Des universitaires maghrébins, français et libanais ont axé leurs interventions sur l’altérité, le féminisme, l’autobiographie ou encore la mort dans l’œuvre monumentale de l’Académicienne, lors d’un colloque international organisé dernièrement en ligne.
Un colloque international sous le titre générique “L’écriture de soi dans l’œuvre d’Assia Djebar : libération ou engagement ?” a été organisé dernièrement sur une plateforme virtuelle par des universitaires maghrébins, français et libanais qui ont tenté par des pistes de réflexion de décortiquer l’œuvre flamboyante et monumentale de l’Académicienne native de Cherchell.
Les travaux du colloque initié par le laboratoire La Rslam de la Faculté des lettres et des sciences humaines d'Agadir ont été introduits par une communication de la professeure tunisienne, Najiba Regaïeg, de la faculté des sciences humaines de l’université de Sousse.
Le speech de Mme Regaïeg “Assia Djebar : une écriture à l’épreuve de la mort” met en exergue la densité d’une œuvre inscrite résolument dans la modernité. L’intervenante part du postulat que l’esthétique djebarienne se décline dans une “écriture en lambeaux”.
La spécialiste de Djebar évoque l’écriture de la mort comme stimulateur de la vie des autres et une écriture de la vie comme “transe narguant la terre algérienne assoiffée du sang de ses enfants”.
Analysant “La femme sans sépulture”, la conférencière découvre une auteure devenue “celle qui ne reconnaît pas la mort”, se muant en énigme, en écrivaine disparue mystérieusement comme Berkane dans “La disparition de la langue française”.
“Se diluant dans la terre Algérie, se réclamant de toutes les langues, vivant en oiseau migrateur se posant presque dans chaque ville, dans chaque coin du monde, Assia Djebar, précisons ici qu’il s’agit de l’écrivaine, invente une autre littérature ou un autre art”, commente Najiba Regaïeg, évoquant un art qui transcende la souffrance, l’exil, l’enfermement, le silence et la mort.
D’autres conférenciers ont disséqué, c’est le cas de le dire, plusieurs aspects de l’œuvre djebarienne.
Les professeurs Samia Mouffouk de l’université de Batna et Fouzia Amrouche de l’université de M’sila se sont intéressées à l’altérité entre écriture féministe et écriture féminine dans Vaste est la prison d’Assia Djebar.
C’est cette œuvre qui a été abordée sous l’angle de “la pluralité du moi et son échophonie” par la professeure Nadia Birouk de l’université d’Agadir.
Sa consœur Aïcha Bourais s’est intéressée, elle, à la quête identitaire au féminin dans l’œuvre de Djebar. “L’autobiographie chez Assia Djebar : entre fierté et malaise”, a été le thème abordé par Nadjiba Selka de l’université d’Oran 2, alors que Hind Mokrane de l’université de Batna s’est attardée sur “La femme sans sépulture”.
L’universitaire tunisienne Safia Jaâfar, chercheuse à l’université de Saint-Étienne, a structuré son intervention autour de “l'intermédialité littéraire et la représentation du corps” dans deux romans emblématiques de Djebar : Vaste est la prison et L’Amour, la fantasia.
Ce dernier a fait également l’objet d’une critique de Dounia Boutirna, doctorante au département d’anglais de l’université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.
Née en 1936 à Cherchell, Assia Djebar, auteure d’une œuvre prolifique et au parcours littéraire dense, est décédée en février 2015, 10 ans après avoir rejoint le panthéon de l’Académie française.
De Montréal : YAHIA ARKAT