Résumé : Latéfa se demande si elle a bien fait d’accepter de l’appeler. Aïcha lui conseille de tenter leur chance, pour ne pas avoir à le regretter plus tard. Houria est de son avis et apprécie encore plus la nouvelle amie qui est de bon conseil. Elle la laisse se reposer. Elle répond à Tarek qui s’impatientait. Il tient à la voir. En fait, il est déjà chez elle. Son père lui a ouvert. Latéfa panique un peu. Elle n’est pas présentable…
“Mais qu’est-ce qui se passe ? Ils croient vraiment que notre relation peut résister à la maladie ?”
Latéfa va à la salle de bain et fait un brin de toilette. Elle noue deux foulards. Elle tente de dessiner des sourcils et de se maquiller un peu mais les couleurs sont encore plus criardes, car elle est si pâle. Elle prend un démaquillant et retire tout. Elle décide de ne pas le voir. Elle en veut un peu à son père de ne pas l’avoir consultée avant.
Alors qu’on tape à la porte de sa chambre, elle s’empresse de fermer à clef.
- Latéfa, pourquoi tu fermes ? Ouvre, s’il te plaît, dit Tarek. Tes parents m’ont permis de monter.
- Reviens un autre jour, le prie-t-elle au bord des larmes. S’il te plaît. Je ne suis pas présentable. Je n’y arrive pas. Je ne veux pas que tu me voies comme ça !
- Ouvre ! Arrête de faire l’enfant ! Je ne repartirai pas sans t’avoir vue, jure-t-il. Quitte à passer la nuit ici. Je ne crois pas que tes parents refusent. Je crois même qu’on passera une bonne soirée ensemble.
- Oui, tu peux leur tenir compagnie. Moi, je ne sortirai pas de ma chambre!
- Je t’en prie Latéfa. Ouvre ! Aie pitié de mon pauvre cœur, murmure-t-il. Je t’aime comme tu es. Pour moi, tu n’as pas changé. Que dois-je faire pour t’en convaincre ?
- Tarek, ouf ! Tu me tues…
Elle voudrait le détester pour avoir la force de le renvoyer. Ses parents ne lui facilitent pas la vie même si leurs intentions sont bonnes. Comment peuvent-ils encore espérer qu’ils reprendront leur relation comme s’ils s’étaient quittés la veille ? Elle allait leur prouver que c’est une mauvaise idée.
Elle ouvre la porte de la chambre et tombe sur Tarek qui soupire.
- Me voilà. Satisfait ?
- Et comment ? Je m’imaginais passer la nuit devant ta porte, dit-il avant de demander, en haussant les sourcils. Je peux entrer ?
Latéfa lui fait signe de la suivre, tout en allant s’asseoir sur son lit. Elle réajuste ses foulards et évite son regard alors qu’il prend place au pied du lit. Il regarde la chambre.
- Il est où le désordre dont tu me parlais ? À part tes pantoufles et ta robe de chambre, il n’y a rien qui traîne, constate-t-il avant de la regarder de ta tête aux pieds. Et toi… Tu n’avais pas besoin de prendre autant de temps pour te faire belle. Comme toujours, tu es magnifique !
- Arrête de dire n’importe quoi !, le prie-t-elle, les yeux larmoyants, remontée contre lui, ses parents, contre sa malchance. Je ne ressemble à rien.
- Non, tu es toujours la même… Aussi belle que têtue… susceptible, murmure-t-il, ne cachant pas sa déception. Que tu doutes de toi, ça passe, mais de moi, t’ai-je déçue ne serait-ce qu’une seule fois ?
Latéfa avoue que non. Encore une fois, elle lui explique pourquoi elle ne voulait pas qu’ils se marient et pourquoi elle ne fait pas de projets. Tarek l’interrompt.
- J’ai compris… Laisse-moi être ton ami, ton confident. Tu peux compter sur moi comme sur ta famille. Je serai ce que tu veux, mais ne me laisse plus en dehors de ta vie. Est-ce que tu m’as regardé ?
La jeune femme soupire. Elle a bien vu qu’il a maigri et qu’il a les traits tirés.
- Ils te font travailler dur. Ils sont sans pitié !
- Ils n’y sont pour rien. Tu es l’unique responsable de mes tourments les plus profonds, murmure-t-il. Il n’y a que toi qui peux y mettre fin, pour que je puisse retrouver le calme et l’espoir d’une vie tranquille à tes côtés !
- Arrête ! Tu vas me faire pleurer. Tu crois que c’était facile pour moi ?
- Alors, ne nous torture plus, la prie-t-il. Aie pitié de nous.
Latéfa finit par accepter. Il se rapproche d’elle et la prend dans ses bras. Elle pleure sur son épaule. Ses foulards glissent et Tarek les rattrape. Elle veut les remettre mais il l’en empêche et se tourne pour mieux la regarder. Elle baisse les yeux et tourne la tête. Elle n’ose pas se regarder dans ces yeux…
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