À l’occasion du mois du Patrimoine et de la Journée de La Casbah célébrée le 23 février, la direction du Palais des Raïs a organisé, pour les médias, une visite guidée des sites historiques d’Alger. Le Bastion 23, La Casbah, Djamaâ El-Kebir, Djamaâ Ketchaoua et beaucoup d’autres sites patrimoniaux témoignent encore du faste de cette ville multimillénaire, point de rencontre de différentes cultures et civilisations.
À la faveur de l’initiative de la direction du Palais des Raïs (Bastion 23) et à l’occasion de la Journée de la Casbah célébrée le 23 février, un circuit patrimonial dédié aux monuments et trésors historiques d’Alger, a été organisé hier dans la matinée.
S’adressant aux médias, la visite-guidée avait pour objectif de “promouvoir correctement le patrimoine, qu’il soit inscrit ou non sur la liste de l’Unesco, loin des fake-news et ce qui est rapporté sur les réseaux sociaux”, a fait savoir Faïza Riache, archéologue, directrice du Bastion 23 et présidente de l’association “Thourath Djazairna”.
L’axe Bab El-Oued-Casbah a été donc le parcours choisi pur cette petite balade matinale afin de faire découvrir les joyaux de la capitale, l’état de leur conservation mais aussi afin démystifier quelques croyances sur l’origine des constructions de La Casbah et du Bastion 23, qui ont encore la vie dure. La première escale a été le Palais des Raïs (Qaa Essour), un ensemble d’édifices de style mauresque composé des Palais 18, 23 et 17.
Cet édifice était en fait la résidence d’hiver du Dey Mustapha Pacha, qui l’acquiert en 1798, apprend-on du guide Karim Toumi. Son état de conservation, malgré le fort taux humidité de la région, le soleil écrasant en été, et les pluies diluviennes est la preuve du génie architectural de ses bâtisseurs.
Une architecture très élaborée
Grâce à la qualité des matériaux de construction, comme les rondins de bois de genévrier supportant le plafond, la circularité de son architecture, qui l’a protégé durant des siècles de l’écho des séismes tout en lui permettant un ensoleillement et une circulation optimale de l’air, ce bâti est le témoin aujourd’hui d’une splendeur passée, multiculturelle et multiconfessionnelle.
Ses céramique hollandaise, portugaise, italienne et tunisienne étaient conçues pour mettre en avant “la cohabitation des styles et des civilisations”. La colonisation, puis quelques squatteurs après l’indépendance en ont cependant dénaturé quelques aspects.
Les premiers y ont ajouté des fenêtres donnant sur le versant nord du bâti, tandis que les seconds l’ont endommagé et ont appliqué de la peinture sur les rondins de bois et de la chaux sur les murs. Des applications qui ont, rétrospectivement, permis de converser un peu plus le monument.
A quelques encablures du Bastion 23, la célèbre Sahate Chouhada (place des Martyrs) est le point de confluence des empreintes ottomane, coloniale et algérienne. La grande placette, illuminée par ce soleil quasi-printanier, est prisée par tous les Casbadjis et les Algérois.
Tout autour de nous, chacune des constructions porte en elle l’influence multiculturelle et confessionnelle qu’était Alger. Djamaâ El-Kebir (la grande mosquée) a été érigée au XIe siècle, ce qui fait d’elle la plus ancienne sur la place d’Alger.
Le minaret fut ajouté bien après avec les successeurs de Youcef Banou Tachfine de Tlemcen. Quelques siècles plus tard, précisément en 1666, les ottomans bâtirent Djamaa El-Djedid (la nouvelle mosquée), consacré au rite Hanafite. Par ailleurs, les vestiges d’une autre civilisation, romaine en l’occurrence, ont été découverts il y a une dizaine d’années au niveau du sous-sol, lors des travaux de construction du métro.
C’est une mini-ville, dotée d’une fontaine, d’un lieu de culte et d’une habitation qui a été découverte. A ce propos, beaucoup de guides, selon Karim Toumi, leurrent les visiteurs en leur faisant croire que les ruines présentes au cœur même de la place des Martyrs sont romaines, alors que ce ne sont en réalité que les vestiges de Djamaa Essayida.
Un problème récurrent qui doit être réglé au plus vite selon notre interlocuteur, par la création d’une association regroupant des guides formés afin de protéger la transmission de l’histoire de l’Algérie.
Yasmine AZZOUZ