière d’El-Kettar, à Bab-Edjedid. C’est ce qui a fait dire à l’énarque Abdelkader Bendamèche : “L’image de son enterrement grandiose, sinon en grande pompe, m’a amené à faire le serment d’écrire un livre à la mémoire de ce chanteur hors du commun de par sa dimension populaire.” C’est à croire qu’il lui pesait le succès qu’il traînait tel un boulet au pied.
D’ailleurs, et s’il ne tenait qu’à lui, il aurait fait corps avec la nuance de l’humilité avec laquelle s’habillait son ombre ou le clair-obscur du coucher de soleil de l’Amirauté qu’il contemplait de sa stature d’artiste et de sa statue rivée en haut de “B’hiret Marengo”, sise à la rampe Louni-Arezki (1924-1957). Lui ? C’est Amar Aït Zaï, dit Âamimar pour les intimes et Amar Ezzahi pour ses fans, qui fredonnent encore l’indémodable El-Khatem, l’anneau qu’il n’avait pas à l’annulaire. Aujourd’hui qu’il n’est plus de ce monde, il y reste toutefois son souvenir qui se diffuse sur les ondes de la radio et des chaînes de télévision.
Mieux, ce natif d’Iboudraren (Beni Yenni) n’a de cesse d’accaparer la scène artistique et de défrayer la chronique culturelle, eu égard au beau livre intitulé Amar Ezzahi ou l’éclat juvénile de la chanson chaâbi aux éditions Enag (mars 2022), qu’a écrit de sa plume l’écrivain Abdelkader Bendamèche et qu’il a présenté au stand de l’Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc), dont il est le directeur général. “Amar Ezzahi est d’abord une icone de la chanson algérienne et un interprète hors pair pour lequel j’ai élevé le ton de ma plume afin de hisser le défunt au firmament de la reconnaissance que doivent avoir pour lui ses fans”, a déclaré le locataire de Dar Abdeltif.
À cet égard, le livre est là dans les bacs en signe de considération pour le personnage et aussi à l’artiste qu’il était : “Amar Ezzahi est différent des autres, notamment dans sa dimension populaire et musicale, puisqu’il s’est élevé au-dessus de son maître Boudjemâa Mohamed Arezki (1927-2015) dit Boujemâa El-Ankis aux côtés duquel ce duo de chouyoukh avait le même maître de Dellys, en l’occurrence le cheikh Kabaïli né Mohamed Brahimi (1910). Néanmoins, ma seule ressource d’archives reste ma mémoire que j’ai fouillée en ma qualité d’interprète de chaâbi à l’égard d’un artiste qui revendiquait sa liberté.
Ne disait-il pas à ses fans laissez-moi tranquille ?” On s’en souvient qu’en ce jour funeste du 1er décembre de l’an 2016, les chouyoukh-stars de la musique chaâbi et fans s’étaient donné rendez-vous pour un ultime récital funéraire ou marche funèbre au légendaire cheikh Amar Ezzahi, où la procession du cortège sépulcral peinait à avancer au cœur de la marée humaine jusqu’à la porte d’El-Kettar.
“Dans cette optique, j’ai été fidèle à l’homme et à sa mémoire”, a conclu l’ex-président du Conseil national de la musique et des lettres (Cnal). À noter que ce livre mémoriel est préfacé par Lounis Aït Aoudia, le président de l’Association des amis de la rampe Louni-Arezki, sous le titre Cheikh Amar Ezzahi – ou l’art du renouveau d’un patrimoine ancestral, et qui a déclaré “avec le rajout de cet ouvrage, c’est l’historiographie artistique des chaâbistes qui s’enrichit de l’itinéraire de cet artiste”. Tant mieux pour l’histoire.
Louhal Nourreddine