Adaptée du roman en langue arabe “Layliyate Ramada” de l’écrivain Waciny Laredj, la générale de la pièce “Ramada-19”, qui a eu lieu mardi au théâtre national Mahieddine-Bachtarzi, traite de thèmes actuels comme les rapports homme-femme et de l’individu face à la société.
La générale de la pièce Ramada-19 a été donnée mardi au théâtre national Mahieddine-Bachtarzi (TNA). Adapté de Layliyate Ramada (2021) de l’écrivain Waciny Laredj, le texte est signé Abderazzak Boukebba et Chawki Bouzid pour la mise en scène. L’œuvre d’une heure de temps met en scène cinq membres d’une même famille, confinés durant la première vague de Covid-19. Ramada, le personnage principal campé par Asma Cheikh, est entourée de son père, son grand-père, son mari Karim (Mohammed El-Khalil Djebari) et son amant Shadi (Bellal Belmadani).
Dans un arabe classique, la pièce explore les relations humaines dans un contexte de claustration. Au travers des non-dits, les rancœurs, les basses manœuvres pour quelques intérêts personnels fomentées par certains personnages, Ramada-19 se situe dans une approche ambivalente pour traiter des tares, de l’obsession et du combat de chacun pour survivre dans une société qui écrase l’individu. La dichotomie “ange” “démon”, “noirceur” “pureté” est présente tout au long de l’œuvre originelle, composée d’ailleurs de deux chapitres intitulés “Les invocations des anges de Coviland” et “La danse des démons de Coviland”.
Le personnage de Ramada soulève par ailleurs la problématique de la place de la femme et la chape de plomb qu’est le cercle familial pour son émancipation. Cela dit, le metteur en scène Chawki Bouzid ne revendique pas le caractère féministe de son œuvre, à en croire ces propos à la fin de la représentation : “Je voudrais que notre société comprenne que l’homme et la femme sont deux êtres différents mais qui se complètent et qui doivent coexister. Je voudrais qu’on arrête d’imposer nos choix à nos enfants, de s’immiscer dans leur existence.” L’occasion pour le dramaturge d’évoquer également l’un des thèmes principaux de son œuvre, l’individu face à la société : “Nous sommes une société qui croit en le collectif et rabaisse l’individu, qui n’a jamais pu devenir indépendant.”
Concernant le choix du texte, le metteur en scène a estimé que “l’œuvre de Waciny Laredj s’est imposé d’elle-même, en ce sens que c’est le premier texte littéraire qui parle de la Covid-19”. Et d’ajouter : “Ce virus a créé une anomalie qui est que les membres d’une même famille ne peuvent se réunir. C’est pour cela que j’ai choisi Ramada. En plus, Waciny s’est basé sur trois angles ; l’Histoire, la politique et le social. J’ai opté pour ce dernier, car j’estime que tous les problèmes et erreurs dans notre pays ont pour point de départ le noyau familial.” Côté comédiens, Bouzid explique avoir donné la chance aux jeunes, des diplômés de l’Ismas notamment, ainsi qu’à la jeune comédienne Asma Cheikh qui a déjà joué pour Bouzid quelques années auparavant.
Yasmine Azzouz