Par : BEN MOHAMED
POÈTE ET PAROLIER
La haine et l’amour se sont donné rendez-vous pour un combat de Titans, chez nous, en Kabylie.
Après de longs parcours plus ou moins chaotiques et des itinéraires plus ou moins tortueux, ils sont arrivés au même moment. Dans les mains de la haine, du feu et du sang.
Du feu, des flammes sur lesquelles souffle le vent du ressentiment.
Des larmes et du sang coulent du corps de l’amour de nos êtres chers et de nos biens nourriciers.
Les flammes atteignent les sommets de nos figuiers, de nos oliviers centenaires et autres arbres fruitiers. Elles rattrapent la course éperdue de nos troupeaux et dévorent nos demeures familiales, fruits de nos sueurs et de nos longues privations.
Mais tandis que tout s’embrase, l’amour est là pour préserver les racines.
Dans les mains de l’amour, tombe une pluie bienfaisante. Une pluie de dons et des messages fraternels. Des élans de solidarité convergent de toutes parts. De près comme de loin, voire même de très loin.
Des messages, tels des mélodies réconfortantes, essuient les larmes et éteignent les brasiers des cœurs brûlés. Ils sont chargés de parfums apaisants et de lumières d’intelligence en éveil. Ils sont la voix de ceux qui savent qui ils sont et de qui ils sont les héritiers. Ils empruntent la voie de nos traditions ancestrales et de notre histoire millénaire. Ces messages, portant le souffle de la sagesse et de la lucidité, viennent balayer tous les feux de la haine attisés par l’ignorance, la bêtise humaine et les calculs malveillants de ceux qui sont aveuglés par le pouvoir, la rapine et les sciences occultes.
Mais comme disaient les anciens, “à quelque chose malheur est bon”.
Aujourd’hui, pour celles et ceux qui veulent bien voir, les incendies ont dégagé tous les horizons, qu’ils soient politiques, économiques, sanitaires, culturels, institutionnels et bien d’autres encore.
De ces horizons clarifiés se profilent deux leçons évidentes surtout pour les pompiers sans eau : d’une part, les pyromanes ne sont jamais les premiers à vouloir éteindre les feux qu’ils déclenchent. D’autre part, les pyromanes capables de mettre le feu à leurs propres biens ne courent pas les ruelles de nos villages.
Dans le pays de l’amour, jamais personne n’assène des coups de hache, encore moins sur sa propre tête.
D’ores et déjà, les messages de soutien adressés à la Kabylie ont généré des retours de flammes vers les pyromanes eux-mêmes. À l’heure qu’il est, leurs feux dévorent leurs propres entrailles, les aveuglant au point de leur faire perdre la raison.
De jour en jour, il apparaît clairement que la haine perd la raison tandis que l’amour retrouve la sienne.
Des cendres de la discorde, naissent les germes de la solidarité.
Du sang de Djamal, l’innocent, éclosent spontanément les roses de l’amour et de la clarté.