Résumé : Da Ali rentre chez lui et ne confie rien à sa femme. Il prétexte que son ami a eu une urgence et qu’ils ne se sont pas vus. Il a besoin de s’isoler et va à leur chambre. Au passage, il verra Latéfa. Celle-ci était en pleine discussion avec Aïcha qui est en rémission. Elle active dans une association d’aide aux malades, à Tiaret. Ils se chargent de les transporter à leurs rendez-vous et d’acheter les médicaments. Les membres de l’association sont joignables jour et nuit…
-Waw !, soupire Latéfa. Je suis sous l’admiration. Figure-toi que j’en avais parlé à mes parents. Je veux aider mon prochain. Surtout après avoir vu une pauvre qui avait besoin de soins et de protection, se rappelle-t-elle avant de demander à sa mère : Papa n’a toujours pas eu de ses nouvelles ? Elle ne l’a pas appelé ?
- Non mais à ton prochain rendez-vous, il demandera son adresse. Normalement, son oncologue doit avoir ces renseignements. Inchallah on la retrouvera. Peut-être qu’à ton prochain rendez-vous, elle sera là.
- Inchallah…
Latéfa se tourne vers sa nouvelle amie et lui raconte les déboires de l’inconnue. Aïcha lui confirme qu’elle n’est pas la seule à connaître le rejet.
- J’en connais qui ont été répudiées dès le début des soins. Elles devaient combattre la maladie et le rejet de leurs familles, raconte-t-elle. Alors qu’elles se consacrent aux soins, ils ne cachent pas leur intention de refaire leur vie, car ils les voient comme des demi-femmes “nass-m’ra”.
- Mais ils sont malades. Dans notre religion, il est conseillé de se soutenir mutuellement dans les épreuves qu’Allah nous impose. Même ailleurs, ils restent ensemble “pour le meilleur et pour le pire”.
- Ah non, ma chère, même ailleurs, la maladie fracture des familles sauf que nous, c’est une double peine. C’est dramatique. Elles sont malades et se retrouvent seules, avec leurs enfants, sans un sou, retournant chez leurs familles, après dix ans, parfois vingt ans de mariage. Leurs vies sont bouleversées et celles de leurs proches aussi.
- Les pauvres, je les plains. Mais pourquoi la belle-famille qui est si présente dans la vie n’intervient pas pour les calmer. Tomber gravement malade, ça peut arriver à n’importe qui. À la belle-mère, à la belle-sœur.
Aïcha soupire.
- Alors que j’étais en pleine chimio, j’avais alors trente-huit ans, j’ai connu une femme, mère de deux enfants. L’aîné était en primaire et la petite fille à la crèche. Figure-toi que son mari était bien au début. Il l’emmenait faire les radios, les bilans et s’occupait d’elle et des enfants. Le jour où il a ramené sa mère pour le seconder, c’était la fin de leur mariage.
- Comment ça ?
- Sa chère belle-mère ne voulait plus d’elle. Elle a poussé son fils à divorcer. Oui, oui… Au début, il a protesté puis il a accepté. Elle se reposait chez ses parents lorsqu’un taxi a ramené ses affaires personnelles. La mère et le fils l’ont répudiée. Elle a eu un choc, la pauvre. En plus d’être mal physiquement et moralement, elle habitait loin. Elle n’a pas pu voir ses enfants durant des semaines. Ses parents se sont déplacés, ont tenté de parler à la vieille qui a même refusé de leur ouvrir.
- Elle est folle ! Ce n’est pas une belle-mère mais une sorcière. Qu’Allah la maudisse ! Comment a-t-elle pu briser un foyer, priver des enfants de leur mère ? Donc, elle a divorcé ?
- Absolument. Le lâche a formulé le « raki mtelqa » trois fois au téléphone, devant les voisins mais au téléphone. Lorsque je pense à elle, je me dis que toutes les filles doivent étudier, les femmes travailler pour ne dépendre de personne. La pauvre était femme au foyer.
- As-tu de ses nouvelles ?
- Hélas, non ! C’était ma dernière chimio et je devais courir pour rapprocher mon rendez-vous chez le radio-oncologue. Maintenant que son souvenir m’est revenu, je voudrais bien savoir comment elle va, si elle s’est remise et où elle en est dans sa vie.
- Inchallah elle est guérie et elle a pu trouver une solution. C’est cruel de la part de sa belle-mère. Il faut être sans cœur pour…
Latéfa est triste pour cette jeune inconnue. Elle pense à Tarek. Est-ce que sa famille aurait changé le cours de leur destin ? Elle doute…
- Moi, j’étais prête à me marier, lui confie-t-elle, mais j’ai demandé à mon futur mari de faire une pause… Je ne supporte pas la pitié des gens et surtout j’ai préféré nous préparer à une séparation que d’être jetée. Je voulais m’épargner les souffrances. Finalement, je n’y échappe pas, car je ne cesse de penser à lui. Comme je voudrais le détester, l’oublier. Allah ghaleb, je l’aime et j’ai encore tous nos beaux souvenirs.
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