Des Gens et des Faits 70e partie

“COMME UN MIROIR BRISÉ”

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Taos M’HAND Publié 04 Novembre 2021 à 08:21

Résumé : Latéfa est émue à en pleurer lorsqu’elle trouve les protégés de son père en train de prier et de remercier Allah d’avoir mis une famille bienfaitrice sur leur chemin. Elle fait connaissance avec Saada et lui conseille de ne pas renouer avec son mari. Cette maison est leur refuge ; ils y seront en sécurité et ne manqueront de rien. Elle tient à ce que le garçon reprenne le chemin de l’école. Elle est en larmes lorsqu’elle les quitte. Tarek découvre qu’elle a changé et la nouvelle Latéfa lui plaît encore plus…

-Qu’est-ce que tu insinues ? Que j’étais égoïste et insensible aux malheurs des autres ?
- Mais non ! Mais tu as une belle vie depuis ta naissance ! Tu as fréquenté les écoles privées ! Tu n’allais pas à l’école à pied ! Tu n’as jamais eu faim ! Tu as été protégée ! Même tes amies étaient triées, vous étiez du même cercle ! Lorsque tu as ouvert le centre de bien-être, il était destiné aux riches ! Tu aurais pu ouvrir dans les quartiers populaires, avec des petits services, à petits prix pour que toutes les femmes puissent en profiter, mais non ! Tu regardais toujours droit devant ou en haut ! Ceux d’en bas, tu ne les voyais pas ! 
- Eh bien… Quel joli portrait tu fais de moi ! soupire-t-elle en sortant un mouchoir. J’ai toujours été une enfant riche et cela ne te gênait pas ! 
- Je m’en fichais car je t’aimais ! Franchement, est-ce que tu t’es rendu compte de ton changement positif ?
- Oui, reconnait-elle. J’ai changé. Malgré tous nos moyens, papa a tenu à ce que je sois prise en charge ici, au CPMC, alors que j’aurais pu me rendre à Paris, à Londres… Ma tante, qu’elle repose en paix, avait été soignée là-bas par des Algériens, diplômés d’ici ! Mais c’était trop tard… J’espère que je ne connaitrais pas le même sort ! 
- Non ! Inch’Allah c’est juste une épreuve d’où tu ressortiras grandie et meilleure ! souhaite Tarek en prenant son bras. Je t’aimerais encore plus ! 
Latéfa lève les yeux au ciel, rougissant un peu. Elle se demande s’il aura encore les mêmes sentiments lorsqu’il verra ce qui est advenu de sa poitrine après l’intervention. Elle respire profondément puis regarde autour d’eux.
- Mon père et le chauffeur sont partis ?
- Oui, il a reçu un coup de fil urgent, lui apprend-il. On le verra plus tard !
- Inch’Allah…Donne-moi une minute ! Je retourne auprès de Saada récupérer sa carte. On lui prendra rendez-vous ! 
Tarek est d’accord. Il monte dans sa voiture alors qu’elle va chercher la carte. Elle ne tarde pas à le rejoindre et prend place près de lui. Elle sourit.
- Les enfants sont si heureux. Il faudra les inscrire et transférer leurs dossiers scolaires pour qu’ils retournent rapidement en classe ! J’espère qu’ils ne contacteront pas leur père ! Sinon il leur gâchera la vie ! 
- Je pense qu’ils ont compris qu’il est mauvais ! Tu n’as plus de souci à te faire pour eux ! On passe lui prendre rendez-vous puis on va se promener ou faire ce que tu veux !
- On commence par le rendez-vous... après on verra !
Ils se rendent à l’hôpital Mustapha Bacha. Tarek ne trouve pas où se garer et la dépose à l’entrée. Au service oncologie, elle demande à l’infirmière, de prévenir son oncologue de sa visite. Elle attend dans le couloir. L’agent de sécurité lui apporte une chaise. Elle n’y prend pas place, la laissant à une autre malade, venue habillée d’un tailleur blanc, de jolis tatouages de henné aux mains. La jeune fille qui l’accompagne demande la permission d’entrer dans les salles de soin, pour distribuer des gâteaux et des bouteilles de jus. L’agent de sécurité la laisse passer. Latéfa ne comprend pas tout de suite qu’il s’agit d’une récente mariée.
- Reviens ! Eux aussi y ont droit ! 
La jeune femme, bien plus âgée qu’elle, s’est levée pour les servir. Latéfa et l’agent la remercient. 
- Félicitations, lui dit-elle. Je vous souhaite d’être heureuse avec votre mari !
- Merci…Je me suis mariée, il y a à peine une semaine ! Je suis encore toute étourdie !
- Ce n’est pas un endroit à visiter après la fête ! Vous accompagnez quelqu’un, l’interroge Latéfa. Ou vous travailliez ici, avant ?
La mariée se mord la lèvre puis détourne les yeux. 
- Non, hélas… J’ai l’habitude de venir ici ! Je suis en pleine cure, confie-t-elle. En fait, il me reste deux séances… Mon mari ne voulait pas attendre plus longtemps ! 

 


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